CAMION ROUGE — Du TAC au TAC !

Manon Peneaud —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 09 h 04 

#BrigadeInside — Concentré de technologie et outil essentiel dans l’organisation des interventions d’ampleur, le poste de commandement tactique 3e génération (PCTAC), est un véhicule pensé par la Brigade, pour la Brigade.

Sur inter­ven­tion, il faut faire vite. Chaque minute est comp­tée. L’officier de poste de com­man­de­ment (OPC) est constam­ment en train de cou­rir après le temps. En effet, il arrive en moyenne sur l’opération 25 minutes après les pri­mo-inter­ve­nants. Il doit donc aller à l’essentiel et peut s’appuyer pour cela sur des engins et des équi­pe­ments der­nier cri tels que le PCTAC. « Le PCTAC est le miroir de l’EMO [ndr : état-major opé­ra­tion­nel] pro­je­té sur le ter­rain, confie le com­man­dant Debize, chef de la sec­tion opé­ra­tion ins­truc­tion — for­ma­tion des offi­ciers. Il per­met d’organiser et struc­tu­rer les opé­ra­tions au pro­fit du com­man­dant des opé­ra­tions de secours (COS). »
Son atout majeur : faci­li­ter les échanges entre l’OPC et le sous-offi­cier de ges­tion des moyens (SOGEM). Dans les anciens véhi­cules, le SOGEM tour­nait constam­ment le dos à l’OPC, com­pli­quant ain­si le par­tage d’informations. Fruit d’une réflexion menée par l’ensemble des BOI (bureau opé­ra­tion et ins­truc­tion) au sein d’un groupe de tra­vail, le nou­veau PCTAC a été conçu pour amé­lio­rer l’action du binôme indis­so­ciable. Désor­mais, SOGEM et OPC, posi­tion­nés en face-à-face, peuvent tra­vailler en sym­biose. Cette dis­po­si­tion favo­rise la com­mu­ni­ca­tion, tout comme l’application infor­ma­tique BENTO dis­po­nible direc­te­ment depuis le véhi­cule. Ce dis­po­si­tif per­met de tra­vailler sur l’agencement du ter­rain de manœuvre : visua­li­sa­tion des sec­teurs et des zones d’exclusion, affi­chage du plan d’alimentation, bilan vic­ti­maire et cal­cul des sur­faces et dis­tances. Il per­met éga­le­ment d’échanger en temps réel avec l’EMO. En effet, chaque élé­ment incré­men­té dans BENTO sur le ter­rain appa­raît immé­dia­te­ment à l’EMO. Au-delà de cette appli­ca­tion, le PCTAC est entiè­re­ment équi­pé de dis­po­si­tifs high-tech.

