ASSOCIATIONS — Christophe Varennes, Thierry Dehecq, une histoire de familles

 — Modi­fiée le 13 octobre 2025 à 02 h 25 

Associatif — Fait inédit, nos deux grandes associations, l’ADOSSPP et le GNASPP ont changé de présidents ces derniers mois. Nous sommes allés à leur rencontre de Christophe Varennes (à gauche) et Thierry Dehecq pour mieux les connaître et comprendre leurs motivations associatives et personnelles. Interview complice.

Pour­quoi avez-vous can­di­da­té pour la fonc­tion de pré­sident ?
Chris­tophe Varennes (pré­sident de l’ADOSSPP) : 
Cela coïn­cide avec un moment de ma vie où je conti­nue à avoir une acti­vi­té pro­fes­sion­nelle, mais moins sou­te­nue. Ain­si, autant mettre cette dis­po­ni­bi­li­té au ser­vice de la Bri­gade qui nous a éle­vés depuis notre enfance. Et au sein d’associations qui nous ont tou­jours aidés. Ma vie a été jalon­née par l’ADOSSPP. Je suis né en étant un ayant-droit et je le suis tou­jours. C’est l’idée de redon­ner ce que j’ai pu rece­voir depuis tou­jours.
Thier­ry Dehecq (pré­sident du GNASPP) : Dans cette inter­view, il va y avoir énor­mé­ment de simi­li­tudes entre nous deux. C’est le cas pour ma can­di­da­ture comme celle de Chris­tophe : rendre un peu de tout ce que j’ai reçu de la Bri­gade. Quand Thier­ry Guil­min, l’ancien pré­sident, a eu besoin de prendre du recul, il m’a pro­po­sé de me pré­sen­ter pour prendre sa suite. Nous nous connais­sons depuis long­temps, car nous avions pas­sé les chefs de garde ensemble. J’ai donc rejoint le GNASPP et après une période d’observation, j’ai posé ma can­di­da­ture à sa suc­ces­sion qui a été votée, bien que mon acti­vi­té pro­fes­sion­nelle soit encore sou­te­nue. Le tout avec une volon­té d’impulser un nou­vel élan à l’association qui entre dans une nou­velle ère.

Qu’avez-vous décou­vert en arri­vant au sein de vos asso­cia­tions res­pec­tives ?
C.V. : En fait, je n’imaginais rien. Pour moi, l’ADOSSPP a tou­jours fait par­tie du pay­sage, mais j’ai décou­vert l’énorme bou­lot qu’il y a der­rière. Sur­tout le pro­fes­sion­na­lisme, le sérieux avec lequel sont trai­tées les affaires et le sens de l’engagement des gens qui sont à la manœuvre. Il y a aus­si le béné­vo­lat et toutes les choses qui sont faites sur le temps libre des membres impli­qués au sein de l’association. C’est une réa­li­té que l’on ne per­çoit pas lorsque l’on est en acti­vi­té ou même quand on pro­fite des pres­ta­tions. Cer­tains dos­siers sont d’une com­plexi­té qui demande sou­vent d’avoir des connais­sances juri­diques, tech­niques et une bonne vision de leur fai­sa­bi­li­té, tout en res­tant dans la lignée des sta­tuts.
T.D. : L’idée est la même. La com­plexi­té est moins pré­gnante, mais l’engagement est là, avec moins de béné­voles pour le tra­vail quo­ti­dien.
Il n’y a au GNASSPP que des béné­voles à l’exception de ceux qui par­ti­cipent aux acti­vi­tés liées à la jeu­nesse comme l’École ouverte, les Volon­taires ser­vice civique ou l’Engagement aux valeurs de la Répu­blique (EVR), finan­cé par le Fonds inter­mi­nis­té­riel de pré­ven­tion de la délin­quance (FIPD). J’ai décou­vert éga­le­ment qu’il y a des enjeux impor­tants, à cer­taines périodes de la vie de l’association. C’est le cas en ce moment. Chaque géné­ral com­man­dant la Bri­gade ayant ses objec­tifs, et nous devons nous adap­ter pour les mettre en œuvre.
C.V. : L’attente de nos adhé­rents, de notre ins­ti­tu­tion, de nos par­te­naires qui sont nom­breux, sus­cite une charge de tra­vail impor­tante qui demande une omni­pré­sence sur tous les fronts. C’est la rai­son pour laquelle les asso­cia­tions doivent en per­ma­nence retrou­ver leur souffle et mettre en place des plans stra­té­giques, tous les trois à cinq ans, pour ne pas perdre le cap et s’adapter aux besoins de leurs adhé­rents.

