ACTION SOCIALE — “Permettre aux sapeurs-pompiers d’assurer leur noble mission en toute sérénité !”

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 49 

Les rencontres d’ALLO DIX-HUIT — Depuis le mois d’octobre dernier, Catherine Pellevoisin est arrivée à l’état-major de Champerret au bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH). Elle a pris la tête de la section d’action sociale qui s’est étoffée par ailleurs. ALLO DIX-HUIT est allé à sa rencontre pour faire connaissance et en savoir plus sur ses ambitions pour la BSPP.

Quelles sont les grandes lignes de votre par­cours pro ?
Après un par­cours uni­ver­si­taire en socio­lo­gie, j’ai inté­gré une école de tra­vail social afin de deve­nir assis­tante de ser­vice social. J’ai débu­té ma car­rière dans le champ de la pro­tec­tion de l’enfance au sein des quar­tiers sen­sibles de Mar­seille puis dans la fonc­tion publique tou­jours à Mar­seille. Afin de rejoindre mon conjoint, j’ai été muté vers les Hauts-de-Seine dans les quar­tiers sen­sibles de Nan­terre. Après 18 ans de ter­rain j’ai sou­hai­té évo­luer vers des fonc­tions de res­pon­sable. En 2018, j’ai obte­nu un diplôme supé­rieur du tra­vail social conju­gué à un Mas­ter. Après quelques années d’encadrement d’équipe au sein du dépar­te­ment du Val d’Oise, je suis arri­vée fin 2021 à la BSPP pour ma plus grande joie et la fier­té de mes parents, tous deux anciens militaires.

Par­lez-nous de la nou­velle orga­ni­sa­tion du ser­vice… Nou­velles têtes, nou­velles affec­ta­tions.
L’équipe s’est ren­for­cée en mars 2021 par l’arrivée de Jean-Fran­cois Deles­trait au GAS et d’Estelle Moy en novembre pour le Grou­pe­ment état-major. Hélas, nous avons dû faire face au départ pré­ci­pi­té de Rosa­lie Per­onet, secré­taire de la sec­tion depuis de nom­breuses années. Nous la regret­tons et espé­rons pou­voir très vite la rem­pla­cer car l’activité de l’équipe, à ce jour consti­tuée de sept tra­vailleurs sociaux, est intense et néces­site d’être étayée par un secré­ta­riat social.

Pho­tos 1CL Maxime Grimaud

Quels vont être vos axes d’efforts sur les pro­chains mois ?
La sec­tion s’engage vers des nou­veau­tés qui vont jalon­ner l’année 2022. L’avènement d’un dos­sier social infor­ma­ti­sé et la créa­tion d’un poste de tra­vailleur social à l’état-major qui va prendre de plus en plus d’ampleur. Ces deux axes prin­ci­paux amènent une nou­velle dyna­mique d’équipe.

Pour finir, je sou­haite éga­le­ment ren­for­cer cer­taines rela­tions par­te­na­riales mises à mal, par les effets de la crise sanitaire.

Sur quels sujets êtes-vous géné­ra­le­ment sol­li­ci­tés ?
Notre cœur de métier est l’accompagnement social mais nous inter­ve­nons aus­si pour sim­ple­ment infor­mer et ren­sei­gner sur des sujets de la vie quo­ti­dienne, tels que la garde d’enfants, l’accès au loge­ment ou aux droits communs.

À la Bri­gade, les pro­blé­ma­tiques sont diverses et somme toute, com­munes. À la hau­teur de celles que l’on peut retrou­ver dans la socié­té civile, mais par­ti­cu­liè­re­ment liées à la dif­fi­cul­té d’être sapeur-pom­pier de Paris aujourd’hui. L’éloignement des familles, l’équilibre vie fami­liale-vie pro­fes­sion­nelle, les sou­cis dans les rela­tions de couple qui peuvent pro­vo­quer des sépa­ra­tions plus ou moins conflic­tuelles ou encore les dif­fi­cul­tés finan­cières. Nous pro­po­sons des accom­pa­gne­ments adap­tés à toutes ces situa­tions. Au même titre que sur le plan de la san­té ou du sou­tien à la paren­ta­li­té. Le spectre est très large en réa­li­té, notre inter­ven­tion est par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante lors des évé­ne­ments graves qui peuvent affec­ter l’Institution. Nous accom­pa­gnons le sapeur-pom­pier de Paris, sa famille et la Bri­gade jusqu’aux situa­tions extrêmes que peuvent être les décès.

