WEB-SERIE — Le Journal d’une VSC (épisode 13) : Première garde

Ouverture journal d'une vsc 1

Web-série — Étudiante en histoire, Laura Zuccarelli a été volontaire en Service Civique au CS Saint-Maur (94). Pendant dix mois, de mai 2019 à février 2020, elle a tenu un journal intime alimenté par ses sensations, ses réflexions et ses sentiments. Nous vous livrons ici, une version en trois épisodes qui nous plonge directement au cœur du métier, avec passion, dévouement et humour.

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 28 avril 2021 à 04 h 23 

Première journée

L’écran affiche « 4 : 43 ». Je viens d’ouvrir les yeux. Je jette un coup d’œil par la fenêtre qui donne sur ma rue. Il fait encore nuit. À cette heure-ci, du côté de Tol­biac, il n’y a pas âme qui vive. Mon nou­veau réveil doit son­ner dans dix-sept minutes. Je l’ai ache­té la veille, en urgence pour être sûre de me réveiller. Il est moche, mais c’est tout ce que j’ai trou­vé un dimanche dans un quar­tier où tout est fermé.

J’au­rais dû me conten­ter d’u­ti­li­ser mon smart­phone, mais celui-ci a pul­vé­ri­sé son propre record d’im­mer­sion… dans l’eau vive de ma machine à laver ! Bye bye mes contacts, mes notes, mes iden­ti­fiants et sur­tout plus d’alarme…

C’est tout moi. Je m’ap­pelle Lau­ra Zuc­ca­rel­li, j’ai 24 ans, je suis étu­diante en his­toire et aujourd’­hui c’est mon pre­mier jour de ser­vice civique chez les pom­piers de Paris.

Mon achat n’au­ra ser­vi à rien, puisque je décide de ne pas attendre sa “douce” son­ne­rie pour me préparer.

On y est ! C’est aujourd’­hui ! Je ne per­çois aucun symp­tôme de stress ou d’in­quié­tude… du moins pour le moment.

Deux semaines aupa­ra­vant, le 24 avril, j’ai fran­chi, pour la toute pre­mière fois, le por­tail de la caserne de Saint-Maur-des-Fos­sés (94), la 23e com­pa­gnie où j’ai été affec­tée pour dix mois. J’avais pris ren­dez-vous avec le chef de centre, l’adjudant-chef (ADC) L.-M., pour me pré­sen­ter offi­ciel­le­ment et visi­ter les locaux.

Entre mon appar­te­ment et la caserne, il faut comp­ter une heure quinze envi­ron, métro ligne 6 puis le RER A (en espé­rant que le tra­fic ne soit pas ralenti).

Arri­vée dans le RER, je regarde ma montre pour la énième fois en une demi-heure. Je serai sur place 40 minutes avant le ras­sem­ble­ment de 7 h 30 (habi­tuel­le­ment, il est à 7 h 45).

Je me décon­tracte un peu. Quelqu’un m’avait dit un jour : “être à l’heure : c’était déjà être en retard”. Et c’est sans nul doute un point d’honneur que je m’efforce de gar­der au quo­ti­dien. C’est une forme de res­pect dont la réci­pro­ci­té per­met de jau­ger le degré de consi­dé­ra­tion que vous porte autrui.

Comme je n’aime pas qu’on me fasse attendre…

Arrivée à la caserne

Il est 6 h 30 lorsque je m’en­gage dans l’a­ve­nue Louis Blanc où se trouve la caserne. Étran­ge­ment, je ne suis tou­jours pas stres­sée. Les seules pen­sées qui tra­versent mon esprit se résument en une ques­tion : com­ment va se dérou­ler ce pre­mier contact avec eux… les pompiers ?

D’un natu­rel spon­ta­né et sociable, je n’ai aucun mal à aller vers les autres, vers l’inconnu. Mais ici, c’est par­ti­cu­lier, et j’en ai conscience. C’est un uni­vers sin­gu­lier. Mili­taire et ensuite à 98 % mas­cu­lin. Mais fran­chir une porte der­rière laquelle se trouve une écra­sante majo­ri­té d’individus d’origine mas­cu­line ne me fait pas peur, autre­ment, je ne serais pas là aujourd’hui…

Néan­moins, je sais per­ti­nem­ment que dans cette caserne, dans cette com­mu­nau­té, ils sont chez eux. Ils se connaissent tous, et depuis un bout de temps pour la plu­part. Ils ont noué une rela­tion fra­ter­nelle, endur­cie par la rou­tine et par maintes épreuves. Ils vivent ensemble et œuvrent ensemble.

