#BrigadeInside — Sans son appareil respiratoire isolant (ARI), le sapeur-pompier n’est pas grand-chose. Mais pour que cet équipement de protection individuel soit toujours sécurisé, il y a des hommes qui en assurent la maintenance et le reconditionnement, que se soit pour la Brigade ou pour le SDIS 78. Nous sommes donc allés à la rencontre du “GACO” l’atelier qui peut se targuer d’avoir de la bouteille.
Articulé autour de cinq pôles majeurs, l’atelier des gaz comprimés a pour mission de maintenir en permanence une disponibilité opérationnelle de l’ensemble du matériel soutenu. Basé à l’origine sur le site de Levallois et composé de trois techniciens, le futur atelier GACO s’installe en 1967 sur le camp de Voluceau avec l’ensemble des services techniques (ST). Il est chargé de la maintenance et de l’entretien d’un parc d’environ 800 ARI et des matériels d’oxygénothérapie, de gonflage et de plongée. Il assure notamment la certification des ARI avant leur mise en service sur le marché français.
En 50 ans, l’atelier n’a eu de cesse de s’adapter et d’évoluer pour devenir une référence dans son activité. Il soutient un parc de plus de 6 000 références ayant un lien au domaine, dont 1 300 ARI et près de 3 000 récipients sous pression (RSP). Toujours à la pointe de la technologie, la BSPP devient précurseur en 1997 dans l’évolution majeure des appareils respiratoires. Au travers d’un cahier des charges innovant, elle participe à la mise en place de l’ARI mono bouteille composite dans ses camions rouges, bousculant les idées reçues sur la mise en place d’une telle bouteille. Sa fiabilité, son gain de poids et son ergonomie ont été reconnu de tous et elle est devenue au fil du temps une référence technique.
En 2014, cherchant toujours à être précurseur dans le domaine, la BSPP se dote d’un ARI prenant en compte l’ensemble des nouvelles contraintes liées à l’activité opérationnelle. Cet appareil de dernière génération a vu arriver un boîtier électronique regroupant manomètre et détection d’immobilité, la possibilité d’encliqueter sur l’appareil un second porteur pour le sauvetage du sauveteur ou la cagoule d’évacuation et enfin un raccordement rapide de la bouteille en un quart de tour efficace et très apprécié de tous les utilisateurs. Principalement utilisé par la BSPP, ce dispositif pourrait être généralisé dans un avenir proche.
Pour satisfaire aux évolutions de la règlementation, l’atelier se dote d’un système qualité afin d’assurer le suivi en service de ses matériels, en particulier son parc de récipients sous pression. Profitant de l’arrivée de l’ARI mono bouteille composite en 1997, il prend un essor considérable et devient centre de regroupement. Il assure alors l’inspection périodique des RSP et prépare les matériels pour qu’un organisme extérieur habilité puisse valider l’ensemble des contrôles effectués.
Cherchant une autonomie dans sa gestion des RSP, l’atelier choisit, en 2008, de devenir centre de requalification en obtenant l’approbation du ministère de l’Industrie. Ce choix fut déterminant pour l’atelier GACO qui a su mettre en place les outils de suivi au gonflage dans les unités d’incendie ainsi que sur l’ensemble de son parc d’équipement de contrôle de mesure et d’essais (ECME) afin d’obtenir son accréditation.
Poursuivant sa marche en avant, le champ d’application s’élargit en 2013 en s’ouvrant à la maintenance des récipients sous pression subaquatique de type métallique. La Brigade devient donc intégralement autonome sur la mise en service et la maintenance complète de l’ensemble de son parc. La BSPP est à ce jour le seul corps de sapeurs-pompiers en France à maîtriser en totale autonomie l’intégralité de son parc RSP, de l’achat à la destruction.
Actuellement, fort d’une expérience acquise au fil du temps, l’activité continue de se développer avec l’obtention d’une accréditation permettant d’effectuer la maintenance de clients extérieurs. C’est ainsi qu’une partie du soutien des bouteilles du SDIS 78 est effectué par l’atelier GACO, dans le cadre d’une convention globale d’échange de services. Afin de maintenir cette accréditation indispensable à l’autonomie et à la réactivité si précieuses, trois audits extérieurs sont réalisés annuellement.
Pour ce faire, le groupe dispose d’un effectif conséquent de quatorze personnels (quatre sous-officiers et dix MDR) formés et habilités à cette maintenance spécifique.
Pour chaque pôle, des formations régulières dites « initiales » ou « recyclages », sont effectuées en interne comme chez les industriels pour toujours tenir les données de maintenance à jour. Une fois qualifié, le personnel est reconnu apte à effectuer les contrôles périodiques effectués dans les compagnies.
Afin de respecter la règlementation drastique du Code du travail sur les équipements de protection individuelle, l’état-major a fait le choix de contrôler ces matériels via un détachement qui se rend annuellement dans les centres de secours. Le détachement de visite obligatoire périodique (VOP) est donc indispensable au maintien en service des équipements respiratoires. Elles rythment l’activité de l’atelier par l’échange, à chaque visite, des ARI en fin de validité par des appareils à jour de contrôle. C’est une occasion privilégiée pour les techniciens des GACO de pouvoir partager et échanger directement avec les utilisateurs. La connaissance des contraintes liées à l’activité opérationnelle est indispensable, celle-ci apporte une réelle plus-value pour conseiller et orienter au mieux le commandement dans les prises de décisions et les choix de matériels sur et hors interventions.
En lien direct avec l’activité opérationnelle de la BSPP, les GACO se doivent d’être présents sur demande ou lors d’opérations de grande ampleur. C’est pourquoi l’atelier arme une astreinte opérationnelle. Disponible 24h/24, à T+90 minutes pour les reconditionnements des ARICF du GELD (BSPP et SDIS 78) ou sur demande du CO à T+60. Il arme le véhicule de soutien air comprimé (VSAC). Composé d’un chef d’agrès de grade de CCH au minimum et d’un conducteur, ils assurent des missions de conseil technique auprès du commandement. Uniquement dévolu sur la chaîne d’approvisionnement en air comprimé, l’équipage est à même de conseiller, d’organiser et de gérer les opérations de ravitaillement sur les interventions de grande ampleur.
Réfèrent dans le domaine de l’expertise technique, c’est un maillon indispensable pour la chaîne de commandement lors des RETEX à la suite d’incidents ou d’accidents sur interventions.
L’analyse des matériels ne pouvant être effectuée que par des personnels compétents, ils participent (en lien avec le RCCI) aux RETEX Brigade en apportant une expertise pointue sur l’analyse des EPI et des conditions d’emploi des matériels.
La connaissance parfaite de la maintenance, de l’entretien et de l’emploi des matériels, mêlée aux analyses fines des instruments de contrôles et de sécurité (ICS) des ARI sont primordiales pour comprendre et analyser les causes d’un incident.
Enfin, l’expansion du grand Paris influe sur la protection des personnes et des biens de notre capitale et nécessite une réponse adaptée à ce défi. Force de proposition et de conseils auprès de l’état-major, l’atelier GACO se place en acteur incontournable dans le projet de drone terrestre « robot mule ». Ce dossier sensible et très technique doit permettre la projection d’air respirable au plus près des victimes à secourir lors de long cheminements (tunnels de plus de 300 mètres).
Pour en savoir plus…
ESPACES CLOS, TUNNELS ET SOUTERRAINS, le côté obscur de l’attaque
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