Y a‑t-il de nou­veaux domaines sur les­quels vous allez désor­mais inter­ve­nir ?
La sec­tion va évo­luer en fonc­tion de l’évolution de la Bri­gade. Il s’agit d’être au plus près des besoins des sapeurs-pom­piers. Si nous devons chan­ger nos méthodes et notre accom­pa­gne­ment pour répondre à de nou­velles pro­blé­ma­tiques, nous nous adap­te­rons. Je prends pour exemple la crise sani­taire actuelle qui frappe les pom­piers comme le reste de la popu­la­tion. Cette situa­tion excep­tion­nelle et inédite peut venir ébran­ler le moral, fra­gi­li­ser un couple ou désta­bi­li­ser un bud­get. Nous nous adap­tons à la période et nous irons là où le besoin se fait sentir.

Vous arrive-t-il d’agir de votre propre ini­tia­tive plu­tôt que sur une sol­li­ci­ta­tion d’un pom­pier ?
Oui, cela nous arrive. La mis­sion du tra­vailleur social est sur­tout basée sur la confiance et sur l’adhésion de la per­sonne accom­pa­gnée. Sans la col­la­bo­ra­tion du sapeur-pom­pier, pre­mier acteur, l’assistant social a une action limi­tée. Nous devons com­po­ser avec ses poten­tia­li­tés, ses freins, ses relais et sur­tout sa réa­li­té. Mais, par­fois, nous sommes face à des situa­tions très par­ti­cu­lières dans les­quelles nous devons inter­ve­nir pour pro­té­ger la per­sonne et ses inté­rêts, même sans son adhé­sion. Ce n’est pas l’essentiel de notre pra­tique au sein de la BSPP.

“La sec­tion s’engage vers des nou­veau­tés qui vont jalon­ner l’année 2022.”

Tra­vaillez-vous avec l’ADOSSPP ? Et si oui, com­ment ?
Bien sûr ! Notre action n’aurait pas la por­tée et la qua­li­té d’accompagnement qu’elle met en œuvre aujourd’hui sans nos par­te­naires. La sec­tion de l’action sociale s’inscrit au sein du bureau condi­tion du per­son­nel — envi­ron­ne­ment humain, nous tra­vaillons en pre­mier lieu avec la cel­lule de sou­tien des bles­sés et des malades (CSBM), la recon­ver­sion, le ser­vice san­té ou encore le bureau logement.

Du point de vue de l’action sociale, notre par­te­naire prin­ci­pal est l’ADOSSPP. L’association déploie pour les sapeurs-pom­piers de Paris des moyens finan­ciers d’un niveau que j’ai rare­ment vu dans mon par­cours pro­fes­sion­nel anté­rieur, c’est une oppor­tu­ni­té vrai­ment très confor­table. Pour nous, tra­vailleurs sociaux, l’idée de pou­voir dis­po­ser d’un moyen d’action effi­cace et sub­stan­tiel face aux dif­fi­cul­tés d’un sapeur-pom­pier ren­force notre effi­ca­ci­té. Dans mes expé­riences pas­sées, j’étais par­fois confron­tée à des situa­tions extrê­me­ment dégra­dées face aux­quelles je n’avais pas de solu­tions. En tant que tra­vailleur social, rien n’est plus dif­fi­cile que rece­voir la détresse humaine sans pou­voir ini­tier grand-chose en termes de réponses. L’ADOSSPP nous offre des moyens d’action dans un panel extrê­me­ment large.

