Grands formats — Dès la prise d’appel, les arrêts cardiaques doivent être traités avec la plus grande efficacité. Les opérateurs de la salle de traitements des appels (STA) de la BSPP y sont spécialement formés, mais à chaque fois, la tension est à son paroxysme.
Mais que se passe-t-il lors d’un arrêt cardiaque ? Lorsque la circulation s’arrête, le cerveau n’est plus oxygéné et la Perte de connaissance (PC) arrive en quelques secondes, avec une chute si la personne se tient debout. Parfois, cette PC s’accompagne de mouvements convulsifs qui disparaissent rapidement. Pendant quelques dizaines de secondes, on peut encore voir des signes de vie : respiration, mouvements oculaires ou des membres. Puis les mouvements respiratoires deviennent agoniques, on parle de gasps, et disparaissent. C’est pourquoi, il n’est pas rare qu’au moment de l’appel des secours, la victime ait été mise en PLS parce que le témoin voit encore des mouvements respiratoires.
Si un Massage cardiaque externe (MCE) est débuté très rapidement, la circulation cérébrale est réamorcée et des signes de vie peuvent réapparaître : respiration ou mouvements. Dès l’arrêt du MCE, la circulation s’arrête de nouveau et les signes de vie disparaissent.
Si le MCE n’est pas entrepris lors de l’AC, il n’y a aucune chance de survie après dix minutes. C’est pourquoi il est urgent de détecter, masser et si possible défibriller car une partie des AC d’origine cardiaque répond à la défibrillation, surtout si elle est précoce.
Traitement de l’appel à la BSPP. Lors d’un AC, le témoin appelle car la victime a perdu connaissance et ne répond plus. L’opérateur de la salle de réception de l’appel, dès qu’il comprend que la victime ne répond plus, ne parle pas, transfère l’appel en mode « très urgent », prioritaire sur tous les autres appels, vers la salle de traitement des appels. Après avoir confirmé l’inconscience, pris l’adresse et envoyé les secours, le second opérateur entreprend une détection de l’AC. À la BSPP, la détection consiste à faire un Top Ventre. Le requérant doit positionner sa main sur l’abdomen de la victime et dire « Top » chaque fois que l’abdomen se soulève (mouvement respiratoire). Lorsque l’écart entre deux respirations dépasse sept secondes, on considère que la victime présente un AC et l’opérateur demande au requérant, tout en le guidant, de débuter un MCE en lui donnant la fréquence des compressions thoraciques.
Au fur et à mesure, l’opérateur fait vérifier la position du requérant, la profondeur et la fréquence des compressions. Il encourage le sauveteur jusqu’à l’arrivée des secours et vérifie que le MCE ne soit jamais interrompu, même si des signes de vie réapparaissent. Si un défibrillateur se trouve à proximité et peut être apporté auprès de la victime, l’opérateur aide à la mise en place du défibrillateur et à la reprise du MCE après l’administration éventuelle d’un choc électrique. Le défibrillateur ne doit jamais être éteint.
L’objectif est de commencer le MCE avant la fin de la respiration afin de minimiser les séquelles neurologiques, car le cerveau souffre immédiatement
de l’absence d’oxygène.
Si le Top Ventre révèle des mouvements respiratoires rapides, il est répété au moins deux fois toutes les 30 secondes avant d’éliminer un AC et de conclure que la personne est seulement inconsciente.
Si le requérant annonce que la personne est en ACR, qu’elle ne respire plus ou que la respiration est anormale (gasps), le MCE doit être mis en œuvre immédiatement sans faire de Top Ventre pour ne pas perdre plus de temps
Texte : MCE Frédérique Briche, illustration : SCH Nicholas Bady
Le jour où le caporal Quentin a sauvé un adolescent de 15 ans
Après cinq ans au centre de secours Pierrefitte, au sein de la 26e compagnie, le caporal Quentin est devenu opérateur de niveau deux il y a un an et demi. Et un jour…
Lundi 18 décembre 2023, aux alentours de 20 heures, le Centre opérationnel (CO) reçoit un appel préoccupant. Un jeune homme de 15 ans aurait, d’après ses amis sur place, lourdement chuté dans un gymnase à Clichy. Il est inconscient et souffre probablement d’un traumatisme crânien.
Après quelques questions et des réponses d’une clarté absolue, l’opérateur connaît précisément l’état de l’adolescent… Il est en arrêt cardiaque. À 15 ans. Sans aucun antécédent.
Le décompte de la vie est lancé…
Tout repose sur les épaules des quatre amis, les seules personnes présentes. Le caporal Le Roch leur confie alors 3 missions. L’un est chargé d’ouvrir toutes les portes et barrières de l’enceinte sportive pouvant encombrer l’arrivée des secours. Un second part à la recherche du défibrillateur. Les deux derniers massent leur copain en écoutant attentivement les consignes du pompier. Chaque minute compte. Il n’est pas permis de perdre du temps.
Très réactif et à l’écoute, le groupe de jeunes applique toutes les directives du caporal en attendant l’arrivée des secours. En deux minutes, le défibrillateur est récupéré, posé et le jeune homme choqué. Deux de ses amis continuent de le masser sans relâche durant un quart d’heure. Le temps semble s’être mis sur pause…
Au même moment, au CO, c’est l’effervescence. Tous les opérateurs sont en communication. Mais il faut absolument envoyer un engin. C’est une question de vie ou de mort…
La circulation parisienne est dense et la disponibilité des VSAV dans ce secteur se fait rare. Le plus proche se situe à Aulnay-sous-Bois. Les pompiers se présentent sur les lieux de l’intervention une dizaine de minutes plus tard. Ils parviennent à réanimer le jeune homme et l’évacuent en urgence absolue vers l’hôpital le plus proche.
Le jeune homme est aujourd’hui en vie et sans aucune séquelle ! Les quatre amis ont été d’une efficacité redoutable. Félicitations à eux pour leur courage
Propos recueillis par Youna Landron