Grands formats — Dix ans après la création de sa compagnie spécialisée, la Brigade doit faire face chaque jour à une menace NRBC de plus en plus sensible. Quels sont les enjeux de cette lutte ? ALLO DIX-HUIT met les gaz sur un environnement qui inspire autant qu’il est craint.
La menace NRBC regroupe tous les armements à connotations nucléaire, radiologique, biologique et chimique venant frapper des combattants et éventuellement des populations civiles. Cette menace n’a pas disparu avec la soi-disant fin de la guerre froide. Elle s’est même diversifiée et amplifiée.
La signature de la convention d’interdiction des armes biologiques, en 1972, n’a pas empêché certains régimes politiques de développer ce type d’armes.
Même si d’autres formes de terrorisme sont aujourd’hui au-devant de la scène, le terrorisme NRBC reste un risque très présent.
La brigade de sapeurs-pompiers de Paris prend cette menace très au sérieux. Elle a donc créé en 2010 une compagnie spécialisée en NRBC.
Les interventions NRBC regroupent essentiellement deux domaines :
- la menace NRBC au sens militaire du terme,
- les risques technologiques.
Les risques technologiques sont liés à l’action humaine et plus précisément à la manipulation, au transport ou au stockage de substances dangereuses pour la santé et l’environnement. Comme les autres risques majeurs, ils peuvent avoir des conséquences graves sur les personnes, leurs biens et l’environnement.
PARLONS SCIENCES !
Nucléaire
Le domaine nucléaire concerne les réactions de fission et celles de fusion, c’est-à-dire les deux types de modifications de l’énergie des noyaux atomiques.
Cela prend en compte, d’une part, la transformation à des fins civiles (centrale nucléaire) pour produire de l’électricité et, d’autre part, la transformation à usage d’armes de destruction massive (les bombes atomiques soit à fission soit à fusion). Toutes les émissions nucléaires sont fortement radioactives ; l’inverse n’est pas vrai.
Radiologique
La radioactivité est la propriété des atomes à émettre des rayonnements, c’est-à-dire un dégagement d’énergie lorsqu’ils se transforment.
Il existe plusieurs types de rayonnements radioactifs :
α (alpha), grosse particule (noyau d’hélium) très toxique mais qu’une feuille de papier peut arrêter ;
β (bêta), particule électronique, dont la dangerosité varie et qu’une feuille d’aluminium peut arrêter ;
γ (gamma) et X, qui sont des ondes (ou rayonnements strictement électromagnétiques) contre lesquels il est parfois difficile de se protéger (une épaisseur de plomb ou de béton peut arrêter un rayonnement X ou γ de faible énergie).
Le phénomène radioactif existe même sans transformation énergétique nucléaire de type fission ou fusion.
Biologique
Le risque biologique concerne la présence d’agents biologiques pathogènes dans différents milieux (air, eau, etc.). Les agents pathogènes sont responsables de maladies infectieuses chez l’homme. Ils comprennent les bactéries, les virus, les parasites et les champignons.
Chimique
Le risque chimique traduit l’exposition à un agent chimique dangereux, généralement à l’occasion d’activités de production, de manutention, de stockage, de transport, d’élimination ou de traitement, ou à la diffusion volontaire dans l’environnement de produits chimiques dangereux.
LA 38e COMPAGNIE EN PREMIÈRE LIGNE !
Créée en 2010, la 38e compagnie est l’outil de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris pour faire face aux enjeux stratégiques liés aux risques et menaces NRBC.
La compagnie NRBC se compose de trois centres de secours, Pouchet (XVIIe arrdt), Rungis (94) et Livry-Gargan (93). « La 38 est une unité pleinement opérationnelle et qui doit poursuivre son évolution pour exploiter tout son potentiel » évoque fièrement le capitaine Loïc Aubry, son commandant d’unité. « Notre compagnie a pour mission principale de mettre en œuvre la spécialité NRBC sur toute la plaque parisienne » ajoute l’officier. À ce titre, elle joue sur intervention un rôle de conseil technique auprès du commandant des opérations de secours.
