Grands formats — Le 15 avril 2019, la France découvre le robot REX, combattant les flammes lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Ce robot symbolise, à lui seul, les progrès technologiques en matière de lutte contre l’incendie. Les procédés innovants avancent à pas de géant. En tant qu’acteur majeur du secours, la brigade de sapeurs-pompiers de Paris a dû prendre part à ce virage technologique.
Dès 2015, sous l’impulsion du commandement de la BSPP, la recherche d’un robot capable d’appuyer les soldats du feu sur intervention est lancée. Une seule question s’est posée : comment accroître la sécurité du sapeur-pompier de Paris tout en gagnant en efficacité ? Le bureau études et prospective (BEP) s’interroge alors sur l’emploi de la robotique. Éloigner le sapeur-pompier de certains dangers, engager plus rapidement un moyen télécommandé afin de ralentir le développement d’un sinistre ou encore faciliter la progression des équipes en mettant une « mule » à leur disposition, tels sont les objectifs avancés. De là vient l’idée de la PROM, pour « plateforme robotisée multifonction ». Conçue par une entreprise spécialisée basée à la Rochelle, en partenariat avec la BSPP, la PROM (modèle d’expérimentation) est, en fait, une capacité de transport robuste. équipée de quatre grosses chenilles, sur laquelle une gamme de modules technologiques vient se greffer, elle apporte ainsi intelligence et polyvalence. Ces outils sont autant de moyens d’éloigner l’homme du risque, voire de ne pas l’engager du tout lorsque la situation est trop périlleuse.
Sept ans plus tard, en 2022, les robots ont investi les remises des centres de secours spécialisés dans l’exploration longue durée. La PROM a évolué et ne ressemble plus tellement au modèle d’expérimentation de 2015. Conçu par l’entreprise Shark Robotics, le REX (robot d’extinction) est livré début 2017 à la BSPP. Son apport considérable sur intervention lui a valu de devenir le symbole de cette révolution technologique dans la lutte contre l’incendie.
Outre l’utilisation du REX, l’incendie de Notre-Dame de Paris a mis en lumière la nécessité de disposer de drones aériens sur intervention. Dès le printemps 2020, le BEP a démarré son expérimentation sur l’emploi de ces aéronefs en appui des opérations BSPP. Les difficultés du secteur de la BSPP en matière aéronautique sont multiples. Les missions de drones se déroulent en général en milieu urbain dense, dans la zone de contrôle terminale des aéroports de Paris et de la base aérienne de Villacoublay, dans l’espace de nombreuses hélistations et dans plusieurs aires à statut particulier interdites aux aéronefs. Malgré toutes ces contraintes géographiques et aéronautiques complexes, l’intégration de drones dans l’espace aérien parisien est une réussite. Aujourd’hui, un véritable pôle drone est installé à Clichy, à l’état-major du GAS. Désormais, le potentiel aérien de la BSPP est immense : les engins volants disposent d’un très large spectre de missions et la technologie avance très rapidement.
LE PARC
REX — Robot d’extinction : Charisme de colosse !
Une grande bouche au large sourire capable de pousser près d’une tonne. Un nez en forme de lance apte à envoyer près de 2 000 litres d’eau par minute. Des yeux supers puissants capables d’observer à 360° de jour, comme de nuit. REX a un physique rouge saillant et une allure charismatique. En service à la Brigade depuis 2017, REX est l’aîné de la famille des robots. Il est aussi le plus expérimenté. Ces nombreuses interventions pour feux d’entrepôts et de parcs de stationnement couvert font de lui un atout fort précieux pour le commandement des opérations de secours.
