CAMION ROUGE — Du TAC au TAC !

Manon Peneaud —  — Modi­fiée le 16 février 2023 à 03 h 04 

#BrigadeInside — Concentré de technologie et outil essentiel dans l’organisation des interventions d’ampleur, le poste de commandement tactique 3e génération (PCTAC), est un véhicule pensé par la Brigade, pour la Brigade.

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Sur inter­ven­tion, il faut faire vite. Chaque minute est comp­tée. L’officier de poste de com­man­de­ment (OPC) est constam­ment en train de cou­rir après le temps. En effet, il arrive en moyenne sur l’opération 25 minutes après les pri­mo-inter­ve­nants. Il doit donc aller à l’essentiel et peut s’appuyer pour cela sur des engins et des équi­pe­ments der­nier cri tels que le PCTAC. « Le PCTAC est le miroir de l’EMO [ndr : état-major opé­ra­tion­nel] pro­je­té sur le ter­rain, confie le com­man­dant Debize, chef de la sec­tion opé­ra­tion ins­truc­tion — for­ma­tion des offi­ciers. Il per­met d’organiser et struc­tu­rer les opé­ra­tions au pro­fit du com­man­dant des opé­ra­tions de secours (COS). »
Son atout majeur : faci­li­ter les échanges entre l’OPC et le sous-offi­cier de ges­tion des moyens (SOGEM). Dans les anciens véhi­cules, le SOGEM tour­nait constam­ment le dos à l’OPC, com­pli­quant ain­si le par­tage d’informations. Fruit d’une réflexion menée par l’ensemble des BOI (bureau opé­ra­tion et ins­truc­tion) au sein d’un groupe de tra­vail, le nou­veau PCTAC a été conçu pour amé­lio­rer l’action du binôme indis­so­ciable. Désor­mais, SOGEM et OPC, posi­tion­nés en face-à-face, peuvent tra­vailler en sym­biose. Cette dis­po­si­tion favo­rise la com­mu­ni­ca­tion, tout comme l’application infor­ma­tique BENTO dis­po­nible direc­te­ment depuis le véhi­cule. Ce dis­po­si­tif per­met de tra­vailler sur l’agencement du ter­rain de manœuvre : visua­li­sa­tion des sec­teurs et des zones d’exclusion, affi­chage du plan d’alimentation, bilan vic­ti­maire et cal­cul des sur­faces et dis­tances. Il per­met éga­le­ment d’échanger en temps réel avec l’EMO. En effet, chaque élé­ment incré­men­té dans BENTO sur le ter­rain appa­raît immé­dia­te­ment à l’EMO. Au-delà de cette appli­ca­tion, le PCTAC est entiè­re­ment équi­pé de dis­po­si­tifs high-tech.

