A la Une ! — Le général Arnaud de Cacqueray a pris le commandement de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, le 1er octobre dans la cour de l’état-major Champerret. Il a livré son premier ordre du jour que nous vous proposons ici, en texte et en vidéo.
Ordre du jour numéro 1
Officiers, sous-officiers, gradés et sapeurs,
Au plus jeune et moins gradé d’entre nous qui prend son poste sans ordre du jour, je tends aujourd’hui la main pour m’avancer vers notre drapeau. Avec lui, je m’incline, plein d’un immense respect pour les valeurs inscrites dans ses plis et qui transcendent nos engagements, justifient nos sacrifices et exaltent notre service : Honneur et Patrie, Dévouement et Discipline.
Ces quatre mots expliquent les centaines de noms que le souvenir des vivants a inscrits devant nous, sur la pierre blanche du monument aux morts des sapeurs-pompiers de Paris. Avec vous, je me recueille devant le trésor d’héroïsme et de générosité discrète qui s’est écrit ici quand, dans la fureur des combats ou la tension des interventions, le sacrifice de l’un d’entre nous était consenti. Ces noms reposent dans la communion des soldats qui sont morts pour la France et rappellent notre spécificité de grande unité militaire de l’arme du Génie au sein de l’armée de Terre.
Et remontent aujourd’hui dans nos mémoires les visages si jeunes de ceux qui n’ont jamais rompu leur contrat d’engagement et les regards dignes de leurs familles et de leurs proches…
Je voudrais conclure ce moment d’hommage par un au revoir respectueux et amical au général Dupré La Tour qui aura marqué la Brigade par sa devise si belle : Servir, Commander, Aimer, et qui l’aura conduite avec détermination et succès tout au long de ces deux années jusqu’au rendez-vous international des Jeux Olympiques et Paralympiques.
C’est à tous maintenant que je m’adresse. J’exprime ici solennellement la fierté, qui est mienne et qui est aussi celle des Français présents à Paris pendant les Jeux, d’avoir vécu sereinement cet événement mondial. Votre travail de préparation, comme un marathon antique, a été une épreuve d’endurance menée dans la discrétion pendant plusieurs années, dont l’effort final s’est concentré sur trente et un jours de compétition internationale. J’adresse mes félicitations à toute la Brigade qui s’est mobilisée sans compter durant cette période.
Et maintenant, je vous dis simplement : la mission continue. Elle continue comme au lendemain d’un gros feu ou d’une intervention marquante ; elle continue comme après les guerres, les révolutions ou les attentats ; elle continue comme après chaque rendez-vous que l’histoire de France ou de Paris nous a présenté. Deux cent treize ans plus tard, elle continue. Elle continue dans ce cycle ininterrompu qui conduit chacun de la voûte de Villeneuve-Saint-Georges, aujourd’hui de Limeil, à celle de Champerret.
Aux plus jeunes générations qui ont rejoint nos rangs, j’adresse mes fraternelles félicitations pour votre engagement. Vous incarnez l’altruisme du premier élan qui décide de se mettre librement au service des plus vulnérables, dans la joie de la camaraderie et de la vie de caserne.
À tous ceux qui portent la fonction de chef, je pense plus particulièrement aux chefs de centre, aux chefs d’atelier comme aux infirmiers majors et aux chefs de centre de formation, je demande la recherche permanente de l’équilibre entre bienveillance et exigence pour les plus jeunes d’entre nous qui rejoignent nos rangs.
De ceux qui sont investis de l’autorité du commandement, chefs de corps ou commandants d’unité, j’exige la réflexion dans l’exercice de l’autorité, le discernement dans la prise de décision, la détermination dans la conduite de l’action et la lutte contre toute forme d’excès dans le quotidien de leur métier.
Aux plus anciens qui ont construit leur vie professionnelle à la Brigade et ont franchi tous les échelons, je dis mon immense respect pour les parcours que vous avez accomplis et je vous appelle à rester les modèles de nos générations plus jeunes en leur inculquant humilité et discipline.
Comme ceux qui nous ont précédés, nous allons affronter des défis nouveaux, qu’ils soient techniques, sociaux ou environnementaux. Plus que d’autres peut-être, nous allons affronter l’incertitude. Mais comme eux, nous devrons les affronter ensemble, épaule contre épaule, soudés par notre détermination commune et unis dans cette cohésion si particulière à la Brigade. Comme nos anciens, nous serons habités par l’idée de transmettre ce que nous avons reçu, cet héritage bicentenaire de notre modèle singulier de sapeurs-pompiers militaires, engagés pour la protection des personnes et des biens de la capitale et ses communes voisines, au sein de la préfecture de Police.
Notre Brigade sera prête et fera face. À chacun, je dis ma détermination à travailler sans relâche dans la poursuite de ces objectifs, avec la volonté d’avancer ensemble dans un climat de confiance réciproque.
Chers sapeurs-pompiers de Paris, l’excellence ne se décrète pas, elle se construit.
L’idée de troupe d’élite ne se revendique pas, elle est décernée.
La reconnaissance ne se quémande pas, elle se reçoit avec gratitude.
Que chacune de vos interventions, y compris les plus humbles, que chacune de vos actions contribue à faire grandir la réputation des pompiers de Paris. Ce n’est pas seulement dans l’apothéose des grands feux qu’elle se nourrit. C’est aussi dans l’attention à la victime et le professionnalisme des plus petits engagements.
Je compte sur la détermination et la fidélité de chacun d’entre vous comme vous pouvez compter sur les miennes au service de notre unité magnifique.
Le général Arnaud de Cacqueray
commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris