Les rencontres d’ALLO DIX-HUIT — Depuis le mois d’octobre dernier, Catherine Pellevoisin est arrivée à l’état-major de Champerret au bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH). Elle a pris la tête de la section d’action sociale qui s’est étoffée par ailleurs. ALLO DIX-HUIT est allé à sa rencontre pour faire connaissance et en savoir plus sur ses ambitions pour la BSPP.
Quelles sont les grandes lignes de votre parcours pro ?
Après un parcours universitaire en sociologie, j’ai intégré une école de travail social afin de devenir assistante de service social. J’ai débuté ma carrière dans le champ de la protection de l’enfance au sein des quartiers sensibles de Marseille puis dans la fonction publique toujours à Marseille. Afin de rejoindre mon conjoint, j’ai été muté vers les Hauts-de-Seine dans les quartiers sensibles de Nanterre. Après 18 ans de terrain j’ai souhaité évoluer vers des fonctions de responsable. En 2018, j’ai obtenu un diplôme supérieur du travail social conjugué à un Master. Après quelques années d’encadrement d’équipe au sein du département du Val d’Oise, je suis arrivée fin 2021 à la BSPP pour ma plus grande joie et la fierté de mes parents, tous deux anciens militaires.
Parlez-nous de la nouvelle organisation du service… Nouvelles têtes, nouvelles affectations.
L’équipe s’est renforcée en mars 2021 par l’arrivée de Jean-Francois Delestrait au GAS et d’Estelle Moy en novembre pour le Groupement état-major. Hélas, nous avons dû faire face au départ précipité de Rosalie Peronet, secrétaire de la section depuis de nombreuses années. Nous la regrettons et espérons pouvoir très vite la remplacer car l’activité de l’équipe, à ce jour constituée de sept travailleurs sociaux, est intense et nécessite d’être étayée par un secrétariat social.
Quels vont être vos axes d’efforts sur les prochains mois ?
La section s’engage vers des nouveautés qui vont jalonner l’année 2022. L’avènement d’un dossier social informatisé et la création d’un poste de travailleur social à l’état-major qui va prendre de plus en plus d’ampleur. Ces deux axes principaux amènent une nouvelle dynamique d’équipe.
Pour finir, je souhaite également renforcer certaines relations partenariales mises à mal, par les effets de la crise sanitaire.
Sur quels sujets êtes-vous généralement sollicités ?
Notre cœur de métier est l’accompagnement social mais nous intervenons aussi pour simplement informer et renseigner sur des sujets de la vie quotidienne, tels que la garde d’enfants, l’accès au logement ou aux droits communs.
À la Brigade, les problématiques sont diverses et somme toute, communes. À la hauteur de celles que l’on peut retrouver dans la société civile, mais particulièrement liées à la difficulté d’être sapeur-pompier de Paris aujourd’hui. L’éloignement des familles, l’équilibre vie familiale-vie professionnelle, les soucis dans les relations de couple qui peuvent provoquer des séparations plus ou moins conflictuelles ou encore les difficultés financières. Nous proposons des accompagnements adaptés à toutes ces situations. Au même titre que sur le plan de la santé ou du soutien à la parentalité. Le spectre est très large en réalité, notre intervention est particulièrement importante lors des événements graves qui peuvent affecter l’Institution. Nous accompagnons le sapeur-pompier de Paris, sa famille et la Brigade jusqu’aux situations extrêmes que peuvent être les décès.
Y a‑t-il de nouveaux domaines sur lesquels vous allez désormais intervenir ?
La section va évoluer en fonction de l’évolution de la Brigade. Il s’agit d’être au plus près des besoins des sapeurs-pompiers. Si nous devons changer nos méthodes et notre accompagnement pour répondre à de nouvelles problématiques, nous nous adapterons. Je prends pour exemple la crise sanitaire actuelle qui frappe les pompiers comme le reste de la population. Cette situation exceptionnelle et inédite peut venir ébranler le moral, fragiliser un couple ou déstabiliser un budget. Nous nous adaptons à la période et nous irons là où le besoin se fait sentir.
Vous arrive-t-il d’agir de votre propre initiative plutôt que sur une sollicitation d’un pompier ?
Oui, cela nous arrive. La mission du travailleur social est surtout basée sur la confiance et sur l’adhésion de la personne accompagnée. Sans la collaboration du sapeur-pompier, premier acteur, l’assistant social a une action limitée. Nous devons composer avec ses potentialités, ses freins, ses relais et surtout sa réalité. Mais, parfois, nous sommes face à des situations très particulières dans lesquelles nous devons intervenir pour protéger la personne et ses intérêts, même sans son adhésion. Ce n’est pas l’essentiel de notre pratique au sein de la BSPP.
Travaillez-vous avec l’ADOSSPP ? Et si oui, comment ?
