DÉCOUVERTE — Centre de suivi opérationnel : un rôle essentiel

 — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 09 h 03 

Grands formats — Opérateur de l’ombre, le centre de suivi opérationnel (CSO) a pourtant un rôle primordial lors des interventions de la Brigade. Celui du 2e groupement d’incendie et de secours (GIS) nous ouvre ses portes à Masséna. Immersion dans une salle stratégique de la chaîne des secours.

La pièce du CSO est plus petite qu’on ne pour­rait l’imaginer, contras­tant ain­si avec le mas­to­donte de la caserne de Mas­sé­na qui l’abrite. Pas bien grande, mais suf­fi­sante pour tra­vailler en sym­biose. Ses murs blancs sont tapis­sés de notes et infor­ma­tions indis­pen­sables au bon fonc­tion­ne­ment du CSO. Les cinq postes de tra­vail sont dis­po­sés pour que tout le monde puisse se voir. Le bureau du sous-offi­cier sta­tique, qui n’est autre que le chef du CSO, est lumi­neux. Pla­cé face à la fenêtre et à ses opé­ra­teurs, il a un œil sur tout ce qui se passe dans la pièce mais aus­si sur son sec­teur. En effet, à sa droite, une télé­vi­sion dif­fuse les infor­ma­tions en conti­nu. Sur son bureau figure la liste de toutes les per­sonnes de garde durant la jour­née, ain­si que le calen­drier des évé­ne­ments par­ti­cu­liers des pro­chaines 24 heures. Le calme de la salle est régu­liè­re­ment inter­rom­pu par les son­ne­ries des télé­phones, mais pas de quoi désta­bi­li­ser la rigueur de l’équipe.
Mar­di 29 novembre 2022, 13 h 00. Le ser­gent Salim Beld­ji­la­li n’a pas eu une seconde pour lui depuis le retour de sa séance de sport. Pas le temps de prendre une douche, ni même de déjeu­ner. Le télé­phone ne cesse de son­ner. Pour être sous-offi­cier sta­tique, il ne faut pas res­ter immo­bile !
En fonc­tion depuis 7 heures ce matin et jusqu’à 7 heures le len­de­main, il fait une trans­mis­sion des consignes avec le sous-offi­cier sta­tique qu’il rem­place. Le ser­gent le sait d’avance, cette jour­née sera loin d’être la plus calme de sa car­rière. Au pro­gramme aujourd’hui : quatre exer­cices ! Sans comp­ter tous les appels à trai­ter en urgence. Beau­coup d’appels mais un seul cre­do : l’opérationnel avant tout. Ce mot a été au cœur de toute la car­rière du ser­gent. Après avoir pas­sé plus de onze ans en com­pa­gnie d’incendie et de secours, il intègre le CSO du 1er GIS en 2019 en tant qu’opérateur chef d’équipe. Il obtient ensuite la qua­li­fi­ca­tion chef de salle opé­ra­tion­nel lui per­met­tant ain­si de rejoindre le CSO du 2e GIS le 1er jan­vier 2022.
Le télé­phone comme meilleur allié. Le bureau du ser­gent Beld­ji­la­li est un centre opé­ra­tion­nel à lui tout seul : un télé­phone fixe, un télé­phone dédié au com­man­de­ment et un télé­phone en ligne directe avec les opé­ra­teurs ; le « trio », comme il l’appelle. Tel un chef d’orchestre, il oscille entre les dif­fé­rents com­bi­nés pour ren­sei­gner ses inter­lo­cu­teurs. Par­fois, les télé­phones sonnent en même temps, mais pas de quoi agi­ter le ser­gent, qui finit tou­jours par contrô­ler le flux. Il faut dire que son équipe est d’une grande aide. Com­po­sée de trois binômes d’opérateurs en poste pen­dant 24 heures, elle s’occupe de la par­tie mes­sa­ge­rie opérationnelle.

Trois binômes d’opérateurs sont en poste pen­dant 24 heures.

Des hommes dans les engins. Ils ne sont pas nom­breux, mais ils sont déter­mi­nants lors des inter­ven­tions. En effet, le CSO gère toute l’activité opé­ra­tion­nelle des engins du 2e GIS. En étroite rela­tion avec le centre opé­ra­tion­nel (CO), pre­mier maillon de la chaîne, le CSO doit suivre les ordres de départ et hono­rer les demandes de moyens. Dans chaque engin, der­rière chaque inter­ven­tion, il y a des hommes. Le ser­gent Beld­ji­la­li ne l’oublie jamais. Le fac­teur humain entre en compte à cha­cune de ses prises déci­sions, comme nous avons pu le consta­ter dans l’une de ses nom­breuses conver­sa­tions télé­pho­niques lors de notre pré­sence : « Le four­gon de Saint-Maur, il va peut-être fal­loir qu’il mange, s’inquiète le sta­tique. Qu’en pense le chef d’agrès, il se sent d’attaque pour faire un exercice ? ».

Anti­ci­per pour mieux maî­tri­ser. Pour gérer sa salle d’une main de maître, le sous-offi­cier sta­tique peut s’appuyer sur de nom­breux outils. Par­mi eux, deux écrans lui per­mettent de visua­li­ser la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle. Le pre­mier car­to­gra­phie en temps réel les sec­teurs qui sont plus lésés que d’autres en termes de moyens. Ain­si, lorsqu’une par­tie de l’écran devient rouge, le ser­gent sait qu’il n’a plus d’engins dis­po­nibles à cet endroit pré­cis. Le second écran indique la capa­ci­té des VSAV et des engins-pompes sur l’ensemble de la Bri­gade.
Ces outils per­mettent au ser­gent de ne jamais être pris au dépour­vu. L’anticipation sonne d’ailleurs comme un axiome. En cas d’épisode météo­ro­lo­gique de grande ampleur (crue, orage, neige, etc.) ou de mani­fes­ta­tions, la pos­ture « crise » peut être acti­vée. Cela cor­res­pond à une situa­tion qui, à moyen ou long terme, impacte la BSPP dans son fonc­tion­ne­ment quo­ti­dien sur tout ou par­tie de son sec­teur de com­pé­tences. Répu­blique, Bas­tille, Nation, Châ­te­let ou encore Place d’Italie sont autant de lieux sur le sec­teur du 2e GIS uti­li­sés lors de mani­fes­ta­tions. Lorsque la pos­ture crise est déclen­chée, le CSO doit bâtir une struc­ture char­gée de mettre en œuvre les ordres de l’État-major opé­ra­tion­nel (EMO). Pour ce faire, le centre a pour annexe une salle de crise. Une grande carte de Paris où figurent les centres de secours habille le mur. On aper­çoit encore, tra­cé au feutre, le par­cours de la der­nière mani­fes­ta­tion. Ce jour-là, les mani­fes­tants pas­saient au pied du centre de secours de Par­men­tier. Le ser­gent avait été contraint de délo­ca­li­ser les engins de la caserne dans une autre rue pour pas que les départs sur inter­ven­tions ne soient for­te­ment ralen­tis.
En somme, conclut le ser­gent, « lorsqu’on est sous-offi­cier sta­tique, aucune jour­née ne se res­semble ». C’est sans nul doute ça qui plaît au ser­gent Beld­ji­la­li mal­gré la charge men­tale, la rigueur et l’organisation qu’imposent son métier.
En 2021, 135 378 inter­ven­tions ont été gérées par le CSO du 2e GIS, soit 370 par jour. 2023 n’en est qu’à son pré­am­bule, mais on ima­gine sans trop d’effort que le rythme du CSO ne ralen­ti­ra pas.

Photos : CPL Nicolas Breiner

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