ATTENTATS : le soutien médico-psychologique en situation d’exception

#BrigadeInside — Il y a cinq ans, une vague d’attentats simultanés s’abattait autour du Stade de France et sur les Xe et XIe arrondissement de Paris et cela, quelques mois après Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Bien que la capitale ait souvent été prise pour cible par les terroristes, le Bureau de médecine d’urgence (BMU) de la BSPP a compris la nécessité d’étudier les répercussions que pouvaient avoir de telles interventions sur la santé de ses sapeurs-pompiers.

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 28 

Depuis les années 60, Paris est la cible d’attentats récur­rents. Des inter­ven­tions vio­lentes, avec des vic­times d’explosions poly­cri­blées ou poly­trau­ma­ti­sées. À l’époque, la prise en compte du reten­tis­se­ment psy­cho­lo­gique ne fai­sait pas par­tie des prio­ri­tés du com­man­de­ment. Le mythe du sapeur-pom­pier de Paris invul­né­rable était encore tenace et s’autoriser à dévoi­ler sa souf­france n’allait pas de soi. Le chant de sec­tion « Paris nous voi­là » est d’ailleurs assez élo­quent à ce sujet : « Il faut savoir se rele­ver, dis­cret, pan­ser en silence ses plaies. »

Créée en 2004, la sec­tion médi­co-psy­cho­lo­gique va pro­gres­si­ve­ment mettre en place des dis­po­si­tifs de sou­tien à des­ti­na­tion des sapeurs-pom­piers de Paris. La vague des atten­tats de 2015 fait par­tie de ces évè­ne­ments d’exception qui confirment l’absolue néces­si­té de prendre en compte le reten­tis­se­ment psy­cho­lo­gique des inter­ve­nants. La volon­té du com­man­de­ment est claire : la pro­ba­bi­li­té qu’un cer­tain nombre d’entre eux fasse l’expérience de dif­fi­cul­tés, tran­si­toires ou durables, jus­ti­fie une orga­ni­sa­tion par­ti­cu­lière des dis­po­si­tifs de pré­ven­tion et de soins. La tota­li­té des 842 sapeurs-pom­piers de Paris ayant tra­vaillé sur les atten­tats du 13 novembre 2015 va donc être reçue par les psy­cho­logues de la sec­tion médi­co-psy­cho­lo­gique de la BSPP, ren­for­cés par les psy­cho­logues et psy­chiatres du ser­vice de san­té des armées (SSA) et de la Marine.

Sidé­ra­tion et conduites automatiques

Bien que tous n’aient pas été pro­fon­dé­ment per­tur­bés par ces attaques ter­ro­ristes, la déci­sion de sys­té­ma­ti­ser la mesure à tous les inter­ve­nants — du sapeur nou­vel­le­ment incor­po­ré au géné­ral com­man­dant la BSPP — per­met d’éviter la stig­ma­ti­sa­tion de ceux qui auraient sou­hai­té faire part de leurs dif­fi­cul­tés ou de leurs res­sen­tis pénibles, mais redou­taient d’être per­çus comme « faibles ». Pour les sapeurs-pom­piers de Paris, ces entre­tiens sys­té­ma­tiques repré­sentent « une oppor­tu­ni­té de pou­voir confier à un pro­fes­sion­nel de san­té son vécu des évè­ne­ments, sans crainte d’être jugé, nous confie le psy­cho­logue hors classe Mat­thieu Petit­clerc. Les échanges étaient par­fois empreints beau­coup d’émotion, notam­ment lorsque cer­tains évo­quaient un sen­ti­ment d’impuissance à sau­ver le plus grand nombre de vies, ce qui contraste avec l’idéal du métier ». Pour les pro­fes­sion­nels de san­té char­gés du sui­vi, ces entre­tiens sont éga­le­ment l’occasion d’apprécier le degré d’exposition à un risque psy­cho­lo­gique en repé­rant les éven­tuelles réac­tions inha­bi­tuelles (stress dépas­sé, état de stress aigu, etc.). « Nous avons ain­si pu leur expli­quer com­ment cer­tains com­por­te­ments, comme la sidé­ra­tion ou les conduites auto­ma­tiques, ne sont en aucun cas des marques de fai­blesse et témoignent avant tout de la vio­lence, voire du poten­tiel trau­ma­tique de l’évènement », pré­cise le psychologue.

Cinq ans après, la média­ti­sa­tion faite autour des pro­cès des atten­tats de jan­vier 2015 réac­tua­lise, chez un cer­tain nombre de pom­piers, le trau­ma­tisme ini­tial. Cela peut être aus­si le cas lors d’interventions « sen­sibles » ren­con­trées dans le cadre pro­fes­sion­nel ou à l’occasion d’événements de vie qui viennent fra­gi­li­ser le sapeur-pom­pier de Paris (un deuil, une rup­ture, etc.). « La réac­ti­va­tion de troubles, qui sur­vient quel­que­fois au moment du départ de l’Institution, démontre l’importance du sou­tien du col­lec­tif pour faire face aux évè­ne­ments les plus dif­fi­ciles et à leurs consé­quences sur le plan psy­cho­lo­gique » ajoute Mat­thieu Petit­clerc. Chez cer­tains sapeurs-pom­piers, un temps de latence a par­fois été néces­saire avant de pou­voir évo­quer de nou­veau ces attaques ter­ro­ristes d’une rare vio­lence. Le psy­cho­logue hors classe Petit­clerc le rap­pelle : « il n’est jamais trop tard pour se sai­sir d’un sou­tien médi­co-psy­cho­lo­gique, en par­ti­cu­lier si des réac­tions carac­té­ris­tiques d’un trouble de stress post-trau­ma­tique (TSPT) per­durent ou sur­viennent de façon différée ».


POUR EN SAVOIR PLUS…

Sur feu, les ELD pro­fitent d’une excep­tion­nelle sou­plesse d’emploi. La limite des 25 minutes de temps d’engagement ne s’appliquant pas, une équipe ELD peut pour­suivre ses enga­ge­ments aus­si long­temps que le per­mettent les bou­teilles d’air : soit une heure en moyenne.
Les équipes n’utilisent pas non plus de ligne-guide et peuvent donc dépas­ser les 50 m de dis­tance. On ne parle plus de recon­nais­sances mais bien d’exploration.
Par­ti­cu­liè­re­ment variées, les mis­sions réa­li­sables par les ELD consti­tuent un véri­table atout pour le COS : explo­ra­tion, extrac­tion, extinc­tion, effrac­tion ou encore appui (sécu­ri­ser, gui­der, bali­ser, éclai­rer, etc.).


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