Grands formats — Former le plus tôt possible les sapeurs-pompiers de Paris de demain. L’objectif des différents dispositifs jeunesse est clair et efficace. Tour d’horizon de toutes les possibilités offertes à nos jeunes pour entrer dans la carrière.
Les dispositifs jeunesse « sont nombreux, s’enthousiasme le capitaine Michaël Genay, chef de la section dispositifs jeunesse du Bureau ingénierie de la formation (BIF). Œuvrer concrètement au profit des jeunes est véritablement un objet de fierté pour nous et pour la Brigade. Au sein de la section, nous nous appuyons notamment sur des formateurs du Groupement national des anciens sapeurs-pompiers de Paris (GNASPP) et de l’Association sportive et artistique des sapeurs-pompiers de Paris (ASASPP). Mais pour susciter des vocations et assurer le continuum dans l’acquisition des savoir-faire et du savoir-être de nos jeunes, le rôle des Groupements d’incendie et de secours (GIS) est fondamental. »
La Brigade accueille d’abord des lycéens en baccalauréat professionnel Métiers de la sécurité (MS). « Cette formation prépare à l’exercice des différents métiers relatifs à la sûreté et la sécurité, précise le capitaine Genay. Nous sommes conventionnés avec neuf établissements à Paris, Nanterre, Issy-les-Moulineaux, Le Raincy, Drancy, Cachan, Villeneuve-Saint-Georges et Lille ! » En première année, dix-huit élèves par lycée découvrent la BSPP pendant une semaine. En deuxième année, douze élèves par lycée se perfectionnent pendant quatre semaines sur le site Masséna et assurent trois gardes en Compagnie d’incendie et de secours (CIS). Au total, entre 200 et 250 élèves en baccalauréat professionnel sont formés par la BSPP chaque année.
Autre dispositif jeunesse : la séquence d’observation en milieu professionnel, obligatoire pour tous les élèves de troisième ! « Afin d’uniformiser et de donner un cadre aux très nombreuses sollicitations, indique le capitaine Genay, un programme défini avec les académies de Paris, Créteil et Versailles a été mis en place. » La semaine est dense : ateliers de secourisme, observation d’un caisson de feu, présentation des unités spécialisées, visite d’un centre de secours, du musée de l’Armée aux Invalides, du musée d’Orsay, de Voluceau et de l’école des pompiers de Paris. Le stage de 3e made in Brigade est devenu très complet. Plus de 180 élèves ont bénéficié de ce dispositif au cours de l’année scolaire 2021 – 2022.
Fers de lance… d’incendie. Comment ne pas évoquer les Jeunes sapeurs-pompiers de Paris (JSPP) ? Les chiffres de ce dispositif créé en 2005 parlent d’eux mêmes : 14 sections de formation, hébergées et soutenues par les GIS, accueillent entre 90 et 120 JSPP par an. Depuis leur création, 622 JSPP ont reçu le brevet national de JSP. Parmi eux, 32 % ont intégré la réserve opérationnelle, soit plus de 200 réservistes. Près de 15 % ont rejoint les rangs de la Brigade, soit 90 sapeurs-pompiers. Une réussite.
Depuis 2011, les Volontaires au service civique (VSC) contribuent activement aux missions de secours de la Brigade. En 2021, 249 VSC ont assuré plus de 7 000 gardes de vingt-quatre heures, soit l’équivalent de 60 pompiers de Paris en Service d’incendie et de secours (SIS) ! Près de 1 900 contrats de VSC ont été signés depuis leur création. Les femmes représentent un tiers des VSC. Parmi ces volontaires, 56 % sont étudiants, 18 % sont salariés et 25 % sont demandeurs d’emploi. « Un VSC sur 7 s’engage à la Brigade après son contrat, souligne le capitaine Genay. Mais près de 30 % deviennent réservistes, ce qui est particulièrement intéressant dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. »
Enfants de la Patrie. « La grande innovation de l’année 2023, poursuit le capitaine, c’est l’organisation d’une préparation militaire, organisée conjointement avec l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC) n°1 et le Groupement de formation incendie et de secours (GFIS). » D’une durée de douze jours, la Préparation militaire (PM) « Génie — Sécurité » sera articulée autour d’une semaine à Nogent-le-Rotrou puis d’une semaine à la Brigade, et aura pour apogée le 14 juillet. En effet, les 24 stagiaires de la première PM Génie-Sécurité auront l’honneur de jouer un rôle lors de la Fête nationale, sur l’avenue des Champs-Élysées. Mais avant l’arrivée de ce jour de gloire, il leur faudra dérouler des tuyaux, s’entraîner à porter un appareil respiratoire isolant et s’aguerrir en secourisme. Vaste programme, pour ces jeunes de 16 à 25 ans !
