#BrigadeInside — Le 14 juin dernier, dans l’espace muséal, a eu lieu une cérémonie intimiste, mais très lourde de symbole ! Le général de division Jean-Marie Gontier, commandant la BSPP, a remis symboliquement les premiers insignes de commandant des opérations de secours. Le capitaine Ludovic B., chef du centre de formation des cadres, ainsi que le commandant Christian D., chef de la formation des officiers, en ont été les premiers récipiendaires. Retour sur la genèse de ce brevet majeur pour la Brigade.
L’histoire débute en 2012 : le sergent-chef L., du groupement des appuis spécialisés (GAS), rédige une fiche d’idée nouvelle (FIN) et propose la création d’un brevet métallique « certificat chef de garde incendie ». Un tel insigne n’existe pas pour les militaires de la BSPP, sa création symboliserait la reconnaissance du travail produit et la gratitude de l’Institution. Malgré l’excellente idée, cette FIN ne sera pas exploitée. Sept ans plus tard, en 2019, le capitaine B., du deuxième groupement d’incendie et de secours, et le lieutenant-colonel Laurent Viguier, du GIS 3, proposent, sans se concerter, de mettre en place un insigne de qualification COS.
DE LA FICHE AU PRIX KREBS
Aujourd’hui, si le projet est enfin devenu réalité, c’est avant tout grâce à l’investissement et à la persévérance du lieutenant-colonel Laurent Viguier, commandant en second du GSS. En 2018, l’officier supérieur débarque à la BSPP tout droit venu de l’infanterie après un passage par les programmes d’armement. Nouvellement affecté à la Brigade, il commence sa formation initiale d’officier par le certificat technique de premier niveau de sapeur-pompier puis par le certificat de chef de garde incendie. « À la fin de cette formation exigeante, pendant le débriefing avec le chef de corps, j’ai eu le sentiment qu’il manquait un brevet qui viendrait matérialiser ce parcours d’excellence de nos cadres au sein de la filière incendie… en particulier pour les sous-officiers dont le parcours à la Brigade force l’admiration », explique l’officier supérieur. « De là est partie l’idée de faire une fiche d’idée nouvelle que j’ai reprise en 2019 lors de ma mutation au bureau études et prospectives. C’est aujourd’hui pour moi un immense honneur d’avoir apporté ma pierre à l’édifice de cette vénérable maison qu’est la Brigade. C’est aussi une immense fierté d’être arrivé à concrétiser ce projet pour nos caporaux-chefs et nos sous-officiers car je sais leurs parcours particulièrement sélectifs. »
En 2020, le projet est récompensé par une belle troisième place lors du prix de l’innovation Krebs.
Après un chemin long et sinueux, la création de l’insigne est validée par le commandement (voir encadré). Pour la BSPP, la volonté de créer un brevet COS permet, d’une part, d’affirmer une nouvelle fois son statut militaire, de marquer la spécificité opérationnelle de l’unité, mais aussi de valoriser le parcours des militaires qui s’engagent dans la voie de l’avancement. Au même titre que le brevet parachutiste pour les troupes aéroportées, ou le brevet d’alpinisme militaire pour les unités de chasseurs alpins, cet insigne COS constitue un insigne de qualification opérationnelle propre à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Sa création permet à chaque sapeur-pompier de Paris de porter un brevet qui traduit parfaitement la spécificité du métier de son unité d’appartenance et participe ainsi à son rayonnement au sein de l’armée de Terre et de la communauté des SDIS.
LOURD DE SYMBOLES
La mise en œuvre graphique de l’insigne a été confiée dans un premier temps au groupe maquette du bureau communication. Le sapeur de première classe Nicolas Breiner en a réalisé les premières ébauches puis le major Didier Cantarel, les finitions. Plusieurs éléments-clés, représentant l’Institution, son histoire et son identité militaire ont été subtilement dosés pour créer un insigne digne de ce nom.
L’aigle impérial, tout d’abord, effigie du premier Empire, rappelle que la Brigade est née des mains de Napoléon 1er, le 18 septembre 1811. Les deux haches, armes des sapeurs du génie, quant à elles, symbolisent l’identité militaire de la BSPP. Les branches de laurier et de chêne sont des éléments qui ornent le casque de tradition modèle 1933 ; le chêne, symbole de bravoure et le laurier, de victoire. Ces branches viennent également mettre en valeur le succès de la formation diplômante. Le bandeau « NEC FLUCTUAT MERGITUR », devise de Paris, démontre l’attachement historique de la BSPP et son ancrage géographique. Enfin, les étoiles, variant de une à trois, matérialisent les trois niveaux de qualification des commandants des opérations de secours.
TROIS NIVEAUX DE QUALIFICATION
Les élus qui auront l’honneur de porter l’insigne COS de premier niveau couleur « bronze » sont les titulaires du brevet de caporal-chef. En effet, celui-ci matérialise la responsabilité des caporaux-chef en qualité de premier commandant des opérations de secours sur intervention. Les titulaires de la certification de chef de garde incendie, premiers COS sur feu, se verront quant à eux remettre l’insigne de qualification du deuxième niveau, couleur « argent ». Enfin, les titulaires du stage COS-DSM se verront remettre l’insigne du troisième niveau, le plus élevé, de couleur « or ». Les directeurs des secours médicaux pourront eux aussi porter cet insigne.
Dorénavant, à chaque fin de stage, les diplômés recevront des mains de leurs formateurs leur brevet, symbole de leur succès. Cet insigne, chaque soldat du feu, du caporal-chef, chef d’agrès du VSAV, jusqu’au général, commandant la Brigade se l’est déjà approprié et est particulièrement fier de l’arborer sur son uniforme.
LE PARCOURS DU COMBATTANT DE L’HOMOLOGATION
L’autorisation de port de cet insigne n’a pas été de tout repos ! En effet, lorsqu’une unité militaire souhaite créer un insigne, une demande officielle doit être transmise au Père de l’arme, c’est-à-dire au général commandant l’école d’application (l’école du génie pour la BSPP). Une fois l’approbation reçue du Père de l’arme, le dossier peut déboucher sur une autorisation du chef d’état-major de l’armée de Terre puis sur l’homologation du Service Historique de la Défense. Cette homologation est matérialisée par un numéro pour chacun des trois insignes. C’est ce document que l’histoire retiendra.
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Photos : CCH Marc Loukachine et CPL Cyrille Nicolas