A la Une ! — Quel pompier de Paris et d’ailleurs ne connaît pas les dessins de René Dosne ? Il dessine les camions rouges de la Brigade dans ALLO 18 depuis… 1964 ! Une exposition lui est consacrée au foyer du sapeur-pompier de Paris — Association des œuvres sociales jusqu’au 20 juin.
René Dosne a grandi dans le Faubourg Saint-Antoine à Paris (XIe). C’était
alors le quartier des fabricants de meubles où bois et produits inflammables se
côtoyaient. Les incendies y étaient évidemment fréquents. Un désastre pour les
artisans et un spectacle pour les enfants du coin, lorsque les soldats du feu
déboulaient en PS décapotable Hotchkiss et déroulaient leurs tuyaux avec force
et vigueur.
Une animation que le jeune René commence à croquer sur ces cahiers d’écolier
(voir dans la vidéo) avec un talent étonnant de précocité. Curieux de voir les
engins et la vie des soldats du feu de plus près, il fera, quelques années plus
tard, une demande pour entrer dans les casernes pour y dessiner. Le colonel
Casso lui en donnera l’autorisation.
Dès lors la vie de la Brigade et celle de René se dérouleront en parallèle.
Dessins opérationnels, croquis techniques d’engins, planches de BD, et bien d’autres objets seront donc exposés le 13 mai de 10 à 18 heures en présence de l’auteur, puis les mardis 16 et 23 mai et 6, 13 et 20 juin de 13 à 17 heures. Entrée gratuite.
Figure incontournable du magazine, ALLO 18 lui a consacré une interview dans notre numéro 779 de janvier 2023
Comment êtes-vous parvenu à dessiner pour ALLO 18 ?
J’étais passionné par les pompiers depuis l’âge de cinq ou six ans et j’adorais dessiner des camions… En 1964, je faisais des études d’arts graphiques. Un jour, mon professeur de décoration m’a conseillé d’aller dans une caserne et demander à voir les engins. Comme je ne connaissais personne, j’ai écrit une lettre… Pas de réponse. Puis, au bout de trois semaines, en rentrant de l’école, ma mère me dit qu’un pompier est passé à moto pour déposer une lettre. C’était un courrier du colonel Casso, m’autorisant à venir dessiner les camions ! Je venais d’avoir 17 ans.
Je repense à cet instant à chaque fois que je passe la voûte de Champerret. Je me souviens des premiers secours Hotchkiss. Les camions avaient des chromes magnifiques… J’ai donc commencé à dessiner des camions. Rapidement, le chef du 2e bureau, le capitaine Franceschi, est venu voir mes dessins. Il m’a présenté au colonel Casso, à la fin d’un grand rapport du vendredi. J’étais mineur, civil, et lorsque j’ai présenté mes dessins au colonel, il a dit : « On lui donne une tenue de feu, un laissez-passer au feu, on lui paye une assurance et il va faire des dessins de feu pour ALLO 18 ! ».
Parlons de votre premier dessin publié dans ALLO 18…
J’en ai honte, naturellement (rires). Il a été publié dans une rubrique qui s’appelait « D’un centre à l’autre ». Je crois avoir fait six dessins pour ce numéro-là (ndlr : n°183 d’avril 1964). J’étais payé un franc cinquante le dessin. J’allais à la rédaction, on me donnait le texte et je devais faire une illustration un peu drôle. À l’époque, je travaillais au pinceau, ce n’était pas terrible… Dans les numéros suivants, les dessins ont été un peu moins mauvais, car j’avais pris conscience que lorsqu’un dessin est mal fait, on le retrouve toujours, même 50 ans plus tard… Alors, j’avais décidé de mettre la barre le plus haut possible. J’étais abonné au magazine Science et Vie. Les illustrations de cette revue ont toujours été une référence pour moi.
Vous souvenez-vous des débuts de Flammeche et Cornofeu ?
C’était en 1983. À cette époque, je travaillais dans le milieu de la bande dessinée. J’étais entouré de dessinateurs professionnels. À la Brigade, les commandes étaient très variées : on me demandait un faire-part, une bande dessinée, une illustration ou un écorché de camion… Je devais être polyvalent ! Il fallait toujours être au taquet, c’était très formateur.
Ensuite, pourquoi Pinpon la VL, née en 1970, est devenue Flammeche et Cornofeu ? Je voulais augmenter le niveau global, et le nom a changé aussi ! Plus tard, le lieutenant Bourdillot est arrivé dans la bédé. Je l’aime bien, Bourdillot, il est un peu à la ramasse.
En 2023, nous fêtons les 40 ans de Flammeche et Cornofeu… Ça vous fait quoi ?
Ah bon ?! Il faut que je fasse quelque chose, alors ! Je ne vois pas le temps passer… Le milieu est tellement motivant. On est toujours entouré de jeunes, c’est très encourageant. Et puis du jour au lendemain, la bédé a 40 ans !
Photographie et propos recueillis par Sergent Nicholas Bady