Quels vont être les grands chan­tiers de vos asso­cia­tions res­pec­tives ?
C.V. : Pour l’ADOSSPP, le recou­vre­ment des adhé­sions est un chan­tier immé­diat et stra­té­gique puisqu’à par­tir de 2026, les adhé­sions des actifs ne seront plus pré­le­vées auto­ma­ti­que­ment sur la solde de jan­vier. Nous devons donc mettre en place une stra­té­gie de mar­ke­ting et d’attractivité incluant quelques nou­veau­tés, tout en res­pec­tant le prin­cipe d’universalité entre les anciens et les actifs. Il faut que l’on soit pré­sent sur l’ensemble d’une car­rière et d’une vie. Je pense que nous devons faire un effort sur les pre­miers contrats et être plus pré­sents pour les jeunes qui s’engagent, afin de par­ti­ci­per à leur fidé­li­sa­tion. D’autre part, il faut aus­si gar­der par­mi nous les jeunes retrai­tés qui sortent de la Bri­gade pour qu’ils deviennent nos ambas­sa­deurs. Le deuxième pro­jet impor­tant va être la créa­tion d’un fonds de dota­tion qui va per­mettre de conce­voir et pilo­ter les grands pro­jets de l’écosystème des asso­cia­tions de la BSPP en par­ta­geant une vision com­mune.
T.D. : En effet, la créa­tion de ce fonds de dota­tion va être une étape impor­tante dans la vie de toutes les asso­cia­tions de la BSPP. Elle va per­mettre d’avoir de la visi­bi­li­té à plus long terme sur des pro­jets struc­tu­rants de plus grande ampleur et d’avoir les moyens de les por­ter. Des pro­jets qui faci­litent la cohé­sion entre les adhé­rents. L’enjeu pour le GNASPP comme pour l’ADOSSPP, je crois, c’est de faci­li­ter les condi­tions de déve­lop­pe­ment de ces asso­cia­tions. Une fois cette tâche accom­plie, nous pour­rons recom­men­cer à bâtir des choses sur le long terme.
Par ailleurs, en par­ti­cu­lier pour le GNASPP, nous dis­po­sons de nou­veaux moyens finan­ciers. À nous de bien les uti­li­ser dans l’esprit et la lettre de nos deux dona­teurs prin­ci­paux qui sont l’ADOSSPP et les Gueules cas­sées. Nous avons dimi­nué le prix de la coti­sa­tion pour gom­mer la dif­fé­rence qu’il y avait entre les actifs et les anciens. Les actifs sont en effet membres du GNASPP à titre gra­tuit, depuis quelques années déjà : nous sou­hai­tons éga­le­ment chan­ger de nom pour mieux les inté­grer, avec les anciens. Et enfin, nous devons conso­li­der la pre­mière place de la Bri­gade comme contri­bu­teurs du ser­vice civique en France. Pour tout ceci, il nous faut recru­ter, car si le nombre d’adhérents est stable, la moyenne d’âge aug­mente.