Avez-vous des exemples ?
J’ai été agréa­ble­ment sur­prise de décou­vrir que l’ADOSSPP inter­vient pour la remise en forme suite à la mater­ni­té, pour l’aide à la sco­la­ri­té des enfants, pour sou­te­nir des dépenses liées au han­di­cap. Le plus impor­tant réside dans l’écoute de l’association à pro­pos de notre tra­vail. De fait, nous sommes au plus près de la réa­li­té des sapeurs-pom­piers de Paris et quand le besoin est spé­ci­fique, nous pou­vons comp­ter sur l’ADOSSPP pour envi­sa­ger de nou­velles aides ou pres­ta­tions. Nous pou­vons être force de pro­po­si­tions et les solu­tions pro­po­sées sont consi­dé­rées. Cela nous per­met d’apporter des réponses concrètes et rapides. Le métier de sapeur-pom­pier est basé sur la réac­ti­vi­té. Nous devons, nous aus­si, être au dia­pa­son pour être en phase. Nous entre­te­nons avec l’ADOSSPP, comme avec nos autres par­te­naires, des rela­tions fluides. Notre col­la­bo­ra­tion avec l’Action sociale des armées est pré­cieuse également.Les aides pro­po­sées par le minis­tère des Armées sont nom­breuses et leur mobi­li­sa­tion faci­li­tée par la pla­te­forme e‑social.

L’ADOSSPP pos­sède aus­si sa propre tra­vailleuse sociale…
Oui, nous sommes en rela­tion étroite avec Claire Jak­tors­ky et cela favo­rise un par­te­na­riat de qua­li­té pour aller vers un sou­tien le plus effi­cace et le plus effi­cient au béné­fice du sapeur-pom­pier de Paris. Toute la sec­tion est bien consciente que l’ADOSSPP et la Bri­gade offrent des condi­tions de tra­vail assez privilégiées.

Une der­nière chose à ajou­ter ?
Je vou­drais mettre en lumière les membres de l’équipe. Ce sont eux qui font l’essentiel du tra­vail. Les tra­vailleurs sociaux sont près des pom­piers dans les moments heu­reux comme dou­lou­reux, ils apportent aus­si leur exper­tise au com­man­de­ment. Je ne suis que le chef d’orchestre de la sec­tion. Je vais don­ner le tem­po, une direc­tion, une impul­sion, mais c’est leur action qu’il faut pro­mou­voir. Les sept tra­vailleurs sociaux de la Bri­gade sont diplô­més d’État à l’issue d’une for­ma­tion de trois ans et sont sou­mis au secret pro­fes­sion­nel. Ils peuvent soit infor­mer, soit accom­pa­gner une per­sonne. À la BSPP, en tant qu’expert du champ social, ils peuvent être sol­li­ci­tés direc­te­ment par le pom­pier ou par sa hié­rar­chie. Souple et adap­table dans sa pra­tique, l’assistant social du grou­pe­ment s’accommode de la réa­li­té de vie du pom­pier et peut tra­vailler avec lui à dis­tance grâce aux nou­veaux outils de communication.

Cette équipe est com­po­sée, aujourd’hui, de Chris­tine Che­val­lier, Natha­lie Par­touche, Agnès Leray et Sophie Ghé­rar­di­ni, toutes en place depuis de nom­breuses années. Elles connaissent par­fai­te­ment leur poste, la Bri­gade et la spé­ci­fi­ci­té du pom­pier de Paris. Ces expertes sont aujourd’hui épau­lées par de nou­veaux pro­fes­sion­nels tels que Jean-Fran­çois Deles­trait, Audrey Eli­za­beth et Estelle Moy, aux par­cours dif­fé­rents, qui vont per­mettre d’initier des idées nou­velles, un nou­veau regard. Ce métis­sage de com­pé­tences et de car­rières est une richesse. La tâche de l’assistant social n’est pas facile parce qu’il faut être réac­tif, ins­tau­rer et pré­ser­ver la confiance du per­son­nel comme de l’autorité. Dans les bureaux, le per­son­nel change vite et, à chaque fois, il faut créer le contact le plus rapi­de­ment pos­sible pour conser­ver cette réac­ti­vi­té et notre effi­ca­ci­té. Une dyna­mique qu’il faut gar­der année après année pour main­te­nir un enga­ge­ment vis-à-vis de la BSPP aus­si fort que celui de ses sol­dats du feu. Nous sommes, en quelque sorte, le paral­lèle des pom­piers pour eux-mêmes. Ils aident la popu­la­tion et nous essayons de les aider du mieux pos­sible. Nous agis­sons pour les sou­la­ger de leurs pré­oc­cu­pa­tions maté­rielles ou fami­liales et ain­si, leur per­mettre d’assurer leur noble mis­sion avec toute la séré­ni­té néces­saire à son bon accomplissement.


À LIRE AUSSI


Retour en haut