Une compagnie tremplin
Principalement et historiquement composée de militaires matures et expérimentés, la 38 tend à se rajeunir. « La spécialité NRBC attire de plus en plus de jeunes sapeurs-pompiers de Paris, en quête d’une aventure autre que celle du feu » se réjouit le capitaine Aubry. Un passage chez les spécialistes NRBC permet, entre autres, de bénéficier d’un tremplin pour une mutation ultérieure dans les unités élémentaires spécialisées de Kourou, Biscarosse ou bien même pour partir en opération extérieure lorsque l’occasion se présente. La 38e compagnie est une unité opérationnelle à part entière où chaque personnel de chaque catégorie peut prétendre à un avancement classique.
Un secteur à risques
Le secteur BSPP est soumis à des risques particuliers. Le risque technologique est accru au regard des enjeux humains, économiques et environnementaux mais cadré par une réglementation très stricte. Le secteur BSPP recense pas moins de 10 sites considérés comme priorité nationale au regard du risque technologique. « Gigantesque hub, la plaque parisienne voit tous les jours des dizaines de milliers de transporteurs défiler sur ses routes, sur ses rails, sur la Seine et sur les pistes des aéroports, nombreux sont porteurs de matières dangereuses » analyse le commandant d’unité. Le risque, lié au contexte sécuritaire et à la menace terroriste, est aussi un enjeu de premier ordre pour les spécialistes NRBC, surtout à l’aube de grands rendez-vous tels que la Coupe du monde de rugby 2023 ou les JO 2024.
Des engins spéciaux
Les centres de secours NRBC de la BSPP sont dotés de moyens particuliers pour lutter contre les risques technologiques. « Outre le VSAV qui permet à ces spécialistes de garder un pied dans le cœur du métier, ils arment en permanence les véhicules d’intervention NRBC » justifie-t-il. Ce véhicule permet aux militaires de la BSPP d’intervenir sur toutes les opérations à caractère chimique, radiologique, biologique ou de lutte contre les pollutions. Lorsque l’intervention nécessite de la décontamination de masse, la berce unité mobile de décontamination peut être déployée dans les plus brefs délais. Elle intègre l’ensemble des matériels de décontamination approfondie et permet la prise en charge de victimes valides ou invalides. La compagnie NRBC dispose de berces anti-pollution permettant de réaliser des opérations de dépollution terrestre et aquatique. Enfin, la compagnie arme les berces producteur mousse en mesure d’être engagées, sur demande du COS, sur feux. Ces engins constituent la force de frappe de la BSPP en matière de lutte contre la menace NRBC et le risque technologique. À noter que dans une dynamique d’évolution très marquée, une majeure partie des engins et du matériel embarqué devrait être remplacée dans les deux prochaines années.
Des professionnels spécialisés
« Les spécialistes NRBC de la BSPP ne pourraient être de vrais spécialistes sans une formation adéquate » conclut le capitaine Aubry. Le centre de formation aux risques technologiques (CFRT) du groupement de formation instruction et de secours (GFIS) assure la mise en œuvre des actions de formations dans la spécialisation NRBC. La BSPP possède les agréments pour réaliser les formations en risques chimiques et radiologiques de niveaux 1 à 3. Outre les formations certifiantes, le CFRT dispense également d’autres formations NRBC, notamment en décontamination.
Le mot du CDU : Capitaine Loïc Aubry
« La 38e compagnie est avant tout une unité opérationnelle qui, en ce sens, nous oblige car elle constitue le bras armé du préfet de police dans tout ce qui a trait au domaine NRBC, qu’il aille du risque courant, bruit de fond quotidien, à la menace NRBC à l’occurrence d’apparition bien plus faible. Si les interventions sont naturellement moins fréquentes et la fatigue se faisant moins ressentir sur le cercle familial pour notre population bien souvent chargée de famille, la compagnie n’en est pas moins énormément sollicitée sur toutes les actions relatives à la préparation opérationnelle des unités d’incendie ou lors d’exercices majeurs.
Les militaires qui souhaitent y servir ne sont pas tant sélectionnés sur leur niveau physique plus que sur leur polyvalence et leurs compétences techniques. Néanmoins, il ne faut pas oublier que devenir spécialiste NRBC nécessite rusticité et endurance car passer plusieurs heures, ARI coiffé, sous 40°C, en scaphandre en ambiance NRBC, est loin d’être chose facile. Bien que l’unité souffre encore d’une image vieille de quelques années, les mentalités changent et constituent une vraie force pour la compagnie qui tend à globalement rajeunir.