Son intervention préférée reste celle qui l’a mis en lumière aux yeux du monde entier : l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019. Ce jour-là, il fut l’un des symboles du sauvetage du monument. Résistant aux très hautes températures, capable de franchir l’infranchissable et doté de batteries lui conférant une autonomie de plus huit heures, REX est devenu un équipier sur qui on peut compter. Aujourd’hui, il est affecté au centre de secours Issy-les-Moulineaux avec les ELD où il fait un travail remarquable. La Brigade en est fière. Tellement fière qu’elle s’est aussi dotée du petit frère, REX 2, arrivé en 2021 au centre de secours ELD du Blanc-Mesnil. Celui-ci, gris métallisé, dispose de légères mises à jour, mais l’esprit reste le même. REX 1er est âgé de seulement six ans, mais il fait déjà partie des anciens, au regard des avancées technologiques de ces dernières années. Prochainement, REX pourrait évoluer sensiblement. Peut-être disposera-t-il de nouveaux capteurs ou outils ? Peut-être sera-t-il capable d’évoluer seul dans un environnement, de détecter et d’éteindre un foyer d’incendie sans aucune aide extérieure ? Toujours est-il que REX a encore de belles années devant lui !
PROM — Plateforme robotisée modulaire : Sacrée (mar)mûle !
PROM est la plateforme robotisée multifonction de la Brigade. Il en existe actuellement trois sur le secteur. Une bleue, une blanche et une rouge. Elles sont affectées dans les trois centres de secours ELD de la BSPP. Sûrement moins charismatique que REX, PROM dispose tout de même des qualités de son grand frère, mais avec la modularité en plus. On peut donc lui greffer beaucoup de matériel ! Grâce à sa barquette orange, elle peut assurer une fonction de transport de victimes et de matériels d’extinction. Plusieurs évolutions sont possibles, elle pourrait notamment être greffée de bouteilles d’air permettant aux soldats du feu de partir en reconnaissance plus loin et plus longtemps. La PROM est régulièrement utilisée par les équipes ELD lors d’engagements en chantier souterrain, lors d’interventions pour feu ou secours d’urgence à personnes. Équipée d’une conduite et d’un raccord d’alimentation, il est même possible d’y mettre en œuvre une lance canon portable !
Sergent Cédric F. ” PROM ET REX, UNE SENSATION DE PUISSANCE
Véritables atouts pour le commandant des opérations de secours, les robots PROM et REX font partie de la famille du centre de secours Issy-les-Moulineaux. Le sergent Cédric Ferez, 31 ans, véritable passionné, nous les présente.
Picard d’origine, il est affecté au centre de secours d’Issy-les-Moulineaux (92) depuis septembre 2021. Du haut de ses dix ans de service, il est chef de garde incendie dans l’un des trois centres de secours exploration longue durée (ELD) que compte la BSPP. La composante ELD constitue la réponse opérationnelle en cas d’intervention dans des environnements aux cheminements longs, complexes ou exigus. Comme tous ses camarades du centre de secours, il a été sélectionné, formé et est entraîné à évoluer spécifiquement avec des équipements et des moyens adaptés aux conditions extrêmes du milieu clos.
Depuis maintenant quelques années, le centre de secours s’est vu renforcé par la présence de deux soldats du feu robotisés, l’un s’appelle REX, l’autre PROM. Comme tous les militaires du centre de secours, le sergent Cédric est aussi pilote de ces deux robots. « La première fois que j’ai piloté le REX, c’était au stage ELD » se souvient-il. Pour lui, piloter ces deux robots est une vraie chance, « c’est du matériel de pointe et sensible » évoque-t-il. Plus que du matériel, le sergent Ferez considère ces deux machines comme un vrai binôme. « Ils sont tous les deux complémentaires, mais peuvent aussi être utilisés tout seul » ajoute le sergent. « Sur intervention, lorsque l’on demande le robot, c’est que la mission est importante. Les robots apportent une vraie plus-value et sont de véritables atouts pour le commandant des opérations de secours » précise-t-il.
