#BrigadeInside — Avant de devenir sapeur-pompier de Paris à part entière, la Brigade offre la possibilité, dès 11 ans, d’acquérir les premières bases des métiers de la sécurité. Sous la dénomination de dispositifs jeunesse, différents cursus allant du niveau collège au BTS sont proposés. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de cette section qui construit l’avenir de la BSPP.
« Il y a une méconnaissance assez frappante des dispositifs jeunesse au sein de la Brigade ». Le message du capitaine Laurent Leclercq est clair : il y a une nécessité pour la BSPP de les valoriser. Depuis 2018, il a pris en main la section dispositifs jeunesse pour la refonder et lui donner du sens. Aujourd’hui, avec son équipe, il tente avec véhémence auprès des jeunes, de redorer le blason d’une formation souvent méconnue, presque délaissée. Le chef de la section est convaincu que « l’expérience acquise dans ces dispositifs jeunesse pourrait servir à améliorer les compétences en interne Brigade, notamment en termes d’encadrement. Il faut s’en servir pour placer nos problématiques, en particulier les appels abusifs, les agressions et l’accueil des secours, notamment dans les quartiers difficiles ». Son objectif ? Créer ce qu’il appelle le continuum Brigade, un cursus démarrant dès le collège et allant jusqu’au bac voire plus encore. Décryptage d’une structure ambitieuse.
Les jeunes pousses
« Il faut bien comprendre que notre travail est en amont du recrutement BSPP » explique le capitaine Leclercq. Tout commence avec l’école ouverte, ce programme qui concerne les jeunes collégiens de 11 à 14 ans des établissements d’un réseau d’éducation prioritaire (REP). Encadré par l’association nationale des anciens cadres d’active des pompiers de Paris (ANACAPP), il propose aux adolescents deux jours de formation pendant les vacances scolaires d’avril, de juillet ou d’octobre. Les thèmes abordés ont pour but de sensibiliser aux accidents de la vie courante et de les éduquer à un comportement citoyen. « On les prépare à empêcher l’accident, à en reconnaître certains signes mais aussi à connaître les réflexes à avoir chez eux, à l’école et dans la rue » ajoute le chef de la section. « Depuis 2005, on en est à 4 648 élèves formés ». À raison d’environ 300 enfants par an, l’école ouverte contribue à l’éducation des jeunes de ces zones en difficulté. De quoi leur donner des armes mais aussi l’envie de continuer leur formation au sein des cadets de la sécurité civile (CSC).
« Les CSC sont, cette année, répartis sur six établissements du rectorat de Paris, poursuit le capitaine. Sans ce dernier qui le finance entièrement, ce programme n’existerait pas ». 90 jeunes collégiens de classes de 4e et 3e bénéficient de cette formation, conduite une fois de plus par l’ANACAPP. Ces jeunes sont sensibilisés aux comportements de prévention. Pour le capitaine Leclercq, « c’est aussi l’occasion de leur faire passer le PSC1, c’est le minimum que nous puissions faire ». Le programme des CSC, en plus d’offrir une vitrine de la Brigade et de ses dispositifs, peut permettre aux jeunes d’obtenir une place prioritaire pour les stages de découverte de 3e.
Pourtant, le chef de la section sait qu’il existe encore certaines zones d’ombre. « Le stage de 3e est à repenser complètement. Même pour une simple semaine, la plupart des jeunes sont considérés comme des charges et nos sapeurs-pompiers ne savent pas quoi en faire ». Une situation qui mérite un vrai programme ainsi que de vrais objectifs. « L’important avec ces dispositifs, c’est la sensibilisation auprès des jeunes. On est présent pour les faire avancer dans la vie civile et professionnelle, les faire grandir, pas pour les recruter … enfin, pas avec ces dispositifs-là. »
Une diversité florissante
Géré par l’adjudant-chef Franck Reibel, le groupe des jeunes sapeurs-pompiers de Paris (JSPP) répond à un besoin de modernisation et d’adaptation. Accueillant chaque année 90 à 120 jeunes de 15 à 18 ans, ces derniers s’inscrivent pour une formation de trois ans où ils seront présents 30 samedis par an en caserne, encadrés dans des unités de formation. « Pendant les deux premières années, on leur fait passer de nombreux diplômes (PSE1, module ARICOT et le brevet national JSP), et ils s’habituent aux centres de secours ». Pour la troisième et dernière année, une formation professionnelle est de mise : PSE2, PRAP, H0B0, SST ou encore SSIAP1 sont passés par ces jeunes qui finissent par être « surdiplômés ». Cette dernière année est suivie de près par les entreprises du secteur de la sécurité. Ces formations peuvent être proposées grâce, entre autres, à la perception de la taxe d’apprentissage versée au centre de formation d’apprentis (CFA) de la BSPP.
C’est à ce moment précis que le premier objectif du dispositif des JSPP se révèle : augmenter les compétences de ces jeunes sur le secteur parisien afin qu’ils soient recrutés en entreprise. Depuis 2005, 52 % des 600 JSPP brevetés sont entrés dans les rangs de la BSPP, soit en étant réserviste, soit en étant incorporé. Pour le chef de la section ce n’est pas suffisant, « nous devons aller encore plus loin. Mais pour cela, il faut une contrepartie ». En effet, pour éviter de repasser les mêmes épreuves à la formation initiale, des pistes d’allègement de la durée au GFIS sont envisagées pour les anciens JSPP. Un sujet que la Brigade rencontre aussi chez les volontaires service civique (VSC) et les bac pro.