Ne viennent plus uniquement ceux qui souhaitent trouver une voie de garage avant leur PLI*. Ce serait plutôt du personnel ayant une opportunité de carrière avec des stages à valeur ajoutée. S’ils le souhaitent, un retour dans le domaine incendie ou encore la possibilité de découvrir d’autres spécialités au sein de l’Institution est possible, étoffant davantage leur expérience à faire valoir à l’extérieur. On peut maintenant construire un projet de carrière au sein du GAS. Cela a d’ailleurs été concrétisé dernièrement par un parcours professionnel identifié pour les militaires du rang leur offrant de vraies opportunités dans ce jeune groupement. »
*Pension à liquidation immédiate.
LES HOMMES
Adjudant-chef Nicolas G.
« Élargir mon panel de connaissances »
Mon job
« J ’ai fait quasiment toute ma carrière dans le GIS1, de sapeur à adjudant. Incorporer le GAS m’a permis d’élargir mon panel de connaissances et de redonner un coup de jeune à ma carrière. Je me suis tout d’abord spécialisé en sauvetage déblaiement puis en NRBC. Aujourd’hui, j’occupe la fonction d’adjudant d’unité au sein de la 38e compagnie. C’est-à-dire que je suis responsable de la gestion du temps des activités des militaires de la compagnie. Cette fonction est sensiblement la même qu’en compagnie d’incendie, seule la partie NRBC diffère. L’environnement NRBC implique un élargissement de ma mission, notamment dans la dimension RH. En effet, je dois gérer une population militaire avec une moyenne d’âge de 34 ans, elle est plus mature et a des contraintes de vie différentes d’un jeune de 21 ans. La plupart sont pères ou mères de famille, certains sont célibataires avec enfants à charge, je dois m’adapter et gérer plus finement les plannings. Par ailleurs, en tant que spécialiste, j’alloue une importante partie de mon temps à répondre aux compagnies d’incendie qui s’interrogent sur des spécificités NRBC. Formé RAD 3 et CHIM 2, j’occupe également les fonctions de chef de garde. Je suis responsable des pompiers de la garde NRBC pendant 24 h, avec le sport, les manœuvres, les services intérieurs et tout l’aspect humain. Sur intervention, j’ai une fonction de conseiller NRBC auprès du commandant des opérations de secours. Aujourd’hui, le job me plait, je suis épanoui dans mes fonctions. Mon souhait est de poursuivre au sein de l’unité le plus longtemps possible. Tant que je peux, je m’agrippe ! »
L’intervention marquante
« Encore affecté à la 26e en compagnie d’incendie et de secours, je suis chef de garde au fourgon de Saint-Denis. J’interviens avec mes équipes pour deux cartons posés sur la voie publique. Petite particularité, ces cartons sont, en fait, deux colis radiologiques. La police est sur place et a établi un périmètre de sécurité. L’un des policiers a déjà ouvert les colis. À notre arrivée, le policier me tend une feuille de papier, je la prends. Il m’indique qu’elle était à l’intérieur des colis… Là, je me rends compte que je suis peut être contaminé par une source radioactive. Avec simplement mes connaissances de bases en NRBC, je me sens un peu limité en compétences et en matériel. Je demande alors l’appui des spécialistes NRBC. L’attente est longue pour moi, mais à leur arrivée, c’est un peu la libération… Bilan : les colis sont vides, la source radiologique a bien été enlevée, il n’y a pas de contamination, pas d’irradiation, ouf ! »
Sergent Thomas D.
