Les rencontres d’ALLO DIX-HUIT — Cet été, le bureau communication a accueilli son nouveau chef, le lieutenant-colonel Claire Boët. Après un an de tuilage avec son prédécesseur pour s’imprégner du monde particulier des sapeurs-pompiers de Paris, elle est entrée rapidement dans sa mission. ALLO DIX-HUIT est allé à sa rencontre pour mieux la connaître.
Quelle était votre dernière affectation ?
J’ai été affectée à la BSPP le 1er août 2019. Avant cela, je servais comme chargée de mission au service information et relations publiques de l’armée de Terre (SIRPA Terre).
Dans quel état d’esprit entamez-vous cette nouvelle mission ?
Je l’aborde surtout avec beaucoup d’humilité, car j’hérite d’un bureau magnifique, qui fait un travail remarquable. Mais également parce que j’arrive dans une nouvelle maison. Cela me procure énormément d’enthousiasme, car c’est un changement total dans ma vie professionnelle. J’apprends un nouveau métier et j’intègre un nouveau monde, une nouvelle famille.
L’immersion dans l’univers pompier a dû être exigeante…
Tout à fait ! Je suis quasiment repartie à zéro. Mis à part le « garde-à-vous — repos »… [Rires] Plus sérieusement, l’ADN militaire est le même, mais la mission, le matériel, tout est très différent. En tant que chef du bureau communication, il fallait que je m’imprègne de tout ça pour pouvoir parler du métier. Pour pouvoir communiquer correctement, il fallait que je comprenne comment les pompiers de Paris sont formés, comment ils travaillent, comment ils agissent en intervention, comment ils s’entraînent. Tout ceci en un an de formations et d’immersions où j’ai appris beaucoup de choses et c’était passionnant.
Quelle est votre conception de la communication institutionnelle ?
C’est primordial pour moi parce qu’ici cela représente l’image de la Brigade. C’est un effort de longue haleine et de tous les instants, car il suffit de pas grand-chose pour brouiller cette image. Notre travail consiste à renforcer la réputation de la Brigade. Au quotidien, chaque sapeur-pompier de Paris y contribue dans son engagement professionnel et sa vie personnelle, à nous de valoriser son action pour faire rayonner la BSPP dans son ensemble.
La double-tutelle (armée de Terre et préfecture de Police) de la Brigade confère-t-elle une particularité en termes de communication ?
Oui, c’est vraiment particulier. Il faut s’adapter à cette double tutelle pour construire notre propre communication. Mais même si face aux médias, nous dépendons de la préfecture de Police, nous sommes finalement assez autonomes, notamment grâce aux réseaux sociaux.
De quelle façon pourrions-nous améliorer la communication interne ?
C’est vrai que lorsqu’on pense communication, on imagine instantanément les relations médias, mais il ne faut jamais négliger la communauté interne parce qu’il serait anormal que certaines informations Brigade soient dans les médias avant que les pompiers de Paris en soient eux-mêmes informés. Même si la communication interne est souvent le parent pauvre de la communication, il ne faut pas la délaisser au risque d’alimenter « Radio Brigade » en bruits de couloirs. Notre vecteur principal est, bien sûr, InfoBrigade dans lequel, tous les mois, on trouve énormément d’informations sur la vie du Corps. Nous avons même, depuis le mois d’octobre, enrichi cette newsletter avec une rubrique spécifique, alimentée directement par le bureau ressources humaines, pour que le pompier de Paris soit le premier au courant des informations qui concernent directement sa carrière.
Nous sommes entrés dans une phase où l’innovation BSPP va être mise en avant. Quelles seront les innovations au BCOM ?
La récente période de confinement nous a incité à réfléchir sur notre capacité à pouvoir réaliser des lives sur les réseaux sociaux. Nous ne sommes pas capables aujourd’hui de diffuser en direct une passation de commandement ou quelque autre cérémonie. Nous l’avons fait à l’occasion du 18 septembre, mais malheureusement l’opération a été sous-traitée. Nous devons à terme être capables de réaliser ce genre de prestation. Notamment pour les PRD (présentations des recrues au drapeau) où seules les familles proches sont conviées (hors crise sanitaire), mais cette innovation pourrait permettre à un plus grand nombre d’en profiter.
Et au-delà des lives ?
Le monde des technologies de l’information et la communication évolue en permanence, avec de nouveaux formats. Notre rôle consiste aussi à effectuer de la veille à la fois technologique, quant au matériel que l’on utilise, mais également sur les nouveaux formats proposés par les plateformes de réseaux sociaux pour y adapter nos contenus.
Les réseaux sociaux sont devenus incontournables. Comment peut-on y optimiser notre influence ?
Nous sommes présents actuellement sur Twitter, Facebook, Instagram, YouTube et LinkedIn. Nous essayons d’optimiser notre influence en proposant des contenus toujours plus innovants, parfois humoristiques, parfois décalés. Évidemment, l’activité opérationnelle est le thème préféré de nos abonnés qui sont nombreux à suivre et à commenter. C’est donc pour nous une source de visibilité qui n’est pas neutre.
Dans quel sens ?
Par exemple cet été, nous avons partagé une publication sur les appels abusifs qui a été très largement reprise dans les médias. On se rend donc compte que nous sommes très suivis par le grand public, mais aussi par de nombreux médias qui reprennent parfois nos publications pour les diffuser ou comme point de départ d’articles ou de reportages.
Aujourd’hui, les médias réagissent à la seconde sur les événements. Est-ce une difficulté supplémentaire lorsqu’il faut gérer une crise ?
Ce n’est pas une difficulté particulière, il faut seulement en avoir bien conscience et ne pas céder à l’urgence médiatique. Les médias veulent toujours être les premiers à avoir l’info, les premiers à publier, mais ce qui est certain, c’est que la brigade de sapeurs-pompiers de Paris ne peut pas se permettre d’avoir un doute lorsqu’elle communique une information. Les médias ont leur timing, ils nous mettent parfois la pression. Notre rôle est de temporiser puis leur donner des informations, uniquement lorsque ces dernières sont vérifiées avec certitude. Nous bénéficions d’un crédit de confiance important et nous ne pouvons pas nous permettre de le dégrader juste parce que les médias nous forcent la main. Il faut maîtriser le tempo de notre communication si l’on veut rester efficace.
Comment voyez-vous l’avenir d’ALLO DIX-HUIT ?
ALLO DIX-HUIT, le magazine de l’association pour le développement des œuvres sociales des sapeurs-pompiers de Paris (ADOSSPP) et de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, est un très beau magazine. Je suis très attachée au magazine papier. On a tous un rapport particulier au journal que l’on prend dans ses mains, qu’on feuillette à l’endroit, ou à l’envers… Ce sont aussi des choses que l’on garde. Tous les parents qui ont eu la photo de leur bébé dans ADH conservent précieusement le numéro en question. Mais également tous ceux qui ont vécu une intervention mise en exergue dans le Focus ou Panorama sont attachés à ce magazine. L’objectif reste de dynamiser les contenus que l’on développe en s’appuyant bien sûr sur le numérique à travers ADH Le Mag que l’on fait vivre chaque semaine et qui va être le digne prolongement du magazine papier.
Les grandes lignes de sa carrière
Formation
▶ ESM Saint-Cyr (Promotion Général Vanbremeersch)
▶ École de guerre
▶ Celsa
Son parcours
▶ 5e régiment du génie (jusqu’en 2010)
▶ État-major de l’OTAN (2014)
▶ SIRPA Terre (2014 – 2019)