La première fois qu’il a piloté le robot sur intervention, c’était lors d’un feu de parking souterrain. « Nous n’avons pas utilisé la lance, simplement l’éclairage, afin de sécuriser l’intervention des premiers intervenants. » Doté d’un système d’éclairage très puissant, le REX comme la PROM permettent en effet de faciliter le cheminement des intervenants notamment lors de feu dans des parkings souterrains. Au-delà de sa capacité d’éclairage et de sa lance, le REX dispose d’un bélier. Celui-ci lui permet de pousser tous types de débris bloquant le cheminement des équipes.
Lorsque l’on demande au sergent quel robot il préfère, il hésite, mais finalement, son cœur balance : « lorsque nous engageons le REX, nous savons qu’il y a quelque chose d’important qui brûle, et c’est cela qui nous stimule le plus. C’est aussi le premier robot arrivé à la BSPP. La PROM est aussi un bel outil qui ne demande qu’à évoluer. Elle est plus polyvalente que le REX » poursuit le sous-officier. « La PROM va nous permettre de transporter beaucoup de matériel, elle nous sert aussi de palier lors de progressions dans des tunnels. Avec la PROM, nous pouvons partir en reconnaissance plus loin et plus longtemps ». Télécommande en main, le sergent évoque avec le sourire une certaine sensation de puissance. Montés sur chenilles, ces robots sont capables de traverser beaucoup d’embûches pour atteindre leur objectif.
Le sergent Cédric Ferez est très attaché à ses robots, il les trouve déjà très performants. Dans un avenir relativement proche, il s’imagine, pourquoi pas, partir sur intervention avec un robot capable de faire du secours à victimes et de réaliser des brancardages. Aujourd’hui, en 2022, REX et PROM ne sont pas très âgés, mais la technologie évolue si vite que nous ne serions pas étonnés de voir, prochainement, un petit frère arriver. Celui-là pourrait être plus petit, plus puissant et même capable de réaliser une mission tout seul, sans pilote… Rien n’est encore prévu, mais tout peut arriver !
RAP — Robot d’appui polyvalent : Puissance compacte
Le RAP est le moins connu des robots en service à la Brigade. Arrivé pendant la crise sanitaire, il est capable de remplir de nombreuses missions. RAP ressemble beaucoup à PROM, mais il est plus compact et fait environ 300kg de moins. Aussi modulable que PROM, sa qualité réside dans la rapidité à changer d’interface. Canon à eau de 1 000 litres, porte brancard, purificateur d’air à rayon UVC, tourelle vidéo 180°, kit de désinfection spécial Covid-19 ou panière de transport d’équipements : le RAP est extrêmement modulable et c’est cela qui fait son intérêt. En trente secondes, il est possible de changer d’interface. En plus de ces fonctions, il est possible de faire de la transmission radio longue distance ou d’installer des capteurs NRBC. Il dispose d’une capacité de traction de 250 kg et d’emport de 200 kg. Aujourd’hui affecté à l’état-major du groupement des appuis et de secours, l’utilisation du RAP n’est pas optimisée. Courant avril 2022, le RAP a rejoint une expérimentation menée par le bureau études et prospective. L’idée est de tester cette plateforme robotisée sur des missions de reconnaissances et d’observer la plus-value sur intervention.
Nerva : Fiable et robuste
Tout dernier robot arrivé à la Brigade, le NERVA n’est pas encore tout à fait opérationnel. Tout petit et très léger (5 kg), il peut se faufiler partout. Le NERVA est équipé de quatre roues ou de chenilles. Il est extrêmement modulaire et peut être doté d’une gamme conséquente de charges utiles, le rendant parfaitement adaptables à tout type de mission. Particulièrement approprié à la reconnaissance en zone dangereuse, NERVA est capable de cartographier un bâtiment, de détecter d’éventuelles victimes ou sources NRBC. Véritable couteau-suisse téléguidé, facilement transportable et progressant à une vitesse maximale de 13 km/h, ce robot s’adapte à la dynamique des opérations de secours. Encore novice sur intervention, NERVA est depuis peu expérimenté par le BEP sur opération au côté du RAP.
