Grands formats — Créée en 2005, et dirigée par lieutenant-colonel Matthieu Petitclerc, officier psychologue, la section médico-psychologique a quatre missions principales : la prise en compte des interventions à fort retentissement psychologique, la formation, les entretiens cliniques et le conseil au commandement.
La récupération après une intervention à fort retentissement psychologique est essentielle pour permettre aux pompiers de se reconditionner mentalement et émotionnellement. Cela nécessite un temps dédié à la récupération physique, physiologique et psychologique. « Les pompiers peuvent être confrontés à des images, des sons ou des odeurs ravivant des émotions liées à des interventions passées, explique le lieutenant-colonel Matthieu Petitclerc, officier psychologue à la Brigade. Une simple enseigne de magasin peut évoquer un type d’intervention particulier. » Une des difficultés spécifiques aux pompiers de Paris est d’être confrontés à des interventions dans des lieux familiers de leur vie quotidienne, en dehors du travail. Cela peut renforcer l’impact psychologique des interventions et rendre la récupération encore plus importante.
Principe de subsidiarité. À la Brigade, les cadres de contact jouent un rôle clé dans la facilitation de la récupération. Contrairement aux militaires qui ont un sas de décompression à la fin d’une mission, les pompiers bénéficient d’un cadre de contact qui évalue la situation et peut faire appel au psychologue si nécessaire. « Ce cadre assure un premier soutien en organisant un temps d’échange, à la suite d’une intervention à fort retentissement psychologique, où chacun verbalise et partage son expérience vécue, avance l’officier psychologue. C’est ce que nous appelons le defusing. » Les cadres, grâce à leur expérience, contribuent à la récupération en transmettant aux plus jeunes leur capacité à prendre du recul après des interventions lourdes. Cependant, la récupération ne concerne pas seulement les interventions, elle comprend également les contraintes de planning. Par exemple, des périodes de garde consécutives ou des années d’activité intense dans une caserne peuvent nécessiter une récupération adaptée. Il est donc essentiel de proposer des trajectoires professionnelles permettant de varier les types de postes et d’alterner les périodes plus ou moins sollicitantes.
Accompagnement psychologique. Les psychologues sont présents dès l’incorporation en proposant une sensibilisation de trois heures sur les risques psychologiques auxquels les pompiers sont exposés ainsi que sur les comportements inhabituels et la souffrance psychique de certaines victimes qu’ils vont secourir. Les psychologues sont également un appui tout au long du parcours des pompiers, offrant un soutien en cas de besoin. Parfois, le defusing n’est pas suffisant pour récupérer et un suivi prolongé est nécessaire pour approfondir certaines situations complexes.
Dans de tels cas, les psychologues peuvent contacter les personnes concernées par téléphone, leur laissant le temps qu’il faut pour prendre du recul et récupérer. Le soutien de l’esprit de corps et des frères d’armes reste le premier levier de prévention. Le personnel de santé, psychologues et médecins, sont en appui du commandement. Pour les cas les plus affectés, il est possible de se tourner vers les hôpitaux militaires et les psychiatres. Cependant, certains freins subsistent, tels que la crainte de stigmatisation ou de jugement. Il est donc crucial de créer un environnement de travail qui encourage la récupération et de promouvoir une compréhension collective des enjeux psychologiques auxquels les pompiers sont confrontés.
En conclusion, une bonne récupération psychologique est essentielle pour le bien-être des pompiers. Il ne s’agit pas d’oublier ce qui s’est passé, mais plutôt d’intégrer les événements dans un continuum de vie. Les pompiers doivent être soutenus dans leur récupération, tant sur le plan individuel que collectif, afin de pouvoir pleinement profiter de leur vie personnelle et familiale.