Aus­si, dans ce tableau, que je le veuille ou non, je suis une civile, une femme, incon­nue au bataillon, et un peu une intruse. La pre­mière impres­sion sera donc primordiale.

Au PVO, je me pré­sente et un capo­ral me guide jusqu’au bâti­ment des dor­toirs des “fémi­nines”, afin que je puisse me chan­ger. Il m’ap­prend que je ne suis d’ailleurs pas la seule fille à la caserne de Saint-Maur. Nous sommes six au total : trois sapeurs (dont une pre­mière classe, et deux sapeurs en phase d’intégration), une réser­viste et, avec moi, deux ser­vices civiques (VSC). Le capo­ral m’explique que je serai peut-être ame­née à croi­ser l’autre VSC, si nos gardes coïn­cident, mais que nous ne “déca­le­rons” pas sur le même engin (c’est-à-dire dans le même VSAV).

“Il n’y avait jamais eu autant de fémi­nines à la caserne ! Ça montre bien que ça change et c’est une bonne chose !” me dira un peu plus tard l’ADC L.-M.

Il est 7 heures, après leur petit-déjeu­ner, les sapeurs sont occu­pés à accom­plir leurs tra­vaux d’in­té­rêt géné­ral, les fameux TIG. Moi, je n’ai pas faim, je pré­fère direc­te­ment me mettre en tenue.

Histoire de bottes

Je repense à la mi-avril, lors de la per­cep­tion de l’équipement. Ce jour-là, j’avais enfi­lé l’uniforme de la BSPP pour la pre­mière fois. J’avais du reste été la der­nière à sor­tir de l’essayage, non sans mal… Je dois avouer qu’à ce moment-là, mon reflet en uni­forme dans le miroir, cette image de cette poten­tielle ver­sion de moi, m’avait fait quelque chose. J’en étais res­sor­tie heu­reuse, et même un peu gal­va­ni­sée. Sans doute séduite par l’é­lé­gance de ce bleu fon­cé, sym­bole de loyau­té, de confiance et de sécu­ri­té. Savez-vous que le bleu est la cou­leur la plus aimée sur la pla­nète… bleue ?

Mais en exa­mi­nant mon reflet avant de sor­tir du ves­tiaire, je suis pré­oc­cu­pée. Non pas par mon appa­rence, ni par ce qu’ils vont être sus­cep­tibles de pen­ser de moi. C’est assez par­ti­cu­lier. J’é­prouve un sen­ti­ment com­pa­rable à de la fier­té… mais sans la légi­ti­mi­té qui l’accompagne.

Je prends sou­dain conscience du fait que c’est une cir­cons­tance excep­tion­nelle qui me per­met de chaus­ser ces bottes. Je ne les ai pas obte­nues par la sueur comme tous ceux qui en ont bavé, lors de leur longue for­ma­tion au Fort de Villeneuve-Saint-Georges…

Sur le coup, je ne m’en sens pas digne. Pas vrai­ment. Pas encore. Je réa­lise seule­ment à ce moment-là que les lettres bro­dées au fil rouge « VSC », cou­sues sur l’insigne du polo, m’identifient, me marquent, d’un sta­tut à part. Je suis dans la case « autre », dis­tincte de celle de sapeur et de celle réserviste.

Mais cela n’est réel que dans mon esprit de ce pre­mier jour. Je me sou­viens des pro­pos de l’ad­ju­dant-chef, lors de mon entre­tien. Ici, on exige des VSC un tra­vail de qua­li­té. Civil ou non, je serai logée à la même enseigne. Chez les pom­piers de Paris, qui sont mili­taires, c’est comme dans l’armée, il s’agit de faire ses preuves, comme tout le monde. Par­ti­cu­liè­re­ment si l’on veut gagner l’assentiment des autres et obte­nir leur respect.