Illus­tra­tion par René Dosne — Repro­duc­tion interdite

Un véhi­cule à la pointe de la tech­no­lo­gie. Les écrans inter­ac­tifs de marque « Spee­chi » per­mettent d’avoir une grande liber­té d’action pour le choix des outils à uti­li­ser, de Google Earth au report d’images des drônes, en pas­sant par le sys­tème d’information géo­gra­phique, Street View ou la visua­li­sa­tion des plans.
Le drône filaire octroie une vue aérienne très rapi­de­ment, avant la relève du drône VRID. Grâce à sa camé­ra infra­rouge, il est pos­sible de visua­li­ser les points chauds et la pro­gres­sion du sinistre.
Une sta­tion locale météo per­met de qua­li­fier le sens du vent et sa force. Ain­si, le COS peut savoir vers où se dirigent les flammes et l’influence sur la vitesse de pro­pa­ga­tion de l’incendie. Cela lui per­met, entre autre, de déter­mi­ner si la popu­la­tion est sou­mise aux effets des fumées.
Enfin, la tente inté­grée à la struc­ture du PCTAC per­met de tra­vailler à l’abri des intem­pé­ries, mais éga­le­ment des objec­tifs des médias. Les équi­pe­ments, c’est bien, mais un per­son­nel qua­li­fié pour s’en ser­vir à bon escient, c’est mieux ! Déclen­ché dès que quatre engins-pompes sont enga­gés sur opé­ra­tion, le PCTAC est armé ini­tia­le­ment par six per­sonnes. L’OPC consti­tue le prisme par lequel passent les ordres des­ti­nés à tous les groupes d’engins. On peut le com­pa­rer à un chef d’orchestre qui dirige la par­ti­tion du COS et de l’officier supé­rieur de garde. Il orga­nise et cen­tra­lise le ren­sei­gne­ment, anime le réseau radio, s’assure de la concor­dance des actions de chaque engin avec l’idée de manœuvre du COS. Il défi­nit donc les dif­fé­rentes tâches à accom­plir en fonc­tion de l’effort, des prio­ri­tés fixées et de l’ordre d’arrivée des engins. « La dif­fi­cul­té de ce métier réside dans le fait que l’OPC réa­lise le cro­quis opé­ra­tion­nel, soit la situa­tion tac­tique, en fonc­tion des comptes-ren­dus reçus alors qu’il est tota­le­ment aveugle sur le dérou­lé de la manœuvre. À mon sens, il s’agit de la fonc­tion opé­ra­tion­nelle la plus dif­fi­cile à tenir. En revanche, c’est ter­ri­ble­ment exal­tant ! », ajoute le com­man­dant Debize.

Les secrets de l’espace trans­met­teur. Le SOGEM, bras droit de l’OPC, s’assure de la bonne cir­cu­la­tion de l’information entre tous les membres du PCTAC. Il réa­lise le plan d’alimentation des engins avec l’application REMOCRA (iden­ti­fi­ca­tion des hydrants indis­po­nibles, dia­mètre des cana­li­sa­tions, débits…). Il doit accueillir et fil­trer les arri­vants pour per­mettre à l’OPC de prendre du recul lorsque néces­saire. De son côté, le trans­met­teur doit com­mu­ni­quer les mes­sages radios. Il pos­sède une cel­lule dédiée appe­lée « espace trans­met­teur ». Le rens-syn­thèse, quant à lui, suit la ges­tion des moyens en liai­son avec le SOGEM et l’OPC et incré­mente le tableau de ges­tion opé­ra­tion­nelle au fil de l’eau. Le rôle du gra­dé rédac­teur consiste dans les pre­miers ins­tants à four­nir tous les sup­ports dis­po­nibles utiles à la com­pré­hen­sion de l’intervention. Il tient la main cou­rante opé­ra­tion­nelle, note les prises de déci­sion ain­si que ce qui est dit lors du point de situa­tion. En effet, c’est au PCTAC que sont réa­li­sés, à inter­valles régu­liers, des points de situa­tion au pro­fit du COS et des auto­ri­tés. Enfin, le PCTAC peut comp­ter sur son conduc­teur. Sa mis­sion pre­mière, après avoir conduit le véhi­cule à bon port, bien-enten­du, est de se ren­sei­gner pour connaître les hydrants uti­li­sés par les pre­miers engins arri­vés sur place. Il met ensuite en œuvre le drone filaire avant de res­ter aux alen­tours du véhi­cule pour assu­rer la sécu­ri­té de l’environnement proche du PCTAC.
À l’extérieur du véhi­cule, on retrouve pour les points de situa­tion : les chefs de sec­teur, le COS et la garde envi­ron­ne­ment PCTAC. Sui­vant l’ampleur de l’opération, les ser­vices publics (police, ENEDIS, GRDF, etc.), les res­pon­sables du site et les élus peuvent éga­le­ment être pré­sents. La Bri­gade est équi­pée de quatre PCTAC ; un par grou­pe­ment d’incendie et de secours et un au grou­pe­ment for­ma­tion ins­truc­tion et de secours (GFIS), plus deux CMO « appui » et « san­té ». Après plus de deux années de mise en ser­vice, le com­man­dant Debize est for­mel : « le PCTAC de la 3e géné­ra­tion faci­lite gran­de­ment la tâche du per­son­nel armant le poste de com­man­de­ment tactique » 


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