
Grands formats — Le premier volet de notre Grand Format sur le chef d’agrès VSAV, traite du module 2 de la formation supérieure des militaires du rang qui, pendant cinq semaines, forme les élèves caporaux-chefs à devenir chefs d’agrès VSAV.
La formation SAV3, c’est d’abord former un meneur d’hommes qui commande une petite équipe dans le cadre d’une action de secours. C’est le préparer à être responsable d’une ou plusieurs victimes qui ne connaissent pas ceux qui se portent à leur secours et dont la vie dépend parfois de décisions prises dans l’urgence de la situation. C’est le guider au mieux dans un système de secours et de soins, actuellement en crise, dont il est un maillon essentiel. C’est l’outiller afin d’acquérir des compétences techniques et non techniques qui lui permettront de mener à bien sa mission. C’est le conditionner à mettre en œuvre efficacement et rapidement tous les savoirs reçus au profit des victimes, obéissant ainsi à l’éthique du sapeur-pompier de Paris.
Le stagiaire du PECCH doit d’abord maîtriser les connaissances complètes de l’équipier VSAV. Ainsi, cette formation s’inscrit dans la continuité d’une expérience et de savoirs précédemment acquis.
L’encadrement est mixte, avec des formateurs de la compagnie de formation n° 3, tous issus d’unités d’incendie, et des formateurs de la Division santé, ce qui permet d’aborder toutes les compétences du chef d’agrès VSAV avec une réelle synergie.
Être prêt. L’effort sur l’apprentissage du commandement est porté dès la première semaine afin que celui-ci soit exercé et évalué sur toute la durée de la formation. L’apprentissage des compétences techniques en SSUAP débute ensuite avec des cours agrémentés de nombreux RETEX et des ateliers pratiques avec l’ajout régulier de nouvelles techniques. À l’issue de l’apprentissage théorique, les nouvelles connaissances sont mises en application lors de cas concrets correspondant tous à des interventions réelles, afin de les préparer aux opérations, même rares. Chaque élève réalise ou observe plusieurs dizaines de cas concrets, ce qui permet de contextualiser de plusieurs façons le thème principal.
L’accent est mis sur l’acquisition d’une méthode de travail pour réaliser les bilans de façon standardisée puis explorer les spécificités des situations. Cet aspect méthodique est garant d’efficacité et de sécurité pour la victime. En effet, si certaines situations sont évidentes, d’autres le sont moins. La réalisation du bilan dans les règles, selon des procédures éprouvées, permet de mettre en évidence des détresses masquées. Cette application de la doctrine contribue à la sécurité réglée.
Partenaire de confiance. L’enseignement des pathologies porte sur ce qui est nécessaire et suffisant pour comprendre les situations et pour faire du chef d’agrès VSAV un partenaire de confiance pour la coordination médicale. Au fil des ans et de la mise en place de filières de soins et de l’apparition d’outils techniques, la formation s’est enrichie.
Elle cible la compréhension des situations afin que les chefs d’agrès VSAV acquièrent une réelle conscience de situation, préalable à une bonne décision. Les cas concrets permettent de les entraîner à l’analyse des situations, à la reconnaissance des détresses vitales, à la réalisation des gestes de sauvegarde, aux demandes de renfort, au contact à la coordination médicale, à la réalisation de la fiche bilan électronique ainsi qu’à l’aspect tactique de l’intervention. Il ne s’agit plus de réaliser un geste, travail d’équipier, il s’agit de prendre en charge une victime dans sa globalité. Le fait de travailler sur la compréhension permettra le cas échéant de comprendre la non-conformité d’une situation et d’adapter la prise en charge.
Communiquer dans les règles. Au cours de ce stage sont aussi abordées des compétences non techniques autres que le commandement qui est, lui, le fil guide de la formation. Un effort particulier est consacré à la communication. Ces habiletés seront utiles au chef d’agrès VSAV tout au long de sa carrière opérationnelle. Afin que l’équipe travaille dans le même sens, la conscience de situation doit être partagée.
Si la communication dans l’équipe obéit à certaines règles, le chef d’agrès VSAV doit savoir changer de registre et de langage pour s’adresser aux victimes et à leur entourage. Il doit aussi apprendre à reconnaître et gérer leur stress ainsi que contenir des situations à fort retentissement psychologique, y compris pour les sapeurs-pompiers.
Pour parfaire ces compétences, les cas concrets, joués avec la présence d’un médecin sur deux jours en dernière semaine, constituent un bon apprentissage. Ils sont depuis peu renforcés par des étudiants en médecine qui jouent victimes ou témoins, une plus-value qui permet de mettre en évidence certaines difficultés de communication et de les corriger. Jusqu’au dernier jour, les débriefings restent formateurs.
Situation dégradée. Enfin, si la majorité du temps est consacrée à préparer les interventions courantes, depuis les attentats de 2015, le stage se termine par une situation NOVI1 non conforme au quotidien où le chef d’agrès doit prendre des décisions en situation complexe et dégradée. Il doit ainsi faire face à un manque ponctuel de moyens humains et matériels.
En complément de la formation initiale, la formation continue du chef d’agrès VSAV permet une fois par an de présenter des nouveautés et d’appuyer sur certaines thématiques.
1 : nombreuses victimes