« Les VSC font dix mois à la Brigade à raison de trois à quatre gardes par mois, comme 3e ou 4e dans un véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV). Le but c’est qu’ils acquièrent de l’expérience pour leurs projets futurs mais puisqu’on les a eus autant de temps et qu’on les a formés, bien sûr qu’on tente aussi de les recruter ». Formés au SAV à Port-Royal sur douze jours, les 200 à 250 VSC par an constituent un public important pour l’adjudant-chef David Ziolkowski, chef de ce groupe. Âgés de 18 à 25 ans, ils sont pour la plupart déjà diplômés (de bac à bac+5) et bénéficient d’une formation plus complète avec un investissement élevé de l’ANACAPP. « Le seul problème, ajoute le capitaine Leclercq, c’est quand ils arrivent incorporés après leurs 10 mois de VSC : ils se retrouvent à repasser le SAV à Villeneuve ». De quoi en décourager certains même si leur taux d’attrition est l’un des plus faibles de la Brigade. Véritable travail de fond, la section dispositifs jeunesse envisage, comme pour les JSPP, d’alléger leur formation à Villeneuve-Saint-Georges. « Le but, ce n’est pas de recruter plus, c’est de recruter mieux » et pour les bacs professionnels, cette vision est d’autant plus vraie.
Un recrutement arborescent
Les bacs pro de la Brigade concernent trois rectorats, dix lycées et douze classes pour un total de 400 élèves par an. Conventionnés avec la Brigade, ces jeunes suivent un cursus métier de la sécurité (MS) et effectuent leur formation professionnelle au sein de la BSPP. Ce dispositif, géré par le sergent-chef Kevin Saindrenan, se déroule en partie à Masséna pour les cours théoriques et manœuvres, ainsi qu’à Port-Royal pour les cours de secourisme (PSE 1 et 2), délivrés sous agrément par l’ASASPP. Certains d’entre eux ont, en plus, la possibilité d’effectuer une immersion de plusieurs semaines en compagnie d’incendie, où ils sont amenés à participer aux interventions en 4e homme au VSAV.
Globalement, ces dispositifs jeunesse concernent toute la Brigade. Du BORH à la DIV SAN en passant par le CFSAV notamment, la section est en collaboration avec une multitude de services et de sites. Au total, plus de 1 000 élèves sont recensés par an, soit l‘équivalent des objectifs du recrutement de la Brigade. Les retours sont excellents, ces dispositifs contribuent à la citoyenneté et à la résilience de la plaque parisienne. « On est quand même très surpris. Ils sont exceptionnels et je peux dire qu’on est réconcilié avec la jeunesse. Maintenant, nous devons moderniser tout ça pour leur fournir la meilleure expérience et formation possible ». Avant de conclure, « on a tendance à considérer ces jeunes comme une charge. Pourtant, ils sont une plus-value ! Et si on les considère comme tels, alors ce n’est plus une charge, c’est un investissement ».
Comment devenir JSPP ?
Chaque année, entre 90 et 120 jeunes franciliens de Paris et la petite couronne rejoignent la section des jeunes sapeurs-pompiers de Paris de l’Association Sportive et Artistique des Sapeurs-Pompiers de Paris (ASASPP). Pendant cette formation de deux ans, intense et enrichissante humainement à la fois, les stagiaires vont vivre :
- Une formation militaire, civique et citoyenne ;
- Une formation secourisme (PSE1) ;
- Une formation sauvetage et incendie ;
- Des entrainements, des activités et épreuves sportives.
À l’issue de ces deux années de formation JSP et de l’année de formation professionnelle, les JSPP sont titulaires de diplômes reconnus par les professionnels des métiers de la sécurité incendie et de l’entreprise.
Conditions et candidature : ICI
Etre volontaire au service civique…
Tous les jeunes Franciliens entre 18 et 25 ans, salariés, étudiants ou encore demandeurs d’emplois ont la possibilité de se rendre utile en effectuant des missions de secours sur le secteur de la Brigade. A l’issue d’une formation de secourisme de 12 jours, les volontaires au service civique (VSC) seront affectés à un centre d’incendie et de secours. Ils seront alors intégrés à une équipe opérationnelle dans un véhicule de secours à personnes (VSAV), à raison de 24 heures par semaine. Action valorisante pour les jeunes gens qui désirent s’investir dans la cité, cette activité donne le droit à une indemnisation mensuelle. Riche en adrénaline et en expériences humaines, ce dispositif permet aux volontaires de vivre autrement qu’en spectateur le quotidien des sapeurs-pompiers de Paris.
Conditions et candidature : ICI
Nouveau : les stages animateurs JSPP
Depuis janvier 2020, des stages pour les animateurs JSPP sont mis en place par la section dispositifs jeunesse. Au programme : une formation leur offrant une équivalence BAFA ainsi que des compétences spécifiques utilisables pour les JSPP. Les thématiques portent sur la compréhension des adolescents, le harcèlement ou encore la préparation de séances de sport adaptées aux jeunes.
Ils sont incontournables
L’association sportive et artistique des sapeurs-pompiers de Paris (ASASPP) et l’association nationale des anciens cadres d’active des pompiers de Paris (ANACAPP) sont incontournables dans le fonctionnement des dispositifs jeunesse. Sans eux, ces derniers seraient des coquilles vides. L’ASASPP représente le levier secourisme de tous les dispositifs jeunesse, l’agrément secourisme de la Brigade n’étant utilisable que pour le personnel, elle est inadaptée à la formation civile. Les 50 formateurs de l’ASASPP utilisés par la section sont donc des formateurs Brigade qui, pendant leurs jours de repos, au travers de leur vacation associative, travaillent pour la Brigade et augmentent de ce fait leur pouvoir d’achat. L’ANACAPP, quant à elle, s’occupe du déroulement de nombreux dispositifs comme les CSC ou l’école ouverte. La section fait globalement état de support et d’organisation tandis que ces associations apportent le volet formation.