En quoi les deux asso­cia­tions sont-elles com­pa­tibles ?
C.V. : Elles sont plus que com­pa­tibles, elles sont com­plé­men­taires. L’une ne va pas sans l’autre. Le GNASPP est un opé­ra­teur social au même titre que l’ADOSSPP. Auprès des anciens de tout le ter­ri­toire natio­nal, il est le réfé­rent de notre soli­da­ri­té. Nous sommes implan­tés sur le même site et, Thier­ry et moi, sié­geons dans les deux conseils d’administration. Il y a donc des échanges per­ma­nents et nous appor­tons l’expertise de l’ADOSSPP sur les dos­siers qui demandent une struc­ture sociale pro­fes­sion­nelle. Mais à l’avenir, nous devrons cer­tai­ne­ment rap­pro­cher encore davan­tage nos asso­cia­tions.
T.D. : Cette com­plé­men­ta­ri­té s’exprime notam­ment dans le fait que les anciens, qui ne sont plus adhé­rents
à l’ADOSSPP sont sou­te­nus par le GNASPP dans sa mis­sion d’entraide et de soli­da­ri­té, grâce aux sub­ven­tions de cette der­nière, et au maillage que Chris­tophe vient d’évoquer.

En quoi les deux pré­si­dents sont-ils com­pa­tibles ?
C.V. : C’est une his­toire de familles. Avec Thier­ry, nous sommes entrés à la Bri­gade à la fin des années 80. Nous avons réus­si le concours des offi­ciers à l’EMIA, ensemble. Depuis, nos familles demeurent très liées et ne se sont jamais quit­tées. Notre ami­tié dure depuis presque qua­rante ans et cette aven­ture com­mune en est, en quelque sorte, la conti­nui­té.
T.D. : Au-delà de ça, je sais que Chris­tophe, comme moi, on éprouve le besoin de « tou­jours ser­vir ». C’est d’ailleurs la nou­velle devise du GNASPP depuis juillet der­nier, en écho à la devise de l’arme du Génie, à laquelle la BSPP appar­tient : « par­fois détruire, sou­vent construire, tou­jours ser­vir ». Un beau sym­bole où cha­cun au GNASPP doit veiller sur l’autre, comme le binôme des actifs en recon­nais­sance sur le terrain. 

Christophe Varennes en bref

Offi­cier en uni­té d’incendie : 28e Cie (1990/​1992) – EMIA (1992/​1994) – DA (1994/​1995) – 21e Cie (1995/​1998) – 6e Cie (adjoint et CDU 19982002)

EM Bri­gade : adjoint et chef BIRP (2003/​2005) — chef BOPE puis BOPO (2011/​2013)

Délé­ga­tion à l’information et à la com­mu­ni­ca­tion de la Défense : adjoint au dépar­te­ment stra­té­gie (2008/​2012)
Chef de corps du GFIS de 2013 à 2015

Admi­nis­tra­teur de l’État au centre des monu­ments natio­naux affec­té à la cité de Car­cas­sonne et à la for­te­resse de Salses : 20182023
Depuis 2023 : expert en sécu­ri­té incen­die dans les Monu­ments historiques

Thierry Dehecq en bref

Enga­gé volon­taire à la BSPP : MDR à la 5e Cie puis au grou­pe­ment ins­truc­tion (1985/​1989)
ser­gent puis chef de garde à la 24e Cie (1990/​1992)
Après l’EMIA, offi­cier au 71e RG (1995/​1997) : chef de sec­tion d’appelés, mis­sion ONU démi­nage en Ango­la
Offi­cier en uni­té d’incendie : 12e Cie (1997/​1998) — 7e Cie (adjoint et CDU 19982002)
EM Bri­gade : offi­cier trai­tant au BOPE (2002/​2005)
Sco­la­ri­té du diplôme tech­nique à la Sor­bonne (mas­ter 2 ges­tion des crises, 2005/​2006)
Offi­cier supé­rieur de pro­tec­tion contre l’incendie en région terre Île-de-France (2006/​2010)
Bureau des experts (tun­nels) à la Direc­tion géné­rale de la sécu­ri­té civile et de la ges­tion des crises (2010/​2013)
EM Bri­gade : chef BPO (2013/​2015), puis EM GIS1 : com­man­dant en second (2015/​2017)
Mis­sion pour l’Union euro­péenne d’amélioration de la sécu­ri­té civile en Jor­da­nie (2017/​2019)
Depuis 2019, ges­tion­naire de parc immo­bi­lier et d’entreprises.


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