Quant au Service national universel (SNU) évoqué par le président Emmanuel Macron le 19 décembre 2022, lors d’un discours prononcé sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, puis lors de ses vœux aux Français le 31 décembre : « Nous sommes prêts ! » affirme le capitaine Genay. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le Gouvernement n’a encore fait aucune annonce officielle, mais qu’importe. Nul doute que la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris sera présente pour s’engager auprès des jeunes
Texte : Sergent-chef Nicholas Bady — photographie : Sergent-chef Marc Gomis
COMME UNE PRO !
Julie J. passe à la fin de l’année son bac professionnel au lycée Catherine Labouré (Paris XIV). Jeune sapeur-pompier (JSP) dans les Yvelines et en stage professionnel à la BSPP, la jeune fille sait déjà ce qu’elle veut faire de sa vie : pompier de Paris.
Comment se passe ta terminale entre le lycée et la BSPP ?
En 2018, je décide d’entamer ma formation de jeune sapeur-pompier dans les Yvelines. C’était pour moi comme une évidence. Là-bas, j’ai rencontré un JSP qui m’a parlé d’une formation dans un lycée permettant de préparer le recrutement à la Brigade. En sortant de ce bac professionnel, on est formé à l’aspect militaire ! En 2020, lorsque j’ai dû m’inscrire dans un lycée, mon choix était tout trouvé : la filière sécurité.
Les deux premières années, on a des stages dans des entreprises de sécurité. Puis, en terminale, on peut être admis à la Brigade. Ils en prennent douze dans mon lycée et j’ai eu la chance d’en faire partie ! Nous avons un mois de formation en incendie à Masséna et quinze jours pour passer le PSE1 et PSE2. Nous avons une partie théorique avec une explication sur le feu et le matériel qu’on va utiliser comme les tuyaux ou les lances. Il y a aussi une partie pratique où l’on va mettre en place une ligne d’attaque ou manier les échelles. Nous faisons également beaucoup de sport. Ce qui est super dans ce stage, c’est que nous sommes plongés dans le quotidien de la Brigade, on voit de près la vie en caserne.
Comment t’es venue l’envie d’entrer chez les pompiers ?
Depuis toute petite, je suis fascinée par les camions de pompiers. Je pouvais les observer pendant des heures. Je ne pourrai pas expliquer comment cela m’est venue. C’est étonnant parce que personne dans ma famille n’est pompier. Aujourd’hui, je ne me vois pas faire autre chose. Je ne me vois pas travailler dans les bureaux. J’ai besoin de rendre service à la France. J’ai besoin de bouger, d’être dans l’action. Dès que je franchis la porte du centre de secours, je me sens chez moi. Quand on me donne du matériel dans les mains, je sais ce que je dois faire avec. Je suis née pour faire ça, c’est tellement logique pour moi ! Depuis que je suis en stage à la Brigade, j’ai embarqué tout le monde dans cet univers. Mon cousin est devenu pompier et ma mère s’est engagée en tant que sapeur-pompier volontaire. Désormais, les repas de famille ont beaucoup changé, on ne parle que de pompiers !
Pourquoi les pompiers de Paris ?
Honnêtement, pour la rigueur militaire. J’ai un papa militaire, peut-être que ça y a joué un peu ! Si je n’étais pas allée chez les pompiers de Paris, j’aurais souhaité faire mon stage dans l’Armée de Terre ou la gendarmerie. Mais la BSPP était mon premier choix. L’uniforme, la rigueur, la marche au pas, je ne le retrouve pas dans mon centre de secours des Yvelines. Certes, c’est le même métier, on sauve des vies, mais il me manque le côté militaire que m’apporte la Brigade.
Que souhaites-tu faire après ton bac ?
Après le Bac je veux poursuivre mes études pour faire un diplôme d’État d’infirmière. Je préfère passer mon diplôme pour avoir un parachute si jamais la Brigade ne fonctionne pas. Si j’entre à la Brigade, je voudrais passer par le côté opérationnel pour me spécialiser ensuite en tant qu’infirmière
Texte : Manon Peneaud — photographie : Caporal Nicolas Breiner
UN DIMANCHE AVEC LES JSPP
Dimanche 12 février, 9 heures du matin. Alors que la plupart des jeunes profitent d’une grasse matinée, 20 JSPP sont déjà en ordre serré dans la cour de la 22e compagnie. Leur instructeur leur explique le déroulé de la journée.
