#BrigadeInside — Le centre opérationnel (CO) de la Brigade reçoit les appels d’urgence de Paris et sa petite couronne. Implanté sur le site de l’état-major, à Champerret, le CO fête ses dix ans ! Retour sur sa création.
Le 11 novembre 2011 à 11 heures, le centre opérationnel prend la place du centre de coordination des opérations de transmission (CCOT). Bien que le projet naît entre 2003 et 2004, les attentats dont sont victimes le Royaume-Uni et l’Espagne en 2005, font prendre conscience à la Brigade de la nécessité d’améliorer son système de réception des appels d’urgence. « Le CCOT n’était plus adapté pour faire face à une crise de cette dimension, souligne le capitaine Denis Daviau, chef de la section SIOP [1]. On se devait de réagir et d’évoluer pour être en mesure de traiter notamment des flux massifs d’appels. » Ainsi, les soldats du feu visitent plusieurs plateformes d’urgence en Angleterre ou en Allemagne.
Le CCOT, une autre dimension
Le centre de coordination des opérations de transmission était implanté à l’état-major des sapeurs-pompiers de Paris depuis 1980. « Tout était plus petit, se remémore le chef de la section SIOP. L’ambiance était plutôt familiale. » Situé à la place de la compagnie de commandement et logistique n°5, le CCOT était composé d’une rotonde avec huit postes opérateurs et un chef de salle, la coordination médicale, le bureau du responsable CCOT et du responsable Adagio. Une salle de crise complétait l’ensemble.
Chantier en cours
Les travaux démarrent en 2009 au sein de la cour de l’état-major et durent deux ans. Le chantier de grande envergure oblige les sapeurs-pompiers de Paris à changer leurs habitudes de circulation. « Nous accédions aux bureaux par les sous-sols ! C’était sport » ironise le capitaine Denis Daviau. Outre les locaux, le système d’information évolue aussi. Adagio remplace Syntia en février 2011, après 19 ans de bons et loyaux services. Ce nouveau système permet aux opérateurs du CO d’affiner le départ des secours et la gestion de la couverture opérationnelle.
Le 11.11.2011 à 11 heures, tout a basculé…
À la fin de l’année, les travaux sont terminés et les occupants du CCOT peuvent déménager. Afin de maintenir la réception des appels d’urgence, le transfert démarre tôt le matin et se termine à onze heures, moment où le premier appel est réceptionné. « Nous avions réparti les opérateurs sur deux salles, nous explique le chef de la section SIOP. Il y avait des opérateurs au CCOT et au CO le temps de finaliser la bascule afin de ne perdre aucun appel. »
Dix ans d’évolution !
Et ça continue…
À ses débuts, le centre opérationnel ne compte qu’un niveau. La réception et le traitement des appels 18 et 112 se font par la même personne. Au fil des années, l’utilisation du numéro d’appel d’urgence européen, le 112, augmente considérablement. Signe des temps, le phénomène de pocket-call (ndr : appel involontaire depuis un téléphone portable) prend de l’ampleur. Les opérateurs CO, lassés par la sollicitation, éprouvent parfois des difficultés à percevoir les véritables détresses. La fatigue prématurée devient un problème pour les victimes et la Brigade se doit de réagir « Nous avons travaillé sur la qualité de service au profit du requérant » déclare le capitaine Daviau. Ainsi, en 2012, un laboratoire expérimental s’est mis en place afin de tester la réception des appels sur deux niveaux.
Cette expérimentation consiste à prioriser et orienter chaque appel. Non seulement les résultats positifs officialisent la mise en place de ce système de “débruitage” en 2014 et, en 2015, une salle de réception des appels est créée. Le centre opérationnel compte désormais deux niveaux : une salle de réception des appels (SRA) et une salle de traitement des appels (STA). C’est une grande avancée pour les opérateurs et pour les requérants en terme de qualité de service rendu. En 2016, le centre opérationnel prend une nouvelle dimension. La police et la brigade de sapeurs-pompiers de Paris créent une mutualisation. Les deux services se partagent les locaux et les policiers traitent les numéros d’urgence 17 et 112.
Le centre opérationnel, quant à lui, intègre la plate-forme des appels d’urgence (PFAU) et les locaux SRA et STA. Il accueille aussi une salle de renforcement/formation (SRF), la coordination médicale, les salles de l’état-major opérationnel (postures immédiate et renforcée) et la salle de centre de suivi des opérations back-up.Actuellement, la BSPP travaille avec l’agence numérique de la sécurité civile sur un nouveau système d’information dénommé NexSIS.
Innovant, il permettra à la Brigade d’assurer l’interopérabilité (échanges d’affaires et opérations), c’est-à-dire pouvoir échanger avec l’ensemble des départements concernés par une intervention en Ile-de-France. « Ce que nous faisions avant par téléphone, nous pourrons désormais le faire informatiquement » conclut le capitaine Daviau, le regard porté sur l’avenir !
[1] SIOP : section d’information opérationnelle et prévisionnelle