Grands formats — Héritière des missions des sapeurs-pompiers électriciens puis du service télécommunications et informatique jusqu’en 2013, la division numérique est la dernière-née des six divisions constituant actuellement l’état-major de la Brigade.
Ce choix du commandement de créer, depuis le 1er janvier 2023, une division en charge des Systèmes d’information et de communication (SIC) repose principalement sur le constat d’une numérisation croissante de notre société, tendance clairement établie que la Brigade doit accompagner pour disposer de solutions modernes, interopérables avec nos partenaires, sécurisées et répondant au mieux à ses exigences opérationnelles, aux besoins de la population défendue, mais également aux attentes des pompiers de Paris. Pour répondre aux ambitions de la Brigade, la DIV NUM s’est ainsi organisée en trois bureaux distincts, aux missions spécifiques et complémentaires.
Planification. Premier maillon de la DIVNUM, le Bureau planification numérique (BPNUM), anciennement appelé BOSI (bureau organisation des systèmes d’information) est chargé du recueil des nouveaux besoins numériques avec, en corollaire, la gestion des lignes budgétaires et des marchés publics de la division, ce qui impose un travail minutieux de planification et de suivi des dépenses informatiques.
Le BPNUM compte également dans ses rangs des spécialistes en charge de la cartographie logicielle, qui recensent les informations sur le patrimoine applicatif Brigade et d’autres militaires responsables de la relation client, de la gestion des formations ou encore de la comptabilité de la totalité de ses équipements SIC.
Une fois les nouveaux projets informatiques validés et financés par le commandement en comité de pilotage numérique, instance organisée trois fois par an par le BPNUM sous le contrôle du chef de la DIV NUM, la conduite des projets passe sous la responsabilité du Bureau conception numérique (BCNUM) qui possède l’ensemble des expertises techniques pour développer des applications sur mesure, destinées à répondre à des besoins spécifiques de la Brigade prioritairement dans le champ opérationnel, mais également sur l’ensemble du spectre des missions de la BSPP (soutien, administration, santé, etc.).
Conception. De nombreuses solutions ont vu le jour depuis ces dernières années comme RIM pour la partie santé (période COVID), GEOPS et REVOPS pour les opérations ou encore MAPALA (Mange pas là) pour le soutien, sans oublier les nouveaux annuaires et portail Intranet. Pour toutes les solutions acquises « sur étagère » auprès d’éditeurs de logiciels du commerce, les chefs de projets du BCNUM ont pour principale mission d’étudier leurs caractéristiques afin de garantir in fine leur parfaite intégration dans l’infrastructure informatique BSPP et le strict respect de nos règles de sécurité propres, en définitive validés par une procédure d’homologation obligatoire.
Le BCNUM compte bien entendu dans ses rangs les cadres qui ont été à l’origine du développement de notre actuel système de gestion des opérations Adagio, au début des années 2010 au profit duquel ils prodiguent toujours périodiquement quelques opérations de maintenance, voire des évolutions comme actuellement la création du CS Olympique en vue des JOP 2024. Jusqu’à l’arrivée de son successeur, le système national « NexSIS/Secourir » prévu en 2024/2025 et développé par l’agence du numérique de la sécurité civile (organisme rattaché à la DGSCGC), Adagio demeure, en effet, le couteau suisse de la chaîne opérationnelle de la BSPP, dont les flux de données irriguent depuis le centre opérationnel de Champerret, où arrivent tous les appels d’urgence de l’agglomération parisienne, jusqu’au plus éloigné des centres de secours. L’infrastructure téléphonique de réception des appels d’urgence 18 – 112 et ADAGIO forment ainsi un binôme indissociable qui a montré sa résilience exceptionnelle en traversant de très nombreuses crises (attentats, événements climatiques, violences urbaines ou encore la période des « gilets jaunes ». Pour cette raison, il restera le système de référence au sein de la plateforme d’appels d’urgence police-pompiers pour la période à venir des jeux olympiques en 2024.
C’est également au sein du BCNUM qu’opèrent les spécialistes en base de données responsables du volet informatique décisionnel de la BSPP. Ils œuvrent en soutien d’autres entités au premier rang desquelles se situe la Section informatique opérationnelle (SIOP) de la division emploi, plus particulièrement en charge des statistiques opérationnelles à destination du commandement, de la préfecture de Police et de nombreux partenaires institutionnels.
