#BrigadeInside — Vers 14 h 30, les secours sont appelés pour un feu dans un tunnel sur le chantier Grand Paris Express à la gare Créteil-L’échat. Un tunnelier creuse à 1 500 mètres de là et, entre les deux, un train sur pneu est en flamme. Les ouvriers du tunnelier se sont réfugiés dans le caisson de survie, mais deux compagnons de travail manquent à l’appel. Voilà le scénario joué par les sapeurs-pompiers de Paris, pour un exercice grandeur nature, ce jeudi du mois d’août.
Organisés régulièrement, ces exercices ont pour but principal d’entraîner le personnel à l’engagement sur un feu en chantier souterrain. En effet, dans ces conditions de grande profondeur (plus de 20 mètres) et de longue distance (entre 1 000 et 2 000 mètres), les spécificités opérationnelles sont nombreuses. Il faut bien comprendre que ces infrastructures du Grand Paris Express ne bénéficient pas encore des installations de sécurité dédiées à l’usage commercial. Aucune sortie de secours n’est creusée pour l’instant. Les accès se font par les puits techniques du chantier et par le ciel (encore) ouvert des futures gares. Une donnée qui augmente les distances à parcourir dans les immenses boyaux. D’ailleurs, par convention, la BSPP exige des entreprises de travaux publics qui creusent ces tunnels, d’établir des points d’entrées tous les 2 000 mètres au maximum.
Dans ce contexte, outre l’expérimentation du concept tactique lui-même « d’intervention en chantier souterrain », plusieurs points particuliers sont testés.
Dans un premier temps, bien entendu, la procédure d’appel des secours et le bon adressage, mais également une fois sur site, il faut apprendre à travailler en coordination avec le personnel du chantier.
Les sapeurs-pompiers intervenants doivent aussi appréhender les équipements et les dispositifs de sécurité mis à leur disposition. Ceux-ci peuvent varier d’un chantier à l’autre.
La première difficulté consiste à pouvoir descendre le matériel dans les plus brefs délais ; lors de l’exercice, le rythme est moins soutenu, l’important ici étant de bien valider tous les détails de la mise en place.
Le Groupe d’exploration longue durée (GELD) descend le robot PROM (plateforme robotisée multi fonctions) au fond de la gare au moyen d’une grue du chantier. Une fois en bas, un train sur pneu véhicule la première équipe au plus près du sinistre et les hommes du GELD chargent leur matériel sur le robot et entame la progression. La partie attaque peut commencer.
Dans le tunnel, un des objectifs de cet exercice est primordial. Il s’agit de tester les communications au plus profond de l’intervention.
L’opération s’est donc déroulé correctement. Les sapeurs-pompiers s’appliquent sur la manœuvre sous l’œil des observateurs. En surface aussi, depuis le poste de commandement, on observe les déplacements. En effet, chacun des protagonistes est suivi grâce à des boîtiers-émetteurs qui permettent de localiser les groupes et de gérer leurs actions au besoin.
À l’issue de la manœuvre, le débriefing analyse tous les détails et va permettre d’affiner la doctrine d’attaque sur ce type d’intervention au regard des spécificités du lieu. Ce moment privilégié avec tous les acteurs présents est crucial. Il permet la confrontation des points de vue face aux enjeux de demain…
Photos et vidéos : CPL Jean-Marc Robert