EXPLOSION À AUBERVILLIERS — Un bilan miraculeux

Maxime Gri­maud —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 53 

#BrigadeInside — Dans la nuit, une terrible explosion souffle un immeuble. Entre la panique généralisée, les risques d’effondrement et la crainte d’une seconde explosion, les pompiers parviennent à extraire trois victimes des décombres. Une intervention exceptionnelle pour un bilan presque miraculeux. RETEX.

Dans la nuit du 5 au 6 mars der­nier, les pom­piers d’Aubervilliers sont appe­lés pour l’explosion d’un immeuble. L’adresse, bien connue des hommes de la 26e com­pa­gnie, est à seule­ment quelques pas du centre de secours. En se ren­dant sur les lieux, les pom­piers sont stop­pés par une dou­zaine de per­sonnes sur la route. Déso­rien­tés et bles­sés, les rési­dents de l’immeuble implorent les sol­dats du feu de leur venir en aide. Déses­pé­rées, cer­taines vic­times tentent même d’ouvrir les portes du pre­mier-secours.
Mal­gré cet appel à l’aide, les mili­taires ne peuvent s’in­ter­rompre en cours de che­min. Il faut rejoindre l’adresse du sinistre en prio­ri­té. Ils pro­fitent donc de la pré­sence de la police pour extraire leurs véhi­cules de la foule. Une fois devant l’adresse, les équipes du DN découvrent la scène cata­clys­mique. Un trou béant dans l’immeuble… La moi­tié du troi­sième, du qua­trième étage et de la toi­ture ont été souf­flés par l’explosion. Au sol, des mon­ceaux de débris jalonnent la rue. Même les habi­ta­tions aux alen­tours ont été cri­blées de pro­jec­tiles en tout genre. Des gens hurlent au secours. Une véri­table scène de guerre. Sur l’autre face de l’immeuble, en cou­rette, les boxes et de nom­breux deux-roues sta­tion­nés, ont été lit­té­ra­le­ment écra­sés. On observe éga­le­ment des flammes au tra­vers d’une fenêtre. L’escalier s’est aus­si effon­dré au troi­sième étage.


ODEUR DE GAZ
En effec­tuant les pre­mières recon­nais­sances et l’attaque du foyer rési­duel, les inter­ve­nants sentent une forte odeur de gaz de ville. Mais le bar­rage s’avère par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile à trou­ver, en rai­son des mul­tiples débris pré­sents sur la chaus­sée. Les pre­mières équipes éva­cuent une bonne dizaine de per­sonnes, mais le sou­ve­nir de la rue de Tré­vise hante alors chaque sapeur-pom­pier. À ce stade, l’origine de l’explosion est incon­nue (voir enca­dré). Après quelques minutes, les chefs sonnent fina­le­ment une alerte repli pour limi­ter le risque de sur-acci­dent. Tous les inter­ve­nants quittent alors le bâti­ment et les 14 mili­taires du DN s’empressent de fouiller la chaus­sée. Enfin, en quelques minutes, le bar­rage est fina­le­ment repé­ré et cou­pé. L’intervention peut alors reprendre son cours.

En paral­lèle, le chef de garde orga­nise le PRV et la ZDI. Face à la gra­vi­té de la situa­tion, il demande un ren­fort habi­ta­tion, une sec­tion RSMU et un groupe secours à per­sonne en ren­fort. Pro­gres­si­ve­ment, l’action des pom­piers prend de l’ampleur, l’OGC puis l’OSG prennent le COS. Les auto­ri­tés arrivent sur site. Les ren­forts inves­tissent l’immeuble, pour recon­naître l’ensemble du bâti­ment. Ils éva­cuent deux per­sonnes pié­gées sous les décombres au qua­trième étage. Il faut faire vite, car la struc­ture est très fra­gi­li­sée et le risque d’effondrement, voire d’une seconde explo­sion, n’est pas écarté.

Des­sin : René Dosne. Repro­duc­tion interdite.

LE FLAIR, MEILLEUR ATOUT
Heu­reu­se­ment, l’ef­fi­ca­ci­té des équipes cyno­tech­niques et des per­son­nels RSMU limite le nombre d’intervenants néces­saires dans le bâti­ment. Le flair des chiens, com­bi­né à l’ac­tion du groupe de recherche, conduit au sau­ve­tage d’une troi­sième vic­time, pié­gée dans les décombres : une fillette de 12 ans, qui sera ensuite éva­cuée par l’EPAN. Rapi­de­ment, les cani­dés confirment l’ab­sence d’autres vic­times poten­tiel­le­ment ensevelies.

Les recon­nais­sances péri­phé­riques dans les immeubles adja­cents s’achèvent éga­le­ment. En paral­lèle, le poste médi­cal avan­cé (PMA) s’est orga­ni­sé dans une entre­prise à proxi­mi­té. Les éva­cua­tions vers les hôpi­taux s’effectuent au ren­fort de VSAV.

Au total, trois per­sonnes ense­ve­lies sont retrou­vées. Le bilan fait état de trois urgences abso­lues et de dix-neuf urgences rela­tives. L’ab­sence de vic­time décé­dée relève presque du miracle compte tenu de la vio­lence de l’explosion. Une entre­prise est enfin sol­li­ci­tée par la mai­rie pour pro­té­ger le site et reti­rer les élé­ments ris­quant
de chu­ter.

Pho­tos : 1CL Paul Millet


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