Opération. Troisième maillon de la chaîne numérique Brigade, le Bureau opérations numériques (BONUM) doit s’assurer que les nouveaux projets développés ou portés par le BCNUM possèdent les prérequis en termes de critères techniques, d’homologation de sécurité et de documentation pour être mis en exploitation. Ce rôle important du BONUM peut être comparé à celui d’un organisme certificateur indépendant qui autorise ou non la « commercialisation » d’un système, dont la responsabilité en termes de mise en service et de maintien en condition opérationnelle reviendra ensuite aux hommes de la Compagnie de télécommunications et informatique (CTI), compagnie métier spécialisée SIC, dernier maillon de la chaîne numérique placée sous l’autorité du Groupement de soutiens et de secours (GSS).
Profitons de cette occasion pour faire un peu d’histoire en rappelant que jusqu’en 2013, la CTI était directement intégrée au service télécommunications et informatique pour ne former qu’une seule et même entité. À cette date, une réforme du soutien a eu pour effet de dissocier les différents services (SIC-INFRA-SH-MAINTENANCE) d’une part en bureaux (niveau ingénierie — conception) rattachés à l’état-major, et d’autre part en compagnies métiers (niveau mise en œuvre — exécution) rattachées au GSS. Il a fallu attendre 2015 pour que la CTI voit réellement le jour puisque de 2013 à 2015, ce fût uniquement une section, la Section télécommunications et informatique (STI). Elle portait les missions SIC en restant subordonnée à la Compagnie de commandement et de transmissions (CCT) du GSS, qui forme et arme le centre opérationnel en personnel qualifié appelé « opérateurs de prise d’appels ».
Les missions du BONUM ne s’arrêtent pas ici. Ce bureau est chargé de la gestion des projets dits « opérateurs », mission qui contribue au renouvellement et au maintien à niveau de l’infrastructure technique SIC de la BSPP (réseaux, serveurs, systèmes de sauvegarde et de sécurité… avec leurs licences, abonnements et contrats de maintenance associés). Il porte également le volet continuité d’activité de la division numérique, comme la mise à jour du Plan de continuité et de reprise informatique (PCI/PRI) du centre opérationnel.
Faisant l’objet d’une attention permanente et de nombreuses visites d’autorités, le centre opérationnel de Champerret représente à la fois le cœur et la vitrine des systèmes d’information de la BSPP. La fourniture d’une multitude de services numériques est attendue par de très nombreuses entités qui y ont implanté leur « siège » : plateforme d’appels d’urgence 17 – 18-112 (PFAU), locaux cadres DSPAP, salle de débordement niveau 1 PFAU, état-major opérationnel niveaux 1 à 3 (EMO), Coordination médicale (CM), Centres de suivi opérationnel de secours (CSO back-up), sans oublier les bureaux et sections de la division emploi et les groupes spécialisés de la CTI qui y travaillent 24h/24.
Division. La description des missions des trois bureaux numériques ne peut néanmoins s’achever sans expliquer brièvement le rôle attendu par le responsable de cette nouvelle division. Au-delà de la coordination des entités placées sous sa responsabilité, le chef de la division numérique doit être en mesure de traduire l’ensemble des besoins, ordres et consignes du commandement en actions à conduire par la chaîne SIC Brigade. Et cela, en respectant le cadre strict défini par le plan stratégique et de transformation numérique, les impératifs de sécurité informatique, les contraintes organisationnelles (RH, vie courante, restructuration…) et les contingences budgétaires (arbitrage, priorisation opérationnelle des dépenses, délais).
Pour ce faire, il doit tisser un réseau de confiance avec les partenaires SIC extérieurs de la Brigade (PP, DGSCGC, DIRISI…), l’ensemble des responsables des groupements, divisions et bureaux, participer à la rédaction et prendre connaissance en permanence des directives, notes et ordre d’opérations du commandement pour en garantir une bonne retransmission et compréhension par ses équipes.
