EXPOSITION — René Dosne au foyer du sapeur !

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 09 h 06 

A la Une ! — Quel pompier de Paris et d’ailleurs ne connaît pas les dessins de René Dosne ? Il dessine les camions rouges de la Brigade dans ALLO 18 depuis… 1964 ! Une exposition lui est consacrée au foyer du sapeur-pompier de Paris — Association des œuvres sociales jusqu’au 20 juin.

René Dosne a gran­di dans le Fau­bourg Saint-Antoine à Paris (XIe). C’é­tait
alors le quar­tier des fabri­cants de meubles où bois et pro­duits inflam­mables se
côtoyaient. Les incen­dies y étaient évi­dem­ment fré­quents. Un désastre pour les
arti­sans et un spec­tacle pour les enfants du coin, lorsque les sol­dats du feu
débou­laient en PS déca­po­table Hot­ch­kiss et dérou­laient leurs tuyaux avec force
et vigueur.

Une ani­ma­tion que le jeune René com­mence à cro­quer sur ces cahiers d’é­co­lier
(voir dans la vidéo) avec un talent éton­nant de pré­co­ci­té. Curieux de voir les
engins et la vie des sol­dats du feu de plus près, il fera, quelques années plus
tard, une demande pour entrer dans les casernes pour y des­si­ner. Le colo­nel
Cas­so lui en don­ne­ra l’autorisation.

Dès lors la vie de la Bri­gade et celle de René se dérou­le­ront en parallèle.

Dessins opérationnels, croquis techniques d’engins, planches de BD, et bien d’autres objets seront donc exposés le 13 mai de 10 à 18 heures en présence de l’auteur, puis les mardis 16 et 23 mai et 6, 13 et 20 juin de 13 à 17 heures. Entrée gratuite.

Figure incontournable du magazine, ALLO 18 lui a consacré une interview dans notre numéro 779 de janvier 2023

Com­ment êtes-vous par­ve­nu à des­si­ner pour ALLO 18 ?
J’étais pas­sion­né par les pom­piers depuis l’âge de cinq ou six ans et j’adorais des­si­ner des camions… En 1964, je fai­sais des études d’arts gra­phiques. Un jour, mon pro­fes­seur de déco­ra­tion m’a conseillé d’aller dans une caserne et deman­der à voir les engins. Comme je ne connais­sais per­sonne, j’ai écrit une lettre… Pas de réponse. Puis, au bout de trois semaines, en ren­trant de l’école, ma mère me dit qu’un pom­pier est pas­sé à moto pour dépo­ser une lettre. C’était un cour­rier du colo­nel Cas­so, m’autorisant à venir des­si­ner les camions ! Je venais d’avoir 17 ans.
Je repense à cet ins­tant à chaque fois que je passe la voûte de Cham­per­ret. Je me sou­viens des pre­miers secours Hot­ch­kiss. Les camions avaient des chromes magni­fiques… J’ai donc com­men­cé à des­si­ner des camions. Rapi­de­ment, le chef du 2e bureau, le capi­taine Fran­ces­chi, est venu voir mes des­sins. Il m’a pré­sen­té au colo­nel Cas­so, à la fin d’un grand rap­port du ven­dre­di. J’étais mineur, civil, et lorsque j’ai pré­sen­té mes des­sins au colo­nel, il a dit : « On lui donne une tenue de feu, un lais­sez-pas­ser au feu, on lui paye une assu­rance et il va faire des des­sins de feu pour ALLO 18 ! ».

Par­lons de votre pre­mier des­sin publié dans ALLO 18…
J’en ai honte, natu­rel­le­ment (rires). Il a été publié dans une rubrique qui s’appelait « D’un centre à l’autre ». Je crois avoir fait six des­sins pour ce numé­ro-là (ndlr : n°183 d’avril 1964). J’étais payé un franc cin­quante le des­sin. J’allais à la rédac­tion, on me don­nait le texte et je devais faire une illus­tra­tion un peu drôle. À l’époque, je tra­vaillais au pin­ceau, ce n’était pas ter­rible… Dans les numé­ros sui­vants, les des­sins ont été un peu moins mau­vais, car j’avais pris conscience que lorsqu’un des­sin est mal fait, on le retrouve tou­jours, même 50 ans plus tard… Alors, j’avais déci­dé de mettre la barre le plus haut pos­sible. J’étais abon­né au maga­zine Science et Vie. Les illus­tra­tions de cette revue ont tou­jours été une réfé­rence pour moi.
Vous sou­ve­nez-vous des débuts de Flam­meche et Cor­no­feu ?
C’était en 1983. À cette époque, je tra­vaillais dans le milieu de la bande des­si­née. J’étais entou­ré de des­si­na­teurs pro­fes­sion­nels. À la Bri­gade, les com­mandes étaient très variées : on me deman­dait un faire-part, une bande des­si­née, une illus­tra­tion ou un écor­ché de camion… Je devais être poly­va­lent ! Il fal­lait tou­jours être au taquet, c’était très for­ma­teur.
Ensuite, pour­quoi Pin­pon la VL, née en 1970, est deve­nue Flam­meche et Cor­no­feu ? Je vou­lais aug­men­ter le niveau glo­bal, et le nom a chan­gé aus­si ! Plus tard, le lieu­te­nant Bour­dillot est arri­vé dans la bédé. Je l’aime bien, Bour­dillot, il est un peu à la ramasse.

En 2023, nous fêtons les 40 ans de Flam­meche et Cor­no­feu… Ça vous fait quoi ?
Ah bon ?! Il faut que je fasse quelque chose, alors ! Je ne vois pas le temps pas­ser… Le milieu est tel­le­ment moti­vant. On est tou­jours entou­ré de jeunes, c’est très encou­ra­geant. Et puis du jour au len­de­main, la bédé a 40 ans !

Pho­to­gra­phie et pro­pos recueillis par Ser­gent Nicho­las Bady


Le portrait

En juin 2020, nous avions également demandé à René de nous raconter sa vie de dessinateur de la Brigade. Une vidéo où la passion est omniprésente.