Grands formats — Dans la nuit du mercredi 25 septembre, un incendie ravage l’usine Lubrizol de Rouen en Seine-Maritime. Devant la violence du sinistre, les pompiers de Paris viendront également en renfort des 200 personnels de la région déjà mobilisés. Maitrisé à la mi-journée, ce triste évènement rappelle l’ampleur des dangers liés aux sites dits “Seveso”. La BSPP a déjà été confronté à ce genre d’opérations et partage aujourd’hui son expérience des grands feux d’hydrocarbures. Retrouvez l’analyse de trois interventions historiques : Saint-Ouen en 1991, Abidjan en 1999 et Saint-Denis en 1968.
Comment éteindre un feu d’hydrocarbures ?
« TOP MOUSSE ! »
La phase d’extinction d’un feu d’hydrocarbures peut être lancée sous trois conditions. En effet, il est nécessaire que l’ensemble des moyens de projection de mousse requis pour atteindre le débit d’extinction maximum soit établi, que la continuité en émulseur puisse être assurée pendant 40 minutes au minimum. Et enfin que la fuite de liquide inflammable ne soit plus alimentée ou ne perturbera pas la progression de la mousse.
Quand toutes ces conditions sont réunies, le commandant des opérations de secours donne le « Top Mousse ». En fin d’extinction, les foyers résiduels seront éteints par des binômes équipés de lances mousse.
Entretien du tapis de mousse
Après l’extinction complète et jusqu’au refroidissement des installations et récupération du liquide inflammable résiduel, un tapis de mousse doit être entretenu. Les pompiers appliquent le débit d’extinction pendant 10 minutes toutes les heures. Cette durée peut être adaptée en fonction de l’efficacité du tapis, contrôlée visuellement et par mesures d’explosimétrie. Cette action sera effectuée notamment avec des lances moyen foisonnement.
Voici maintenant trois interventions de feu d’hydrocarbures couvertes dans Allo Dix-Huit à l’époque.
CLASSIQUE : 1991 — Saint-Ouen
Le feu du dépôt TOTAL en 1991 se distingue par des conditions d’intervention particulièrement difficiles : violentes explosions, éclatement des tuyaux ou exposition des voies ferrées. Les pompiers parviendront à éteindre l’incendie après une lutte acharnée. Une quinzaine de blessés sera néanmoins à déplorer.
EXOTIQUE : 1999 — Abidjan
En mai 1999, un terrible feu d’hydrocarbures se déclare à Abidjan et les autorités ivoiriennes appellent la France à la rescousse. Celle-ci ordonne l’envoi du détachement spécialisé de pompiers de Paris, prévu pour subvenir à ce genre d’intervention. Efficacement secondés par le 43e bataillon d’infanterie de marine, les soldats du feu viennent à bout du sinistre au moyen de plusieurs kilomètres de tuyaux et de milliers de litres d’émulseurs.
HISTORIQUE : 1968 — Saint-Denis
Vers trois heures du matin, le 29 janvier 1968, une usine de traitement et de distribution de produits pétroliers s’embrase à Saint-Denis. Le général Casso, commandant les opérations de secours, donne l’ordre d’attaquer le sinistre au moyen de lances canons et de réserves d’émulsifiant. Approvisionné via le canal de Saint-Denis par une manœuvre d’épuisement, les pompiers parviennent à protéger le voisinage ainsi qu’une partie du dépôt. Le général se déclare « maître du feu » à 17 h 30.