#BrigadeInside — Dans la nuit, une terrible explosion souffle un immeuble. Entre la panique généralisée, les risques d’effondrement et la crainte d’une seconde explosion, les pompiers parviennent à extraire trois victimes des décombres. Une intervention exceptionnelle pour un bilan presque miraculeux. RETEX.
Dans la nuit du 5 au 6 mars dernier, les pompiers d’Aubervilliers sont appelés pour l’explosion d’un immeuble. L’adresse, bien connue des hommes de la 26e compagnie, est à seulement quelques pas du centre de secours. En se rendant sur les lieux, les pompiers sont stoppés par une douzaine de personnes sur la route. Désorientés et blessés, les résidents de l’immeuble implorent les soldats du feu de leur venir en aide. Désespérées, certaines victimes tentent même d’ouvrir les portes du premier-secours.
Malgré cet appel à l’aide, les militaires ne peuvent s’interrompre en cours de chemin. Il faut rejoindre l’adresse du sinistre en priorité. Ils profitent donc de la présence de la police pour extraire leurs véhicules de la foule. Une fois devant l’adresse, les équipes du DN découvrent la scène cataclysmique. Un trou béant dans l’immeuble… La moitié du troisième, du quatrième étage et de la toiture ont été soufflés par l’explosion. Au sol, des monceaux de débris jalonnent la rue. Même les habitations aux alentours ont été criblées de projectiles en tout genre. Des gens hurlent au secours. Une véritable scène de guerre. Sur l’autre face de l’immeuble, en courette, les boxes et de nombreux deux-roues stationnés, ont été littéralement écrasés. On observe également des flammes au travers d’une fenêtre. L’escalier s’est aussi effondré au troisième étage.
ODEUR DE GAZ
En effectuant les premières reconnaissances et l’attaque du foyer résiduel, les intervenants sentent une forte odeur de gaz de ville. Mais le barrage s’avère particulièrement difficile à trouver, en raison des multiples débris présents sur la chaussée. Les premières équipes évacuent une bonne dizaine de personnes, mais le souvenir de la rue de Trévise hante alors chaque sapeur-pompier. À ce stade, l’origine de l’explosion est inconnue (voir encadré). Après quelques minutes, les chefs sonnent finalement une alerte repli pour limiter le risque de sur-accident. Tous les intervenants quittent alors le bâtiment et les 14 militaires du DN s’empressent de fouiller la chaussée. Enfin, en quelques minutes, le barrage est finalement repéré et coupé. L’intervention peut alors reprendre son cours.
En parallèle, le chef de garde organise le PRV et la ZDI. Face à la gravité de la situation, il demande un renfort habitation, une section RSMU et un groupe secours à personne en renfort. Progressivement, l’action des pompiers prend de l’ampleur, l’OGC puis l’OSG prennent le COS. Les autorités arrivent sur site. Les renforts investissent l’immeuble, pour reconnaître l’ensemble du bâtiment. Ils évacuent deux personnes piégées sous les décombres au quatrième étage. Il faut faire vite, car la structure est très fragilisée et le risque d’effondrement, voire d’une seconde explosion, n’est pas écarté.
LE FLAIR, MEILLEUR ATOUT
Heureusement, l’efficacité des équipes cynotechniques et des personnels RSMU limite le nombre d’intervenants nécessaires dans le bâtiment. Le flair des chiens, combiné à l’action du groupe de recherche, conduit au sauvetage d’une troisième victime, piégée dans les décombres : une fillette de 12 ans, qui sera ensuite évacuée par l’EPAN. Rapidement, les canidés confirment l’absence d’autres victimes potentiellement ensevelies.
Les reconnaissances périphériques dans les immeubles adjacents s’achèvent également. En parallèle, le poste médical avancé (PMA) s’est organisé dans une entreprise à proximité. Les évacuations vers les hôpitaux s’effectuent au renfort de VSAV.
Au total, trois personnes ensevelies sont retrouvées. Le bilan fait état de trois urgences absolues et de dix-neuf urgences relatives. L’absence de victime décédée relève presque du miracle compte tenu de la violence de l’explosion. Une entreprise est enfin sollicitée par la mairie pour protéger le site et retirer les éléments risquant
de chuter.
Photos : 1CL Paul Millet