Je sors dans la cour, assez fière de mon­trer mes belles bottes dans les­quelles j’ai four­ré mon pan­ta­lon comme j’en ai l’ha­bi­tude… Je suis tout de suite inter­cep­tée par Guillaume, jeune sapeur à l’ac­cent du sud et qui se pré­sente comme mon binôme du jour au VSAV : le pan­ta­lon doit être SUR les bottes ! Il en pro­fite pour m’en­sei­gner com­ment ajus­ter par­fai­te­ment mon polo F1.

7 h 10. La prise d’une garde com­mence dans vingt minutes, mais il nous est deman­dé d’être prêts un peu avant. Ceci pour que ceux qui prennent le “piquet des­cen­dant” n’aient pas à par­tir en inter­ven­tion dans l’in­ter­valle. Je met­trai donc un point d’honneur, tout au long de mes gardes, à me tenir prête dès 7 heures.

Mon chef‑d’agrès au VSAV 1 pour la jour­née, sera le ser­gent M.. Éner­gique et plein d’hu­mour ; grâce à lui, ma pre­mière garde devrait être agréable.

J’en pro­fite pour deman­der à quoi res­semble la son­ne­rie spé­ci­fique au VSAV 1 : il s’agit d’un “ron­fleur” et deux son­ne­ries courtes. Immé­dia­te­ment, mon cer­veau se met à ima­gi­ner le bruit d’un ron­fle­ment humain. Mon inter­lo­cu­teur doit assu­ré­ment le lire sur mon visage puisque, amu­sé, il m’explique immé­dia­te­ment à quoi ça res­semble… en réa­li­té. Génial Lau­ra, tu passes pour une simple d’esprit…

Un VSAV se com­pose en géné­ral d’un chef d’a­grès, d’un conduc­teur et d’un troi­sième équi­pier. Je suis ain­si la qua­trième du déta­che­ment avec le “pri­vi­lège” d’être dans la cel­lule des vic­times. N’ayant pas encore com­men­cé mon cur­sus de secou­risme, je me conten­te­rai d’ob­ser­ver. Cette obser­va­tion com­mence par la véri­fi­ca­tion des élé­ments qui com­posent l’en­gin avec Guillaume.

Première inter’

Il est 7 h 15 quand la son­ne­rie du VSAV 1 reten­tit. Ça y est ! Ma toute pre­mière inter­ven­tion à la BSPP com­mence lorsque le “deux-tons” est enclen­ché. Assise dans le ventre du véhi­cule, je suis bal­lot­tée de gauche à droite par une conduite très active. Une fois que mon cer­veau a accep­té d’être cha­hu­té dans tous les sens, les pen­sées fusent.

Jus­qu’à pré­sent, lorsque je voyais pas­ser un camion rouge dans les rues, je me posais plein de ques­tions avant que le son de la sirène ne s’é­va­nouisse dans le brou­ha­ha pari­sien. “Où vont-ils ? Pour qui ? Pour quoi ? De quelle caserne viennent-ils ?” Cette fois, cette musique ne fai­blit pas, ni ne s’éloigne. Elle reste intense, réson­nante et immuable. Je me trouve de l’autre côté du mys­tère qui accom­pagne le pas­sage des secours.

Secouée sur mon siège, je ne peux m’empêcher de sou­rire. Pas une once de stress. En fait… je tré­pigne lit­té­ra­le­ment d’impatience.

Nous allons vers une dame d’une soixan­taine d’an­nées qui a fait un léger malaise et que nous dépo­se­rons à l’hô­pi­tal de Créteil.

J’ap­prends alors que nous allons rater le tra­di­tion­nel ras­sem­ble­ment des morts au feu. Tous les sapeurs sont céré­mo­nieu­se­ment ras­sem­blés dans la cour, en tenue de feu (tenue F2 nou­velle géné­ra­tion), pour hono­rer leur mémoire. Durant cette céré­mo­nie, la car­rière d’un de ces sol­dats du feu est dépeinte, ain­si que ses éven­tuelles dis­tinc­tions et hauts faits au sein de la Brigade.

Ce moment empreint de gra­vi­té et de pres­tige n’est appré­ciable uni­que­ment par ceux qui en réa­lisent la solen­ni­té, par ceux qui vivent avec cette conscience du risque. C’est com­plexe à conce­voir si l’on n’est pas un mini­mum sen­sible aux valeurs et à l’éthique du sapeur-pom­pier de Paris.

