#BrigadeInside — Afin de contribuer à la préservation du potentiel humain, la Brigade a fait réaliser une étude sur la qualité du sommeil et la récupération du pompier de Paris. Le 1er groupement d’incendie et de secours s’est approprié les conclusions de l’étude menée par l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Les premières mesures adoptées portent déjà leurs fruits.
La fatigue constitue un risque avéré pour le pompier de Paris. Elle peut nuire à l’efficacité opérationnelle, créer des comportements à risque et avoir des effets néfastes sur la santé des militaires sur le long terme. « Nous avons fait le choix de traiter cette problématique comme une démarche de prévention, à l’identique du risque routier par exemple, décrit le lieutenant-colonel Gouillat, commandant en second (C2) du 1er groupement d’incendie et de secours (1erGIS). La communication des résultats de l’étude menée en 2018 par l’IRBA a révélé l’ampleur des enjeux liés à ce risque professionnel. » La suppression du risque s’avérant impossible à réaliser, le 1er GIS s’est employé à réduire au maximum ses impacts.
Suite aux résultats de la première étude, le colonel Baillé, chef de corps du 1er GIS, rédige une directive de commandement en juillet 2019. Celle-ci détaille le plan d’action du groupement : une démarche concrète visant à maîtriser l’usure du potentiel humain au sein des casernes. « Sa mise en œuvre s’est articulée en deux phases, poursuit le C2. Une phase expérimentale de juillet à décembre 2019, puis une phase de consolidation de janvier à juin 2020. »
ADAPTER LES PLANNINGS
Le pompier de province est particulièrement vulnérable aux effets de la fatigue en raison de ses nombreux trajets entre son domicile et la caserne. « Un service de quatre jours de présence a été instauré pour permettre aux chefs de centre d’accorder entre quatre et six jours de repos, détaille l’officier. Pour ne pas créer une surcharge de fatigue lors de cette longue présence, une nuit sans piquet est intercalée dans la séquence tandis que le 4e jour est associé à un piquet moins sollicitant. » Les résultats de cette démarche montrent des gains immédiats en matière de récupération. « Les périodes au domicile s’avèrent suffisamment longues pour concilier le repos, les impératifs familiaux, les activités annexes et même les gardes volontaires, atteste-t-il. Bien sûr, il n’existe pas de solution miracle. Ce type de service qui produit des effets de bord et des weekends coupés n’intéresse pas les pompiers franciliens. Cependant, les provinciaux éloignés y voient un réel bénéfice. »
REPENSER LA CASERNE
Autre point d’action : la limitation des nuisances sonores en centre de secours. « Nous cherchons à diminuer au maximum l’impact des sonneries. Pour ce faire, nous avons équipé progressivement les VSAV 1 en STRADA*, poursuit le lieutenant-colonel. L’effet s’est révélé immédiat lui aussi : les alarmes retentissent beaucoup moins et les casernes deviennent moins bruyantes. » À terme, le commandement souhaite équiper l’ensemble des VSAV du 1er GIS en système STRADA. Toujours dans cette optique, un audit relatif aux sonneries de feu est en cours. Il permettra de déterminer, en fonction des structures de l’organisation fonctionnelle, les diffuseurs inutiles ou réglés trop fort. Enfin, l’identification de pièces hiboux ou pièces refuges, isolées ou à l’écart du bruit, permettra aux hommes et femmes en récupération de profiter d’une nuit au calme ou du moins relativement préservée.
FAIRE ÉVOLUER LES MENTALITÉS
« Le volet comportemental doit également être pris en compte, insiste le lieutenant-colonel. Pour le moment, la sieste n’est pas très présente dans les mœurs du pompier de Paris. Nous souhaitons donc sanctuariser une plage de repos sur la journée de garde. » Cette remise en question s’incarne également dans la gestion de la fatigue de manière individuelle. Un VSAV 1 particulièrement sollicité pourra demander une mise en indisponibilité temporaire (REMEC) sur une durée totale de trois heures, notamment pour récupérer. « Nous souhaitons également développer la pratique des techniques d’optimisation du potentiel (TOP) afin d’exploiter au mieux les plages de sieste ou de sommeil, développe-t-il. Le but est que chaque pompier de Paris puisse créer ses propres rituels d’endormissement et de réveil afin de tirer un maximum de bénéfices de tout temps de repos, même court. »
La prochaine étape consistera à réaliser une nouvelle étude, simplifiée, comparant deux populations de pompiers. La première bénéficiant des mesures précédemment citées et la seconde n’en bénéficiant pas. « L’intérêt vise à savoir si notre réponse au problème diminue réellement la fatigue de notre personnel, explique l’officier. Nous allons également mettre à jour la directive du chef de corps pour maintenir la dynamique. »
Si ces évolutions se poursuivent, le pompier de demain devrait échapper à quelques rides et cheveux blancs prématurés !
LE SAVIEZ-VOUS ?
Adoptée dans certaines casernes du 1er GIS, la pièce hibou s’inspire des sous-mariniers. Ainsi, dans un environnement cloisonné, où les équipes de quart se relaient constamment durant plusieurs semaines voire plusieurs mois, la présence d’une pièce dédiée au repos des marins s’avère essentielle.
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