Dans le sens amont, le chef de division numérique doit expliquer et conseiller l’état-major pris au sens large sur les spécificités propres aux services numériques en production, à renouveler ou encore à acquérir (avantages, inconvénients, résilience, niveau de sécurité). Pour cela, il est en charge de la mise à jour périodique du schéma directeur SIC BSPP ; il s’appuie également sur les instances d’une part du comité de pilotage numérique dont il assume la gouvernance et d’autre part du comité de pilotage soutien organisé par le Bureau pilotage audit contrôle (BPAC) où il rend compte directement au général, commandant la Brigade, avec ses chefs de bureaux des avancées des projets numériques majeurs.
texte : Lieutenant-colonel Philippe Storaci — officier transformation numérique
LA 47e COMPAGNIE SUR TOUS LES FRONTS
La 47e compagnie contribue, de manière certes discrète, mais permanente, à l’engagement opérationnel de la Brigade autour duquel gravitent toutes ses activités. Dans l’ombre, elle soutient et administre les équipements ainsi que les systèmes d’information, tout en maintenant en condition les outils opérationnels.
La 47e compagnie, Compagnie de télécommunications et informatique (CTI) est répartie sur les sites de Saint-Ouen et de Champerret. Comme les autres compagnies du Groupement de soutiens et de secours (GSS), cette compagnie de sapeurs-pompiers spécialistes est au service de tous les sapeurs-pompiers de Paris.
La 47e compagnie constitue l’échelon d’exécution du domaine SIC (Systèmes d’Information et de communication). Elle assure en cela trois grands services opérationnels : les communications radios, l’informatique fixe et embarquée ainsi que la téléphonie. Grâce à ces trois composantes, la compagnie garantit la résilience des SIC, offrant à la chaîne emploi un choix très vaste de possibilités dans l’organisation de la réponse opérationnelle.
Une organisation en plusieurs niveaux. Chaque jour, plusieurs techniciens assurent une veille active, prête à prendre en compte les besoins du commandement et les dépannages opérationnels ne trouvant pas de solution de contournement. Ultime recours en cas de black-out sur les communications, le Groupe de soutien aux télécommunications (GST) constitue une solution à lui seul en fournissant une composante satellite de secours – grâce au Véhicule d’appui aux communications (VAC) – et radio grâce au Véhicule de soutien télécommunications et informatique (VSTI).
Très réactive, la 47e compagnie a organisé sa réponse opérationnelle, créant un CO numérique, comprenant trois niveaux de prise en charge des difficultés SIC. Ce nouveau centre de supervision et d’intervention à distance ne sera pleinement actif qu’une fois terminé le déménagement de la compagnie dans ses futurs locaux du site de Limeil-Brévannes.
Au quotidien, la BSPP utilise un réseau Intranet composé d’une multitude de systèmes d’informations déployés par métiers, échangeant des données entre eux sur 82 sites différents. Cet écosystème est performant, mais sensible. La 47e compagnie met en place, entretient, organise, adapte et dépanne selon ses ressources, dans le but de fournir à chaque utilisateur les moyens de réaliser son travail numérique. Pleinement actrice des projets de la division numérique, la compagnie est au cœur de toutes les actions techniques, respectant un cycle de vie particulier selon que l’on gère des matériels, des logiciels ou des données. En lien direct et étroit avec les opérateurs (Orange, SFR, Bouygues, CÉLESTE, INPT, etc.) et les services extérieurs (Industriels, PP, DIRISI, etc.), la compagnie interconnecte les réseaux.
Face aux nouvelles menaces, la 47e compagnie assume également la charge de mettre en œuvre les mesures de protection contre les attaques cybers en réalisant le paramétrage et la configuration des équipements de sécurité ordonnée par la section Sécurité des systèmes d’information (SSI) du cabinet du général.
Une compagnie au cœur de la résilience numérique. Les métiers de l’informatique sont aujourd’hui tellement spécialisés qu’il semble utopique de trouver des solutions sans faire appel à une force collective d’experts complémentaires. Ainsi, il n’est pas rare que la maîtrise des systèmes et technologies les plus complexes n’intervienne qu’après une dizaine d’années d’existence du métier au sein du même groupe. De plus, les évolutions étant constantes, ce qui est vrai cette année sera peut-être obsolète l’année prochaine. La conséquence majeure de cette situation est que la 47e compagnie ne dispose pas toujours des compétences en nombre suffisant. Il lui faut donc sans cesse s’adapter et faire preuve d’une grande agilité intellectuelle pour tenir à jour ses référentiels. Malgré tout, fidèle à la devise du GSS « semper et ubique », la 47 répond toujours présente. C’est sa force, au service de tous et de chacun.