Les morts au feu ne le sont, en défi­ni­tive, jamais vrai­ment, car leur mémoire, elle, reste gra­vée et expo­sée aux yeux de tous. Elle se per­pé­tue de géné­ra­tion en géné­ra­tion, de relève en relève.

Dans cette pre­mière garde, nous inter­vien­drons dix fois en 24 heures. Autant dire : une garde rela­ti­ve­ment « tran­quille » et ordi­naire pour un pom­pier de Saint-Maur. Pour moi, en revanche, cette pre­mière fut dyna­mique. La plu­part des départs se feront dans la jour­née, et nous avons pu dor­mir entre 23 et 6 heures du matin.

Midi sonnant

À la mi-jour­née, nous sommes de retour à la caserne pour le déjeu­ner. Cela me per­met de me pré­sen­ter à quelques-uns que je n’a­vais pas encore ren­con­trés. À table, la conver­sa­tion s’a­morce sur le sens de leur tra­vail. Pour la majo­ri­té, ils aiment sin­cè­re­ment leur job, même si cer­tains vou­laient faire autre chose. Et dans le lot, il s’en trouve quelques-uns qui sont fati­gués par la rota­tion des gardes ; je sens bien que ceux-là ne feront pas car­rière. Mais néan­moins, la cohé­sion est très forte, ami­cale, fami­liale, même. Et c’est très vite contagieux.

Plus tard dans l’après-midi, entre deux inter­ven­tions, les sapeurs affec­tés au PS (engin pre­mier secours) sont en tenue F2 et s’apprêtent à réa­li­ser un exer­cice. Curieuse, je demande à l’un d’eux si je peux les suivre, his­toire de voir ça de plus près. « Au contraire, pas de sou­ci, viens ! Plus tu en vois, mieux c’est ! » me rétorque-t-il. Cette curio­si­té pour les manœuvres “feu” ne me quit­te­ra plus pen­dant tout mon ser­vice civique.

En les regar­dant, je réflé­chis à l’importance de ces entraî­ne­ments. La plu­part de ces pom­piers se connaissent depuis un bon moment. Autre­ment dit, ils savent com­ment se pro­filent le carac­tère et la réac­ti­vi­té de leurs cama­rades. Ces manœuvres font donc par­tie de ce qui les soude chaque jour davan­tage. Elles pré­cisent tou­jours plus leur réflexion devant une situa­tion, leurs gestes, leurs réflexes. Elles déve­loppent des auto­ma­tismes qui leur per­mettent de déca­ler serei­ne­ment avec leurs équi­piers. Je me sur­prends à être aus­si concen­trée qu’eux sur l’exercice, n’en per­dant pas une miette, comme si c’est moi qui allais devoir pas­ser ensuite.

Ici l’absence de rou­tine… demeure une rou­tine. Leur quo­ti­dien n’a rien à voir avec celui de mes six der­nières années en tant qu’étudiante. Une chose que je ne peux d’ailleurs m’empêcher de déplorer.

Il n’y a pas si long­temps, je répé­tais à mes parents, exas­pé­rée, que la rou­tine des recherches uni­ver­si­taires était un doux poi­son qui fini­ra par me tuer à petit feu. Que j’allais dépé­rir si je n’ac­com­plis­sais pas quelque chose qui s’accorde avec mon tem­pé­ra­ment, avec mon envie d’en découdre.

Je ver­rai avec mes pro­chaines gardes com­ment je m’en sors lors de situa­tions stres­santes ou com­plexes, mais je sais d’ores et déjà que si j’avais su : je revien­drais six ans en arrière pour faire sapeur-pom­pier volon­taire, en paral­lèle de mes études.

Un monde d’hommes

Plus tard, sur une inter­ven­tion pour un acci­dent sur la voie publique, pen­dant l’é­ta­blis­se­ment du constat de police, avec Guillaume, nous dis­cu­tons avec le bles­sé, bien sau­cis­son­né sur le bran­card. Il finit par me deman­der : « C’est un monde d’hommes les pom­piers, pour­quoi vous avez choi­si d’aller de les rejoindre ? ».

