A la Une ! — Allo 18, le magazine des sapeurs-pompiers de Paris, édité par l’ADOSSPP fête ce mois-ci son 75e anniversaire. Notre journal préféré possède néanmoins la particularité d’avoir connu dans son histoire, deux numéros un, deux départs.
En ce mois de janvier 1945, quatre mois après la Libération de Paris, la capitale tente de retrouver une vie presque normale alors que la Seconde Guerre mondiale n’est toujours pas terminée. Les Parisiens se reconstruisent tant bien que mal. De nombreuses familles doivent faire le deuil d’un frère, d’un père, d’un fils ou d’un ami et la situation économique désastreuse du pays complète le tableau de chaos.
Les sapeurs-pompiers de Paris, très impliqués dans les réseaux de résistance parisiens, n’échappent pas pour autant au marasme ambiant.
Pour resserrer les liens du corps, l’aumônier Luc Lacour décide de créer une feuille de chou, comme l’on disait à l’époque, imprimée noir sur blanc. Un bulletin pour donner des nouvelles, ouvrir des possibilités et des solutions aux familles de soldats du feu dans le besoin matériel et fraternel.
Dans cette ambiance, le premier numéro un d’Allo 18 sort des presses. Un numéro dont le titre de l’édito s’inscrit sur toute la largeur de la une : « Pourquoi ce canard ? » Dans ces toutes premières lignes, l’aumônier Lacour (alias LucLac) s’interroge, presque de façon philosophique, sur la possibilité dont disposerait le sapeur-pompier de disserter sur les grandes idées du monde qui l’entoure. Un thème peu banal lorsqu’il s’agit d’une publication militaire. Il promet d’évoquer les grandes préoccupations du moment sans pour autant prendre parti et tout en respectant les opinions et les idées de chacun. Cette feuille de chou paraîtra jusqu’en décembre 1947 puis laissera place à un deuxième numéro un, en janvier 1948.
Cette nouvelle version, comme le précise l’édito, se voudra plus proche de la vie du sapeur-pompier de façon moins « philosophique » et plus tournée vers l’opérationnel. Le petit tableau des interventions de l’année 1947 en bas de la première page témoigne déjà de cette nouvelle direction. Nous sommes ainsi en face d’un journal qui déjà ressemble à celui que l’on connaît aujourd’hui.
Dans les années 50, le magazine cherchera sa vitesse de croisière.Le contenu est très opérationnel, même quand il est insolite comme cette maitrise d’un lion échappé sur le secteur. Le look et le ton sont bien ancrés dans leur époque.
Les années 60 et 70 verront l’âge d’or d’Allo 18. Le magazine est tourné vers l’opérationnel. Les premiers croquis de retex de René Dosne apparaissent en noir et blanc. L’ensemble est pragmatique et efficace. On remarquera le concept assez osé de la page Une sans titre, identique à chaque numéro.
Signe des temps, les années 80 imposent un style très familial, moderne, très séculier. Dans le magazine, si les interventions et la vie de la Brigade restent important, on pourra aussi y voir Jean-Paul Belmondo ou Patrick Sébastien, comme des comptes-rendus de concours de beauté. On y trouvait aussi des essais de voitures, des critiques de spectacles et des petites annonces entre sapeurs-pompiers de Paris.
C’est à partir des années 90, que le magazine Allo 18 retrouvera des sujets plus opérationnels et le magazine deviendra alors un peu moins familial. Il entre alors dans une phase où même l’iconographie, parfois très réaliste prendra le dessus sur le côté bon enfant des décennies précédentes.
Depuis les années 2000, la ligne éditoriale n’a finalement pas beaucoup évolué, oscillant entre les interventions récentes, les portraits de pompiers et les innovations techniques que l’on peut trouver à la BSPP.
Au début des années 2010, Le magazine fait appel à un rédacteur en chef civil ainsi qu’à des rédacteurs spécialistes pour gagner en professionnalisme.
Mais force est de reconnaître que malgré ses 75 ans ce magazine est en perpétuelle redéfinition, et en constante recherche d’innovation. Cette version numérique qui va fêter ses deux ans en est une preuve de jouvence.
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