#BrigadeInside — Depuis début décembre 2019, une nouvelle forme de syndrome respiratoire, analogue au SRAS, est apparue en Chine et plus particulièrement à Wuhan. Du nom scientifique COVID-19, il se veut particulièrement contagieux : il a atteint en quelques semaines des milliers de personnes et est déjà à l’origine de nombreux décès. Alertée seulement depuis janvier 2020, la France connaît quelques rares cas, principalement au sein de la région parisienne.
De nombreuses questions se posent : quels sont les risques de contagion ? Comment reconnaitre les symptômes ? Quelle est la prise en charge prévue en cas d’infection ?
Dans cette gestion interservices, la rédaction d’Allo18 s’est penchée sur le processus complet, dont le rôle joué par les sapeurs-pompiers de Paris.
COVID-19 : qui êtes-vous ?
Le ministère des Solidarités et de la Santé a élaboré une foire aux questions (FAQ), régulièrement actualisée. Elle apporte de nombreuses informations afin de faciliter la compréhension du coronavirus.
Pour l’essentiel, « les » coronavirus sont une grande famille de virus qui provoquent des maladies allant d’un simple rhume à des pathologies plus sévères comme le MERS ou le SRAS. Ce dernier avait notamment fait polémique en 2002 – 2003. La gestion à l’époque des autorités chinoises avait été jugée trop laxiste et avait conduit à la propagation du virus dans une trentaine de pays et au décès de plus de 700 personnes.
Pour le coronavirus en question, les symptômes principaux sont de la fièvre et des signes respiratoires de type toux ou essoufflement. À ce titre, il est avéré que la transmission du virus se réalise par des contacts dits directs, c’est-à-dire en face à face, à moins de 1 mètre de la personne malade au moment d’une toux, d’un éternuement ou lors d’une discussion en l’absence de mesures de protection efficaces. Certaines personnes présentes un risque avéré de complications (voir encadré “Patients à risque”).
Le ministère des solidarités et de la Santé à la manœuvre interservices
Plusieurs cas ont été recensés en France, notamment sur Paris et Bordeaux. Il s’agit exclusivement de personnes ayant séjourné à Wuhan ou des proches de ces personnes contaminées (famille ou médecin).
Devant l’inquiétude légitime de la population française, le ministère des Solidarités et de la Santé a mis en place plusieurs instruments concourant à l’information, la prévention et le traitement des cas suspects ou avérés. Véritable pilote de l’ensemble du processus, le ministère peut s’appuyer sur de nombreux acteurs de la chaine médicale et de secours dont l’ASR et le SAMU.
De ce fait, toute personne exposée directement ou indirectement, et qui présente des signes cliniques dans les 14 jours suivant cette exposition, est invitée à porter à la connaissance du SAMU (appel au 15) leurs symptômes.
Quelle est la procédure de prise en charge pour les cas suspects en France ?
Le cas suspect identifié par un professionnel de santé est signalé au 15 (le patient, dans le doute, peut aussi appeler le 15). Le SAMU se met en lien avec l’infectiologue référent le plus proche. À l’issue d’un questionnaire, le cas est classé en possible ou exclu. S’il est un cas possible, il est alors pris en charge et isolé dans un service d’infectiologie. Si une infection à coronavirus est exclue, il est pris en charge par son médecin traitant, comme habituellement.
Le rôle de la BSPP et l’adaptation des mesures
Face à cette menace, la BSPP, acteur du secours d’urgence, se met en ordre de bataille, à son niveau.
Lors du traitement des appels au 18 – 112, l’opérateur doit rechercher les éléments concernant un cas possible d’infection à coronavirus. Lorsqu’un opérateur est en présence d’un cas supposé être lié à cette pathologie, deux cas se présentent alors à lui :
- s’il n’y a pas de détresse vitale supposée ou détectée : l’opérateur transfère directement le requérant au centre de régulation du SAMU 15 territorialement concerné en spécifiant « suspicion d’infection à coronavirus de Chine » à son interlocuteur.
- en cas de détresse supposée ou détectée par l’opérateur : il envoie le moyen de prompt secours adéquat et avise le médecin coordinateur.
Dans le cas d’une suspicion d’infection au COVID-19 sur Paris et la petite couronne, le SAMU demandera à la BSPP un transfert sanitaire. Ces derniers, sous couvert d’un protocole, déposeront la victime dans le centre d’infectiologie indiqué par le centre de régulation du SAMU.
Les intervenants sont prévenus de la nature de l’intervention, leur permettant notamment d’appliquer les mesures de protection suivantes :
- Le personnel de l’engin s’équipe, avant l’arrivée sur les lieux, de lunettes de protection, d’un masque type FFP2 (contenant un filtre), de gants d’examens en vinyle à usage unique et d’une casaque à usage unique ;
- La victime est équipée d’un masque chirurgical simple ou d’un masque à oxygène au besoin ;
- Un contact est établi avec le SAMU et le médecin coordinateur sapeur-pompier de Paris ;
- Des mesures de précaution sont indiquées aux personnes partageant le lieu de vie (elles sont invitées à rester chez elle et prendre contact avec leur médecin traitant) ;
- A l’issue de l’intervention, le personnel suit une procédure de désinfection stricte de l’engin et de lavage des mains.
Et si vous adoptiez les bons gestes ?
À ce stade, il n’y a pas de recommandations particulières pour la population. Comme pour l’épisode actuel de grippe saisonnière, les mesures barrières (tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, porter un masque, se laver régulièrement les mains) sont efficaces.
Le port du masque chirurgical (que l’on trouve en pharmacie) pour les personnes malades fait partie des gestes barrières recommandés pour limiter la propagation des virus hivernaux.
En revanche, comme pour toute maladie, la responsabilisation de chacun est de mise : rester au maximum chez soi pour éviter de contaminer une personne tierce, éviter les contacts, demander conseil à son médecin traitant.
Le ministère des Solidarités et de la Santé n’a pas émis de restriction particulière sur les voyages et transports intérieurs. Seules des mesures d’isolement et de quarantaine sont prononcés à l’égard des rares cas français et des rapatriés. Ces mesures ont déjà porté leurs fruits dans le passé, permettant un endiguement total, le 2 juillet 2003, du SRAS selon l’institut Pasteur.
Patients à risque avéré de complication
- Age > 65 ans
- Age < 1 an et ancien prématuré
- Femmes enceintes
- Maladie cardiaque chronique (insuffisance cardiaque, cardiopathie ischémique, etc…)
- Maladie respiratoire chronique (asthme, BPCO, mucoviscidose, IRC, etc…)
- Maladie neurologique (AVC, myopathie, encéphalopathie, etc…)
- Autre maladie chronique (diabète, insuffisance rénale, etc)
- Immunodéprimés