Sur l’ins­tant, je n’ai pas su trop quoi répondre, il y avait plu­sieurs rai­sons, plu­sieurs motivations.

En y repen­sant, j’aurai plu­tôt dû lui chan­ter “It’s a man’s man’s man’s world” de James Brown, avec ce fameux refrain “but it would be nothing, nothing, without… a woman or a girl” ( “C’est un monde d’hommes, d’hommes d’hommes, mais il ne serait rien, rien, sans une femme ou une fille”).

Dom­mage. Sale­té de répar­tie trop lente…

Voyant les heures pas­ser sans qu’aucun autre départ ne sonne, je me dis que j’ai le temps pour prendre une douche. Au moment-même où l’eau com­mence à ruis­se­ler sur mes épaules… le VSAV sonne ! Et merde ! ! !

Ma pre­mière han­tise vient de se réa­li­ser lors de ma pre­mière garde. À savoir qu’en caserne, le pom­pier doit lâcher tout ce qu’il fait et cou­rir vers son engin, à chaque fois qu’un départ est son­né. Tout départ est consi­dé­ré comme une urgence, il n’est donc pas de très bon ton de prendre son temps ou de lam­bi­ner. Le bri­ga­dou dis­pose de trois minutes maxi­mum pour se rendre à son engin. Au-delà de ce délai, et si le chef d’agrès est dans l’engin avant l’équipier man­quant, ce der­nier est sus­cep­tible de don­ner l’ordre de par­tir sans lui.

Rater un départ n’est pas envi­sa­geable, sauf si le pom­pier en ques­tion veut se prendre une “dose”. Géné­ra­le­ment, ce genre de chose n’arrive presque jamais. De nuit, le délai avant le départ est por­té à cinq minutes.

Heu­reu­se­ment que je n’a­vais pas encore fait cou­ler le gel douche sur moi.

Mûrir d’un coup

Je dois avouer que j’avais peur d’aller me cou­cher au début. Je pen­sais faire une nuit blanche pour la rai­son essen­tielle que, lorsque je dors pro­fon­dé­ment, même le bruit d’une bombe ato­mique ne par­vien­drait pas à m’arracher des bras de Mor­phée… Alors le ron­fleur du VSAV… Les gars du PVO m’ont ras­su­rée en m’apprenant qu’en noc­turne, et puisque la chambre VSAV 1 est située à côté du PVO, ce sont eux qui sont char­gés de venir nous réveiller si l’on est ame­né à déca­ler la nuit.

Avant d’aller me cou­cher, j’en pro­fite pour faire plus ample connais­sance avec cer­tains d’entre eux. Ils sont éner­giques, moti­vés, et cer­tains se sont fixés des objec­tifs pré­cis dans le cadre de leur avan­ce­ment. Des jeunes plein de pro­messes, qui ont envie de faire, de vivre, une mul­ti­tude de choses. Ce métier les fait gran­dir et mûrir d’un seul coup.

J’ai ri et ai été amu­sée à plu­sieurs reprises dans la jour­née : et il n’en faut pas beau­coup pour me faire rire. Je les regarde, je les envie. Les entendre par­ler de leur quo­ti­dien – à l’opposé du mien – me paraît repré­sen­ter l’idéal à atteindre.

Der­nière inter­ven­tion. Il est 6 heures du matin. Rele­vage d’un mon­sieur para­ly­sé (suite à un AVC datant d’il y a un an), ayant glis­sé de son lit.

En ren­trant, petit-déjeu­ner vers 6 h 45 et, jusqu’à 7 h 45, le VSAV ne bou­ge­ra plus. Ma pre­mière garde est terminée.

Au retour, dans le RER, j’é­prouve cette sen­sa­tion de bonne fatigue. Celle qui est agréable, vivi­fiante, voire apai­sante. Je me mets à pen­ser que ça doit être usant à la longue phy­si­que­ment, psy­cho­lo­gi­que­ment et moralement.

Et pour­tant, j’ai cette inex­pli­cable envie d’y retour­ner, le plus vite possible.

À suivre…


A lire aussi…

L’aventure des engins à la BSPP (épi­sode 1)

L’aventure des engins à la BSPP (épi­sode 2)

L’aventure des engins à la BSPP (épi­sode 3)

Credits

Illustrations : CPL Jean-Marc Robert

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