Sélectionnés après un entretien de motivation et un accord du médecin, ils ont entre 14 et 17 ans. Leur formation, scindée en quatre cycles, dure trois ans et permet l’obtention du PSE1 et PSE2.
Comme leurs aînés, la journée des Jeunes sapeurs-pompiers de Paris (JSPP) débute par une séance de sport. Entre pompes, suspension à la barre fixe et passage de la redoutable planche, les jeunes recrues n’ont pas à rougir ! Puis, elles se mettent en tenue pour une manœuvre vertigineuse… En effet, les adolescents doivent monter le plus rapidement possible au sommet de la tour d’instruction du centre de secours de Rungis, avant de redescendre pour dérouler puis enrouler les tuyaux. Les JSPP apprennent également à manier l’échelle à crochets. La manœuvre laisse ensuite place à un cours de secours à victime. Il est 17 heures, la journée a été chargée pour nos JSPP. Demain, ils retourneront sur les bancs de l’école pour un jour,
peut-être, entrer dans les rangs de la BSPP
Texte : Manon Peneaud — photographie : Caporal Nicolas Breiner
ALEXIS MDW
VOLONTAIRE AU SERVICE CIVIQUE
Quand certains passent leur week-end à « chiller (1) », d’autres sont déterminés à prendre leur destin en mains et à affronter la vie autrement. Il est mature le jeune Alexis, 19 ans et volontaire en service civique au centre de secours de Courbevoie.
Alexis a eu la fibre très tôt. Dès quinze ans, il s’engage chez des jeunes sapeurs-pompiers de Paris. Alexis passe ses diplômes de secourisme et rêve d’intégrer un jour la BSPP. « À travers l’expérience de jeune sapeur-pompier de Paris, je voulais poser un premier pied à la Brigade. En plus de mes diplômes de secourisme, j’ai découvert les manœuvres incendie », souligne le jeune homme. Tous les samedis pendant deux ans, Alexis vient au centre de secours de Nanterre et gagne en expérience. « Les JSPP m’ont apporté beaucoup de connaissances, et en plus, je me suis fait une belle bande de potes. »
Un bac pro. Alexis n’est pas rassasié. Après deux ans de JSPP, il se lance dans le cursus d’un baccalauréat professionnel « métiers de la sécurité ». Son lycée à Issy-les-Moulineaux est conventionné avec la Brigade, il fait alors des stages en immersion. « J’ai eu la chance de faire un stage de découverte d’un mois avec 35 heures de garde par semaine dans une caserne. étant donné que j’étais majeur et que j’avais déjà mes diplômes de secourisme, je pouvais partir sur intervention. »
Volontaire. « J’ai eu mon Bac en juillet 2022, et quelques jours plus tard, j’ai signé un contrat de huit mois en tant que volontaire en service civique à la BSPP. » Les VSC passent les diplômes « premiers secours en équipe » de niveau 1 et 2 (PSE 1 — PSE 2) puis, le module secours à victime (SAV). Après cette formation, ils découvrent l’environnement des pompiers de Paris lors d’une garde découverte en tant que quatrième équipier au VSAV. Si cet essai est concluant, le VSC assure alors des gardes de 12 ou 24 heures en centre de secours, toujours au VSAV. Alexis prend ses gardes quasiment tous les samedis, car sur ces huit mois de contrat, il doit en effectuer 28, en plus de son BTS.
Une expérience. Dans le centre de secours de Courbevoie, Alexis nage comme un poisson dans l’eau. « Je suis heureux d’être dans la caserne avec les autres pompiers, je m’entends bien avec eux. Ce que j’apprécie le plus c’est le bon esprit d’équipe et la cohésion qui y règne. à chaque garde, je prends de l’expérience et cela va bien m’avantager dans mon parcours pour incorporer la Brigade. » Son contrat de VSC se terminant au mois de mars, il a déjà entamé son dossier d’inscription, mais cette fois-ci pour devenir réserviste. « Entrer dans la réserve va me permettre de continuer à prendre des gardes en centre de secours jusqu’à l’obtention de mon BTS l’année prochaine » conclut-il, des étoiles plein les yeux. Ensuite, il sera temps pour lui de réaliser son rêve, car il lui tarde vraiment d’endosser la tenue et de décaler sur feu !
(1 : prendre du bon temps)
Texte : Caporal Jean Flye — photographie : Sergent-chef Nicholas Bady