« La recherche et l’investigation sont le cœur du métier »
Mon Job
« Au bout de quinze ans en compagnie d’incendie, la fatigue s’est installée et j’ai souhaité changer d’environnement. Mon choix s’est porté sur une compagnie opérationnelle, je me suis donc dirigé vers la 38e compagnie. Actuellement à la caserne Pouchet depuis le mois de septembre 2021, je m’y sens très bien. Le rythme est moins soutenu et la mentalité opérationnelle est différente. En effet, nous faisons face à des interventions en général à cinétique lente qui nécessitent beaucoup de recherches. Nous avons les bases techniques et les tenues pour nous protéger mais nous allons souvent vers l’inconnu. Ce sont des interventions très intéressantes. En tant que sous-officier, je suis formé « niveau 2 » , je suis donc chef d’agrès VI NRBC mais aussi chef d’équipe. Sur intervention, le chef d’agrès VI NRBC doit faire preuve de réflexion afin d’agir le plus précisément possible car chaque geste compte. La journée de garde est rythmée comme en compagnie d’incendie, mais nous pouvons plus facilement nous investir dans le service intérieur et faire du sport. L’activité opérationnelle étant moins soutenue, la fatigue est aussi moins présente. Nous arrivons toujours à trouver du temps, notamment pour travailler notre avancement. De plus, au sein de la caserne, je suis chargé de l’instruction où j’accompagne le personnel dans son évolution de carrière, tout comme en compagnie d’incendie et de secours. Aujourd’hui, mon objectif est d’évoluer dans la spécialité NRBC pour gagner en responsabilité et en connaissance. »
L’intervention marquante
« Nous sommes intervenus dans les sous-sol d’une piscine en plein Paris. Une personne chargée de l’entretien a été intoxiquée par des émanations de chlore et a ressenti des brulures au yeux en ouvrant une cuve de rétention de javel. Pendant plus de sept heures, habillés de la COMAT puis du scaphandre, nous avons recherché la cause de ce sinistre. L’origine a été très difficile à identifier. En lien avec le Laboratoire Central de la Préfecture de Police, des échantillonnages de produits ont été réalisés. Finalement, nous avons remarqué qu’un des bidons posés à côté de la cuve contenait un autre produit que celui identifié sur l’étiquette. Cette intervention fut pour moi une découverte du milieu NRBC où la recherche et l’investigation sont le cœur du métier. »
Sapeur de 1ere Classe Victor C.
« Toujours attiré par les sciences »
Mon job
« J ’ ai découvert la 38e compagnie grâce à un sergent de Rungis qui est dans le même centre de secours volontaire que moi. Toujours attiré par les sciences, j’ai eu l’opportunité, assez tôt, d’incorporer la compagnie NRBC. Lorsque j’ai acquis cette spécialité, je me suis rendu compte que les risques technologiques sont présents partout, mais qu’ils sont suffisamment bien encadrés pour que l’on n’en ait pas peur ! Cette spécialité est encore méconnue dans les compagnies d’incendie, mais de plus en plus de jeunes sont motivés pour nous rejoindre. Je suis actuellement formé « niveau 1 » , je prends donc du servant et du 2e chef d’équipe au VI NRBC. En plus de cela, je suis conducteur et garde remise. Je prends également un peu de VSAV, mais le rythme opérationnel reste tout de même moins intense qu’en compagnie d’incendie ! Mon objectif à court terme est d’aller au peloton des élèves caporaux en début d’année. Aujourd’hui, je suis complètement épanoui et je me vois bien faire carrière à la BSPP. »
L’intervention marquante
« Le 3 août 2021, nous avons décalé dans une entreprise à Vitry. Lors d’une opération de manutention, un homme a percé des conteneurs de produits chimiques avec un transpalette. Plus de 1 000 litres de javel et d’acide chlorhydrique se sont répandus sur le sol… Afin de ne pas créer un mélange qui pourrait être dangereux, l’opérateur a eu la présence d’esprit de séparer les conteneurs. À notre arrivée, la mission a été de reconnaître les lieux, de prélever de la matière et d’obturer les fuites. Puis, aidés par les pompiers génériques, nous avons absorbé et neutralisé tout le liquide. Avec mon chef d’équipe, nous avons passé plus de quatre heures sous ARI ! Les interventions à caractères NRBC sont beaucoup plus longues, la mission est plus réfléchie, mais il faut aussi être débrouillard. Cette intervention a été pour moi une superbe expérience ! »
LIEUTENANT-COLONEL CHRISTOPHE LIBEAU
Conseiller technique opérationnel NRBC de la BSPP
« Depuis plus de 40 ans, la BSPP est sensible à cette menace »
La Brigade est-elle seule face à la menace NRBC ?
La BSPP n’est évidemment pas seule. La bataille contre la menace NRBC ne peut se faire qu’en interservices. Principalement avec la préfecture de police (notamment les grandes directions que sont la DOPC et la DSPAP) et les SAMU. Tous ces acteurs seront sur le terrain aux côtés de la BSPP. Face à un attentat de type NRBC sur la plaque parisienne, la Brigade sera en première ligne, c’est elle qui donnera le tempo de la manœuvre. Une fois toutes les victimes évacuées, d’autres organismes prendront le relais, notamment pour l’enquête.
