CHEF D’AGRÈS VSAV (1/​4) — Comment gérer l’intervention dans sa globalité

 — Modi­fiée le 20 octobre 2025 à 03 h 48 

Grands formats — Le premier volet de notre Grand Format sur le chef d’agrès VSAV, traite du module 2 de la formation supérieure des militaires du rang qui, pendant cinq semaines, forme les élèves caporaux-chefs à devenir chefs d’agrès VSAV.

La for­ma­tion SAV3, c’est d’abord for­mer un meneur d’hommes qui com­mande une petite équipe dans le cadre d’une action de secours. C’est le pré­pa­rer à être res­pon­sable d’une ou plu­sieurs vic­times qui ne connaissent pas ceux qui se portent à leur secours et dont la vie dépend par­fois de déci­sions prises dans l’urgence de la situa­tion. C’est le gui­der au mieux dans un sys­tème de secours et de soins, actuel­le­ment en crise, dont il est un maillon essen­tiel. C’est l’outiller afin d’acquérir des com­pé­tences tech­niques et non tech­niques qui lui per­met­tront de mener à bien sa mis­sion. C’est le condi­tion­ner à mettre en œuvre effi­ca­ce­ment et rapi­de­ment tous les savoirs reçus au pro­fit des vic­times, obéis­sant ain­si à l’éthique du sapeur-pom­pier de Paris.

Le sta­giaire du PECCH doit d’abord maî­tri­ser les connais­sances com­plètes de l’équipier VSAV. Ain­si, cette for­ma­tion s’inscrit dans la conti­nui­té d’une expé­rience et de savoirs pré­cé­dem­ment acquis.

L’encadrement est mixte, avec des for­ma­teurs de la com­pa­gnie de for­ma­tion n° 3, tous issus d’unités d’incendie, et des for­ma­teurs de la Divi­sion san­té, ce qui per­met d’aborder toutes les com­pé­tences du chef d’agrès VSAV avec une réelle synergie.

Être prêt. L’effort sur l’apprentissage du com­man­de­ment est por­té dès la pre­mière semaine afin que celui-ci soit exer­cé et éva­lué sur toute la durée de la for­ma­tion. L’apprentissage des com­pé­tences tech­niques en SSUAP débute ensuite avec des cours agré­men­tés de nom­breux RETEX et des ate­liers pra­tiques avec l’ajout régu­lier de nou­velles tech­niques. À l’issue de l’apprentissage théo­rique, les nou­velles connais­sances sont mises en appli­ca­tion lors de cas concrets cor­res­pon­dant tous à des inter­ven­tions réelles, afin de les pré­pa­rer aux opé­ra­tions, même rares. Chaque élève réa­lise ou observe plu­sieurs dizaines de cas concrets, ce qui per­met de contex­tua­li­ser de plu­sieurs façons le thème principal. 

L’accent est mis sur l’acquisition d’une méthode de tra­vail pour réa­li­ser les bilans de façon stan­dar­di­sée puis explo­rer les spé­ci­fi­ci­tés des situa­tions. Cet aspect métho­dique est garant d’efficacité et de sécu­ri­té pour la vic­time. En effet, si cer­taines situa­tions sont évi­dentes, d’autres le sont moins. La réa­li­sa­tion du bilan dans les règles, selon des pro­cé­dures éprou­vées, per­met de mettre en évi­dence des détresses mas­quées. Cette appli­ca­tion de la doc­trine contri­bue à la sécu­ri­té réglée.

Par­te­naire de confiance. L’enseignement des patho­lo­gies porte sur ce qui est néces­saire et suf­fi­sant pour com­prendre les situa­tions et pour faire du chef d’agrès VSAV un par­te­naire de confiance pour la coor­di­na­tion médi­cale. Au fil des ans et de la mise en place de filières de soins et de l’apparition d’outils tech­niques, la for­ma­tion s’est enri­chie. 
Elle cible la com­pré­hen­sion des situa­tions afin que les chefs d’agrès VSAV acquièrent une réelle conscience de situa­tion, préa­lable à une bonne déci­sion. Les cas concrets per­mettent de les entraî­ner à l’analyse des situa­tions, à la recon­nais­sance des détresses vitales, à la réa­li­sa­tion des gestes de sau­ve­garde, aux demandes de ren­fort, au contact à la coor­di­na­tion médi­cale, à la réa­li­sa­tion de la fiche bilan élec­tro­nique ain­si qu’à l’aspect tac­tique de l’intervention. Il ne s’agit plus de réa­li­ser un geste, tra­vail d’équipier, il s’agit de prendre en charge une vic­time dans sa glo­ba­li­té. Le fait de tra­vailler sur la com­pré­hen­sion per­met­tra le cas échéant de com­prendre la non-confor­mi­té d’une situa­tion et d’adapter la prise en charge.

Com­mu­ni­quer dans les règles. Au cours de ce stage sont aus­si abor­dées des com­pé­tences non tech­niques autres que le com­man­de­ment qui est, lui, le fil guide de la for­ma­tion. Un effort par­ti­cu­lier est consa­cré à la com­mu­ni­ca­tion. Ces habi­le­tés seront utiles au chef d’agrès VSAV tout au long de sa car­rière opé­ra­tion­nelle. Afin que l’équipe tra­vaille dans le même sens, la conscience de situa­tion doit être par­ta­gée. 
Si la com­mu­ni­ca­tion dans l’équipe obéit à cer­taines règles, le chef d’agrès VSAV doit savoir chan­ger de registre et de lan­gage pour s’adresser aux vic­times et à leur entou­rage. Il doit aus­si apprendre à recon­naître et gérer leur stress ain­si que conte­nir des situa­tions à fort reten­tis­se­ment psy­cho­lo­gique, y com­pris pour les sapeurs-pompiers. 

Pour par­faire ces com­pé­tences, les cas concrets, joués avec la pré­sence d’un méde­cin sur deux jours en der­nière semaine, consti­tuent un bon appren­tis­sage. Ils sont depuis peu ren­for­cés par des étu­diants en méde­cine qui jouent vic­times ou témoins, une plus-value qui per­met de mettre en évi­dence cer­taines dif­fi­cul­tés de com­mu­ni­ca­tion et de les cor­ri­ger. Jusqu’au der­nier jour, les débrie­fings res­tent formateurs.

Situa­tion dégra­dée. Enfin, si la majo­ri­té du temps est consa­crée à pré­pa­rer les inter­ven­tions cou­rantes, depuis les atten­tats de 2015, le stage se ter­mine par une situa­tion NOVI1 non conforme au quo­ti­dien où le chef d’agrès doit prendre des déci­sions en situa­tion com­plexe et dégra­dée. Il doit ain­si faire face à un manque ponc­tuel de moyens humains et maté­riels.
 
En com­plé­ment de la for­ma­tion ini­tiale, la for­ma­tion conti­nue du chef d’agrès VSAV per­met une fois par an de pré­sen­ter des nou­veau­tés et d’appuyer sur cer­taines thématiques.

1 : nom­breuses victimes


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