Illus­tra­tion par René Dosne — Repro­duc­tion interdite

Un véhi­cule à la pointe de la tech­no­lo­gie. Les écrans inter­ac­tifs de marque « Spee­chi » per­mettent d’avoir une grande liber­té d’action pour le choix des outils à uti­li­ser, de Google Earth au report d’images des drônes, en pas­sant par le sys­tème d’information géo­gra­phique, Street View ou la visua­li­sa­tion des plans.
Le drône filaire octroie une vue aérienne très rapi­de­ment, avant la relève du drône VRID. Grâce à sa camé­ra infra­rouge, il est pos­sible de visua­li­ser les points chauds et la pro­gres­sion du sinistre.
Une sta­tion locale météo per­met de qua­li­fier le sens du vent et sa force. Ain­si, le COS peut savoir vers où se dirigent les flammes et l’influence sur la vitesse de pro­pa­ga­tion de l’incendie. Cela lui per­met, entre autre, de déter­mi­ner si la popu­la­tion est sou­mise aux effets des fumées.
Enfin, la tente inté­grée à la struc­ture du PCTAC per­met de tra­vailler à l’abri des intem­pé­ries, mais éga­le­ment des objec­tifs des médias. Les équi­pe­ments, c’est bien, mais un per­son­nel qua­li­fié pour s’en ser­vir à bon escient, c’est mieux ! Déclen­ché dès que quatre engins-pompes sont enga­gés sur opé­ra­tion, le PCTAC est armé ini­tia­le­ment par six per­sonnes. L’OPC consti­tue le prisme par lequel passent les ordres des­ti­nés à tous les groupes d’engins. On peut le com­pa­rer à un chef d’orchestre qui dirige la par­ti­tion du COS et de l’officier supé­rieur de garde. Il orga­nise et cen­tra­lise le ren­sei­gne­ment, anime le réseau radio, s’assure de la concor­dance des actions de chaque engin avec l’idée de manœuvre du COS. Il défi­nit donc les dif­fé­rentes tâches à accom­plir en fonc­tion de l’effort, des prio­ri­tés fixées et de l’ordre d’arrivée des engins. « La dif­fi­cul­té de ce métier réside dans le fait que l’OPC réa­lise le cro­quis opé­ra­tion­nel, soit la situa­tion tac­tique, en fonc­tion des comptes-ren­dus reçus alors qu’il est tota­le­ment aveugle sur le dérou­lé de la manœuvre. À mon sens, il s’agit de la fonc­tion opé­ra­tion­nelle la plus dif­fi­cile à tenir. En revanche, c’est ter­ri­ble­ment exal­tant ! », ajoute le com­man­dant Debize.

Les secrets de l’espace trans­met­teur. Le SOGEM, bras droit de l’OPC, s’assure de la bonne cir­cu­la­tion de l’information entre tous les membres du PCTAC. Il réa­lise le plan d’alimentation des engins avec l’application REMOCRA (iden­ti­fi­ca­tion des hydrants indis­po­nibles, dia­mètre des cana­li­sa­tions, débits…). Il doit accueillir et fil­trer les arri­vants pour per­mettre à l’OPC de prendre du recul lorsque néces­saire. De son côté, le trans­met­teur doit com­mu­ni­quer les mes­sages radios. Il pos­sède une cel­lule dédiée appe­lée « espace trans­met­teur ». Le rens-syn­thèse, quant à lui, suit la ges­tion des moyens en liai­son avec le SOGEM et l’OPC et incré­mente le tableau de ges­tion opé­ra­tion­nelle au fil de l’eau. Le rôle du gra­dé rédac­teur consiste dans les pre­miers ins­tants à four­nir tous les sup­ports dis­po­nibles utiles à la com­pré­hen­sion de l’intervention. Il tient la main cou­rante opé­ra­tion­nelle, note les prises de déci­sion ain­si que ce qui est dit lors du point de situa­tion. En effet, c’est au PCTAC que sont réa­li­sés, à inter­valles régu­liers, des points de situa­tion au pro­fit du COS et des auto­ri­tés. Enfin, le PCTAC peut comp­ter sur son conduc­teur. Sa mis­sion pre­mière, après avoir conduit le véhi­cule à bon port, bien-enten­du, est de se ren­sei­gner pour connaître les hydrants uti­li­sés par les pre­miers engins arri­vés sur place. Il met ensuite en œuvre le drone filaire avant de res­ter aux alen­tours du véhi­cule pour assu­rer la sécu­ri­té de l’environnement proche du PCTAC.
À l’extérieur du véhi­cule, on retrouve pour les points de situa­tion : les chefs de sec­teur, le COS et la garde envi­ron­ne­ment PCTAC. Sui­vant l’ampleur de l’opération, les ser­vices publics (police, ENEDIS, GRDF, etc.), les res­pon­sables du site et les élus peuvent éga­le­ment être pré­sents. La Bri­gade est équi­pée de quatre PCTAC ; un par grou­pe­ment d’incendie et de secours et un au grou­pe­ment for­ma­tion ins­truc­tion et de secours (GFIS), plus deux CMO « appui » et « san­té ». Après plus de deux années de mise en ser­vice, le com­man­dant Debize est for­mel : « le PCTAC de la 3e géné­ra­tion faci­lite gran­de­ment la tâche du per­son­nel armant le poste de com­man­de­ment tactique » 


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