MAVIC 2 : Légèreté et rapidité
Ce petit drone est doté d’un système de détection d’obstacles et d’un capteur thermique radiométrique intégré. Il est le drone opérationnel le plus utilisé par les télé-pilotes du GAS et réalise près de 80 % des missions. Le MAVIC est capable d’emporter une charge utile de 400 grammes et peut voler jusqu’à 72 km/h. Il peut être doté d’un spot d’éclairage puissant et d’un haut-parleur. Feux d’entrepôts ou d’appartements, recherches de personnes : l’efficacité des drones sur intervention n’est plus à prouver. Volant de jour comme de nuit, pendant une durée de 31 minutes, MAVIC est une aide précieuse pour le commandant des opérations de secours.
Caporal-chef Aurélien S. “INTERVENTION DE HAUT VOL !”
À bientôt quatorze ans de service, le caporal-chef Aurélien Simon est devenu aujourd’hui un pilier du pôle drone de la BSPP. Il nous fait découvrir son métier.
« Après dix ans en compagnie d’incendie au sein du premier groupement, j’ai souhaité m’orienter vers le groupement d’appuis et de secours (GAS) » entame le militaire du rang. Attiré par la spécialité RSMU, il rejoint l’état-major du GAS à Clichy (92) puis réalise le stage sauvetage déblaiement de niveau 1. Comme il est passionné d’aéronautique et détenteur d’un brevet d’ULM, son chef de corps lui propose quelques mois plus tard d’intégrer l’expérimentation des drones à la BSPP et d’être ainsi formé à leur utilisation.
Le caporal-chef Aurélien accepte la proposition et réalise le stage télé-pilote de drone à la fin de l’année 2018. « Les réglementations de vol, la météorologie et plein d’autres domaines sont similaires entre les drones et l’ULM » explique-t-il. Il réussit brillamment le stage et, début 2019, il est breveté.
Deux ans après le début de l’expérimentation, sous la responsabilité de l’adjudant Cyril Knockaert, le pôle drone s’est étoffé et a gagné en expérience du terrain. « Aujourd’hui, nous sommes sept télé-pilotes, nous tournons en système de garde. La journée est classique, le sport, la manœuvre, le travail dans les services, tout est comme dans un centre de secours classique » développe le caporal-chef Aurélien. Pour armer le véhicule de reconnaissance et d’intervention drone (VRID), il faut un chef d’agrès et un télé-pilote. Le chef d’agrès est chargé, sur intervention, de faire les demandes d’autorisations du vol et de veiller à la sécurité du binôme, c’est surtout lui qui échange avec le commandant des opérations de secours.
Le VRID réalise près de 400 interventions à l’année et décale pour plus d’une quinzaine de motifs. « Nous partons pour tous types de renforts sur feu, des pollutions aquatique, des recherches de personnes égarées ou pour un éboulement » précise le caporal-chef. « Très souvent, sur une intervention dimensionnante, le COS va regarder les images que l’on fait pour adapter le dispositif de secours. L’appui des drones sur intervention est aujourd’hui devenu une réelle plus-value sur les interventions majeures. »
L’une de ses interventions particulières fut un départ pour un feu dans un îlot d’immeubles assez complexe. Sur place, les soldats du feu effectuent de nombreuses reconnaissances pour localiser le foyer, mais aucune ne s’avère fructueuse. « Le COS a alors fait appel à nous afin d’appuyer les reconnaissances. Malgré la pluie, nous avons fait décoller le drone et, en quelques minutes, à l’aide de la caméra thermique intégrée, nous avons localisé le foyer dans une chambre de bonne. Le COS a donc pu ré-articuler son dispositif de façon à attaquer l’incendie de la meilleure des manières. »
Doté d’une belle expérience opérationnelle, le caporal-chef Aurélien souhaiterait poursuivre son évolution au sein du pôle drone et continuer à faire grandir la spécialité. Nous lui souhaitons une belle continuation.
