#BrigadeInside — Depuis l’année dernière, une cérémonie de parrainage des sous-officiers sapeurs-pompiers de Paris a lieu à l’automne. Chaque nouveau sergent se choisit un parrain qui l’aidera et le conseillera tout au long de sa carrière. Place à la promotion “Sergent Pinto”, sergent qui se distingua il y a quelques années lors d’un feu tragique dans la rue de Provence à Paris. Retour en images sur ce moment solennel.
L’ordre du jour N° 14 du général
Sous-officiers de la promotion « Sergent Pinto ».
Votre détermination et votre travail vous ont permis d’accéder au corps des sous-officiers. Vous vous êtes élevés par l’effort et vous avez ainsi concrétisé la belle ambition que vous portiez en vous.
Vous êtes désormais des sous-officiers. Ce chevron n’est pas une récompense. Ce galon à un sens : le sens des responsabilités ; vous aurez cette responsabilité lourde mais exaltante de commander des femmes et des hommes. Vous assumerez la fonction à la fois belle et exigeante de « sergent ». Au sens étymologique, celui qui est « au service de » : au service de la brigade, de vos chefs, de vos subordonnés mais plus encore au service de la population que l’on défend.
Vous serez responsables d’obtenir l’adhésion active de vos subordonnés avec le grade, mais aussi avec l’esprit. C’est à ce titre que vous êtes les dépositaires d’une part de notre identité et plus encore de notre collectif. C’est ce collectif que vous avez désormais la charge d’entretenir, il est le socle qui nous permettra de faire face aux enjeux de demain.
Comme votre parrain, demain, vous serez confrontés à des situations où vous donnerez le meilleur de vous-même. Approfondissez votre discernement, votre sens du terrain mais aussi votre empathie et votre sens du commandement. Préparez également vos hommes, et lorsque le moment viendra, vous devrez faire preuve d’agilité pour donner du sens à ces situations. Du sens, pour faire cesser le chaos. Revenez aux choses simples, soyez lucides et dans l’action, vous devrez évaluer au mieux la complexité de la situation afin de donner un premier sens à la manœuvre, c’est‑a‑dire de savoir où vous voulez aller.
A l’instar de ce qu’a fait le sergent Pinto, lors du dramatique incendie de la rue de Provence, restez pragmatiques, lucides et déterminés et restez humbles. Il vous faudra prendre en compte des décisions souvent sans le recul souhaitable. Être sous-officier c’est être un homme ordinaire capable de contribuer à structurer des situations extraordinaires.
Enfin, soyez soucieux de vos subordonnés et faites preuve d’intelligence de situation, c’est ainsi que vous vous épanouirez pleinement dans vos nouvelles responsabilités.
La Brigade a besoin de ses sous-officiers qui ont, par essence même, toute notre confiance.
Le Général de division Jean-Claude Gallet
commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris
Le diaporama grand format
Vu de l’intérieur
Parmi les sapeurs-pompiers de la promotion “Sergent Pinto” se trouvait un rédacteur du magazine ALLO DIX HUIT. Avec sincérité, le sergent Nicholas Bady nous livre ses sentiments sur le sens qu’il donne à cette cérémonie particulière.
“La cérémonie de parrainage des sous-officiers restera gravée dans ma mémoire. Pendant La Marseillaise, jouée par la musique de la Brigade, j’ai des frissons. Je suis ailleurs. L’hymne national me remémore les années d’investissement, les stages, sélections, moments de doutes ponctués de remises en question, mon passage éprouvant à Saint-Maixent‑L’Ecole et mes premières années passées au centre de secours de Boulogne.
Je porte la fourragère pour la première fois. Ma mère assiste à la cérémonie et j’essaye d’imaginer ce qu’elle ressent. Est-ce de la fierté ? J’ai moi-même de l’admiration pour les sapeurs-pompiers qui m’entourent, ces soldats du feu humbles et héroïques. Je suis entouré de héros, de ceux qui ont sauvé Notre-Dame, comme disent les médias. C’est grâce à eux, grâce à la force du collectif, que j’ai l’honneur et le privilège de porter cette fourragère. Le monument aux morts est en face de moi, une pensée pour mon père me traverse l’esprit. Nous sommes dans la cour d’honneur de l’état-major, ce lieu historique devenu ma caserne de coeur. Ma marraine est à mes côtés. Je suis le seul sergent parrainé par une femme. J’en suis fier. Je mesure les responsabilités qui m’attendent, et je sais qu’elle sera là pour me guider avec bienveillance.
Ce chevron n’est pas une récompense. Ce galon a un sens : le sens des responsabilités
Ces mots, prononcés par le général Gallet lors de sa lecture de l’ordre du jour, résonnent chaque jour dans mon esprit depuis ce 17 octobre, et probablement pour longtemps encore. Comme l’éthique du sapeur-pompier de Paris a guidé le sapeur que j’étais au fort de Villeneuve-Saint-Georges, il y a dix ans, je considère cet ordre du jour comme le chemin à suivre pour les années à venir.
Quatre coups de tambour plus tard et me voici ailleurs, quelque part, entre aboutissement et renaissance.”
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