Bien sûr ! Notre action n’aurait pas la portée et la qualité d’accompagnement qu’elle met en œuvre aujourd’hui sans nos partenaires. La section de l’action sociale s’inscrit au sein du bureau condition du personnel — environnement humain, nous travaillons en premier lieu avec la cellule de soutien des blessés et des malades (CSBM), la reconversion, le service santé ou encore le bureau logement.
Du point de vue de l’action sociale, notre partenaire principal est l’ADOSSPP. L’association déploie pour les sapeurs-pompiers de Paris des moyens financiers d’un niveau que j’ai rarement vu dans mon parcours professionnel antérieur, c’est une opportunité vraiment très confortable. Pour nous, travailleurs sociaux, l’idée de pouvoir disposer d’un moyen d’action efficace et substantiel face aux difficultés d’un sapeur-pompier renforce notre efficacité. Dans mes expériences passées, j’étais parfois confrontée à des situations extrêmement dégradées face auxquelles je n’avais pas de solutions. En tant que travailleur social, rien n’est plus difficile que recevoir la détresse humaine sans pouvoir initier grand-chose en termes de réponses. L’ADOSSPP nous offre des moyens d’action dans un panel extrêmement large.
Avez-vous des exemples ?
J’ai été agréablement surprise de découvrir que l’ADOSSPP intervient pour la remise en forme suite à la maternité, pour l’aide à la scolarité des enfants, pour soutenir des dépenses liées au handicap. Le plus important réside dans l’écoute de l’association à propos de notre travail. De fait, nous sommes au plus près de la réalité des sapeurs-pompiers de Paris et quand le besoin est spécifique, nous pouvons compter sur l’ADOSSPP pour envisager de nouvelles aides ou prestations. Nous pouvons être force de propositions et les solutions proposées sont considérées. Cela nous permet d’apporter des réponses concrètes et rapides. Le métier de sapeur-pompier est basé sur la réactivité. Nous devons, nous aussi, être au diapason pour être en phase. Nous entretenons avec l’ADOSSPP, comme avec nos autres partenaires, des relations fluides. Notre collaboration avec l’Action sociale des armées est précieuse également.Les aides proposées par le ministère des Armées sont nombreuses et leur mobilisation facilitée par la plateforme e‑social.
L’ADOSSPP possède aussi sa propre travailleuse sociale…
Oui, nous sommes en relation étroite avec Claire Jaktorsky et cela favorise un partenariat de qualité pour aller vers un soutien le plus efficace et le plus efficient au bénéfice du sapeur-pompier de Paris. Toute la section est bien consciente que l’ADOSSPP et la Brigade offrent des conditions de travail assez privilégiées.
Une dernière chose à ajouter ?
Je voudrais mettre en lumière les membres de l’équipe. Ce sont eux qui font l’essentiel du travail. Les travailleurs sociaux sont près des pompiers dans les moments heureux comme douloureux, ils apportent aussi leur expertise au commandement. Je ne suis que le chef d’orchestre de la section. Je vais donner le tempo, une direction, une impulsion, mais c’est leur action qu’il faut promouvoir. Les sept travailleurs sociaux de la Brigade sont diplômés d’État à l’issue d’une formation de trois ans et sont soumis au secret professionnel. Ils peuvent soit informer, soit accompagner une personne. À la BSPP, en tant qu’expert du champ social, ils peuvent être sollicités directement par le pompier ou par sa hiérarchie. Souple et adaptable dans sa pratique, l’assistant social du groupement s’accommode de la réalité de vie du pompier et peut travailler avec lui à distance grâce aux nouveaux outils de communication.
Cette équipe est composée, aujourd’hui, de Christine Chevallier, Nathalie Partouche, Agnès Leray et Sophie Ghérardini, toutes en place depuis de nombreuses années. Elles connaissent parfaitement leur poste, la Brigade et la spécificité du pompier de Paris. Ces expertes sont aujourd’hui épaulées par de nouveaux professionnels tels que Jean-François Delestrait, Audrey Elizabeth et Estelle Moy, aux parcours différents, qui vont permettre d’initier des idées nouvelles, un nouveau regard. Ce métissage de compétences et de carrières est une richesse. La tâche de l’assistant social n’est pas facile parce qu’il faut être réactif, instaurer et préserver la confiance du personnel comme de l’autorité. Dans les bureaux, le personnel change vite et, à chaque fois, il faut créer le contact le plus rapidement possible pour conserver cette réactivité et notre efficacité. Une dynamique qu’il faut garder année après année pour maintenir un engagement vis-à-vis de la BSPP aussi fort que celui de ses soldats du feu. Nous sommes, en quelque sorte, le parallèle des pompiers pour eux-mêmes. Ils aident la population et nous essayons de les aider du mieux possible. Nous agissons pour les soulager de leurs préoccupations matérielles ou familiales et ainsi, leur permettre d’assurer leur noble mission avec toute la sérénité nécessaire à son bon accomplissement.