MATRICE 210 : Stable et solide
Plus imposant que le MAVIC, ce drone est de catégorie supérieure. Son gabarit permet une meilleure stabilité face au vent. Préconisé pour un usage principalement en zone dépeuplée, le Matrice 210 a la possibilité d’accueillir deux caméras. Il peut facilement emporter une charge utile de deux kilogrammes. En cas de problème, le Matrice 210 est aussi équipé de parachutes intégrés. Filant à près de 81 km/h pendant 34 min, le MATRICE 210 est capable de remplir de nombreuses missions de haut vol.
EVO II : Souplesse et haute définition
EVO II est un drone de prises de vues particulièrement complet, efficace, capable de revenir d’une séance de vol avec des images en très haute définition. Sa détection des obstacles à 360° sécurise le pilotage et permet de se concentrer sur les prises de vues. La ressemblance est troublante avec le MAVIC. Imposant lorsque les hélices sont dépliées, il reste pourtant très facile à transporter lorsque ses bras sont repliés. EVO II est capable de se déplacer à près de 70 km/h et peut voler sur un temps maximal de près de 40 minutes.
UN AVENIR ROBOTISÉ
Afin d’imaginer quel pourrait-être l’avenir de la robotique à la BSPP, nous avons fait appel aux militaires du bureau études et prospective. Entre vision futuriste et expérimentation envisagée à court terme, voici quelques idées d’évolutions qui pourraient bien arriver dans nos casernes, à plus ou moins long terme !
Mini-char d’extinction
Développé par une entreprise estonienne, ce robot pompier est doté d’une lance grande puissance (3 000 l/min). Ce mini-char est conçu pour être utilisé pour l’extinction des incendies industriels, d’entrepôts, de tunnels et de forêts. Il dispose de quatre conduites d’eau sous pression derrière lui assurant un débit d’eau et de mousse maximal pour l’extinction. La BSPP veille ce concept de mini-char et réfléchit avec ses partenaires à l’évolution de ce robot afin qu’il puisse être équipé, à l’avenir, d’une lame de chasse neige, voire d’un bras robotisé. Ce bras, capable de percer une dalle de béton, permettrait la réalisation de trouées et de lignes d’arrêts lors d’un feu d’entrepôt ou de parc de stationnement couvert.
Largage par drone
Une étude du bureau médical d’urgence a estimé le nombre d’arrêts cardio-respiratoire (ACR) à 3 500 par an sur le secteur de la BSPP. Sur ces 3 500 ACR, on estime que nous pourrions envoyer un drone autonome équipé d’un défibrillateur sur environ 1 000 cas et donc donner près de 50 % de chance supplémentaire à près de 1 000 victimes par an. C’est énorme !
Par ailleurs, d’ici la fin de l’année 2022, la BSPP espère pouvoir tester sur la Seine et ses abords, un drone autonome capable de larguer une bouée de sauvetage. Le lancement d’un drone de ce type nécessite une maturation technologique assez conséquente. D’une part, il doit être capable de porter et de larguer une charge, de voler d’un point A à un point B en toute autonomie mais aussi, et surtout, de faire tout cela au-dessus de la ville de Paris, ce qui n’a encore jamais été fait ! Tout n’est pas encore au point mais la BSPP avance vite !