Comment la Brigade anticipe-t-elle cette menace ?
Afin d’être prêts, nous nous tenons à l’écoute de l’écho du monde. Nous recueillons des informations qui nous sont données par les services de renseignements et par la presse. Ce qui nous intéresse, ce sont notamment les occurrences d’emploi d’agents chimique, radiologique ou biologique à des fins de menace terroriste, dans le cadre d’une guerre ou d’un empoisonnement. Lorsque ces événements ont lieu, la Brigade doit se poser les bonnes questions : « Que ferions-nous si cet événement se déroulait sur la plaque parisienne ? » et « Est-ce que notre plan de réponse peut faire face à cette situation ? » .
La BSPP est-elle prête ?
Elle a, en tout cas, l’ambition de l’être. Depuis plus de 40 ans, la BSPP se préoccupe et est sensible à cette menace. En ce qui concerne la formation des pompiers de Paris, historiquement, la Brigade a mis le curseur assez haut. Les fondamentaux NRBC d’un pompier de Paris non spécialiste sont probablement plus élevés que dans beaucoup d’autres capitales européennes. Concernant les spécialistes NRBC, le commandement a fait le choix, en 2010, de hausser leur niveau global, en créant une compagnie dont c’est la principale activité. Aujourd’hui, ils sont davantage acculturés à ce vaste domaine qu’est le NRBC.
Comment s’organisent les autres pays ?
Pour n’importe quel service de secours dans le monde, l’enjeu est de savoir qu’est-ce que le pompier non-spécialiste est capable de faire et de comprendre en matière NRBC. De New York à Tokyo, en passant par Londres et Berlin, chaque service de secours a ses spécialistes en NRBC. Lorsque l’on regarde de près le niveau de savoir-faire individuel et d’équipe d’un pompier générique de ces villes-là, il n’est pas forcément aussi élevé que celui de la Brigade. Notre différence est ailleurs : la force de notre réponse repose sur le niveau global du sapeur-pompier de Paris, sur le « fond de sac » NRBC des non-spécialistes. Ce ne sont pas les « 1 % » de spécialistes qui, sur le terrain, sauveront les victimes mais bien les « 99 % » de pompiers, non-spécialistes NRBC, dont les médecins, infirmiers et secouristes ou ceux qui auront reçu une formation NRBC de base.
Quels sont les futurs moyens pour lutter contre cette menace ?
Aujourd’hui, nous parlons beaucoup des robots. Très prochainement, nous devrions avoir la possibilité d’employer des drones terrestres ou aériens pour agir, récupérer ou mesurer une source chimique ou radiologique. Nous avons intérêt à le faire. Au fur et à mesure, la Brigade va monter en gamme, mais la robotique ne remplacera jamais la totalité des actions humaines car nous avons besoin de la capacité d’interprétation humaine donc de l’intelligence de situation.
Le Plan jaune évolue, pourquoi ?
Notre doctrine doit s’adapter à l’évolution des menaces. Suite aux attentats du 13 novembre 2015, nous nous sommes posé la question : « Et si nous avions dû faire face à une voire plusieurs attaques chimiques ? » C’est la raison d’être du Plan jaune Alpha de 2016. Sans démonter ce travail de planification opérationnel, nous fusionnons le Plan jaune et le Plan jaune alpha, qui visaient les mêmes objectifs mais le second avec moins de moyens que le premier. Aujourd’hui, une seule et unique organisation de la réponse opérationnelle, appelée Plan jaune parce que ce nom parle à tous les sapeurs-pompiers de Paris désormais, et, pour l’EMO, une capacité à déployer deux volumes de moyens simultanément. Le reste ne change pas : les savoir-faire individuels et d’équipe, c’est-à-dire les fondamentaux NRBC sont identiques ; l’organisation tactique (dans la main du COS) bénéficie de quelques améliorations ; l’organisation du niveau opératif (EMO) est renforcée et précisée.
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INSOLITE — La Brigade en miniature
Planète Brigade. Une fois par mois, elle va vous permettre de découvrir des passions, des actions ou des faits qui tournent autour de la BSPP et des pompiers de Paris. Voilà donc le premier volet. Depuis 2008, cet ancien sapeur-pompier de la 28e compagnie a trouvé un loisir hors du commun pour occuper ses journées de retraité.