Rendre les robots autonomes
Aujourd’hui, nous parlons de robots mais en réalité ce sont des vecteurs téléopérés. La différence entre robots et vecteurs téléopérés se situe dans l’autonomie. En effet, le robot a une mission et il l’effectue seul sans aide humaine alors qu’un vecteur téléopéré n’est ni plus, ni moins, qu’une grosse voiture télécommandée. Transformer un vecteur téléopéré en robot autonome nécessite une grosse maturation technologique. À l’heure actuelle, sur intervention, nous déployons un robot avec un opérateur. Cet opérateur s’engage dans un environnement tout aussi dangereux que le robot et cela entame une partie de la capacité humaine sur intervention. Le but ultime serait de n’engager que le robot. Cette machine devrait alors être dotée de capteurs intelligents permettant de détecter seuls un foyer d’incendie mais aussi de renvoyer l’information au commandant des opérations de secours via un canal de communication adéquat. La Brigade y travaille mais cela risque de prendre encore un peu de temps !
Les exosquelettes
La BSPP a déjà expérimenté l’usage des exosquelettes, mais à l’heure actuelle la technologie n’est pas encore pleinement adaptée au pompier de Paris. Il existe aujourd’hui deux grands concepts d’exosquelette.
Les exosquelettes passifs ont la caractéristique principale de ne pas posséder de motorisation. Ils fonctionnent en stockant et en restituant l’énergie mécanique récoltée par le mouvement de l’utilisateur. Ainsi, ils optimisent le maintien d’une posture inconfortable, facilitent le port de charges massives et permettent l’exécution de gestes répétitifs. Il peut s’agir d’aider une personne à garder les bras en l’air ou à supporter des flexions répétitives du tronc. Cette technologie est adaptée lorsque l’utilisateur est en posture statique ou lors de la réalisation de gestes très normés. Or le pompier de Paris est très souvent en posture dynamique, quelle que soit son activité.
Les exosquelettes actifs ont la particularité d’intégrer des éléments motorisés, des articulations, des sources d’énergie ainsi que des composants électroniques. Ils sont capables de fournir un soutien de force total voire d’amplifier les capacités physiques de l’utilisateur. Grâce à l’énergie de la batterie, les mouvements de l’utilisateur sont moins fatigants. Pas encore réellement adapté au pompier de Paris sur intervention pour feu, l’exosquelette actif pourrait bien être utile lors d’interventions pour secours à victimes ou pour brancardage, mais aussi dans l’environnement du soutien notamment chez des manutentionnaires. Rien ne dit qu’à l’avenir, les logisticiens de la BSPP ne soient pas équipés de telles machines !
Un Iron-pompier ?
Qui n’a jamais rêvé d’avoir la même armure qu’Iron Man ? Pourquoi ne pourrait-on pas créer une armure destinée au sapeur-pompier de Paris ?
Il pourrait être capable de voler à la vitesse du son, de sauter jusqu’au 18e étage d’une tour en feu pour effectuer un sauvetage ou même de retenir un camion semi-remorque qui menace de tomber d’un pont. La réponse ne va pas vous plaire !
L’Iron-pompier est une chimère. Tout simplement car c’est physiquement impossible. Cela s’explique par le fait que le corps humain ne peut pas supporter de tels chocs. Les séquelles sur les organes seraient bien trop importantes. Une armure capable de voler reste toutefois imaginable, mais il faudrait une quantité très importante de carburant pour ne tenir que quelques minutes. Qui plus est, l’homme qui serait à l’intérieur ne pourrait pas supporter de telles accélérations durant un aussi long moment. Pour information, les avions de chasse peuvent atteindre des vitesses avoisinant les 2 000 km/h, mais les pilotes doivent suivre des milliers d’heures d’entraînement avant de pouvoir piloter ce type d’avion. Si les navettes spatiales peuvent avoisiner des vitesses de 40 000 km/h, leur structure ultra imposante et la taille des réacteurs ne peuvent être comparées avec une simple armure.
L’armure en titane résistera, quant à elle, quelques minutes à la chaleur d’un incendie, mais le pompier à l’intérieur, lui, ne pourra pas résister bien longtemps. Nous pourrions avoir toute la technologie du monde, notre corps humain est en incapacité d’encaisser ce qu’Iron Man encaisse et c’est tout cela qui fait le charme de la science-fiction !