FEU À VILLENEUVE-LA-GARENNE — Les sauvetages s’enchaînent !

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 4 juillet 2024 à 03 h 57 

Retour d’inter — Voici le récit d’un incendie dans la cité Gustave Appert, à Villeneuve-la-Garenne (92) par les intervenants. Un feu d’appartement se déclenche dans la nuit du 17 au 18 mars, venant perturber le sommeil des habitants. Alertés, les sapeurs-pompiers de Paris du secteur Gennevilliers se rendent rapidement sur les lieux pour s’attaquer au sinistre.

Le 18 mars, aux alen­tours de minuit, je suis réveillé par le ron­fleur de la VL OGC, témoigne le capi­taine Simon Crei­gnou, offi­cier de garde de la 27e com­pa­gnie. À ce moment-là, je ne sais pas encore qu’il s’agit d’un départ pour feu. En des­cen­dant, je vois l’agitation dans la remise et com­prends que je ne suis pas le seul à par­tir. Il s’agit vrai­sem­bla­ble­ment d’un départ pour feu. Cette infor­ma­tion est confir­mée au PVO dans la foulée. »

L’officier de garde de la 27e com­pa­gnie fait un point avec le lieu­te­nant Ugo Bar­rier, chef de garde du jour au centre de secours Gen­ne­vil­liers. Il s’agit de la cité Gas­ton Appert de Vil­le­neuve-la-Garenne, bien connue du sec­teur. Rapi­de­ment, les engins sortent
de la remise et l’OGC fait un point de situa­tion de manière pré­cise avant de sau­ter dans la VL. Il n’a pas encore la notion qu’il sera rapi­de­ment com­plé­té par un groupe habitation.

« Géné­ra­le­ment, j’ouvre la fenêtre en m’approchant des lieux d’un sinistre, afin de consta­ter s’il y a une odeur de brû­lé. Mais là, rien ! relate le capi­taine. Au détour d’une grande ave­nue du sec­teur, j’aperçois un panache qui se déve­loppe au loin, au-des­sus des toits. Il y a bien un incen­die dans le coin. » Aus­si­tôt pré­sen­té, l’OGC per­çoit une cer­taine agi­ta­tion chez les habi­tants, encore ensom­meillés. De fait, trois fenêtres sont déjà allu­mées au pre­mier étage ! Afin d’attaquer le sinistre, les équipes éta­blissent pres­te­ment l’alimentation en pied de cage d’escaliers. Hélas, ils sont ralen­tis dans leur manœuvre car celle-ci n’est pas encloi­son­née : des flammes mena­çantes sortent de leur volume ini­tial… Au même moment, « je fais un point avec le lieu­te­nant Bar­rier. Il me pré­cise qu’il vient de faire éta­blir un deuxième moyen hydrau­lique depuis la rue pour réa­li­ser une attaque d’atténuation. Celle-ci per­met d’avoir un effet direct sur le sinistre, et faci­lite par-là la pro­gres­sion des équipes dans la cage d’escaliers » observe le capitaine.

Lors de ce point, le lieu­te­nant Bar­rier décide de deman­der un ren­fort habi­ta­tion pour adap­ter la réponse opé­ra­tion­nelle à l’incendie. Au même ins­tant, le lieu­te­nant apprend qu’il est impos­sible de faire des­cendre l’ascenseur. De poten­tielles vic­times sont res­tées blo­quées à l’intérieur. L’officier de garde com­pa­gnie lui annonce qu’à la suite de cette manœuvre de sau­ve­tage, il pren­dra le Com­man­de­ment des opé­ra­tions de secours (COS). L’ascenseur est fina­le­ment rame­né au pre­mier étage, et ses portes sont for­cées par les sapeurs-pom­piers. Un couple de per­sonnes âgées en arrêt car­dio-res­pi­ra­toire (ACR) en est extrait par les équipes du four­gon de Saint-Ouen alors même qu’ils trai­taient déjà une fuite de gaz enflam­mée sur le palier. Les deux vic­times sont prises en charge et réani­mées sans délai.

Je prends le com­man­de­ment des opé­ra­tions de secours. « Alors que ce n’était pas le cas au départ, on voit que ça brûle aus­si en cou­rette main­te­nant. Les sau­ve­tages sont réa­li­sés un à un, et les mises en sécu­ri­té, effec­tuées par l’EPAN Saint-Denis, s’enchaînent. » Simul­ta­né­ment, la pre­mière équipe du four­gon d’appui Gen­ne­vil­liers va cher­cher trois per­sonnes blo­quées dans leur appar­te­ment du deuxième étage, au moyen de l’échelle à cou­lisse. Ils pour­suivent leurs sau­ve­tages jusqu’au troi­sième étage en pro­lon­geant leur ascen­sion au moyen de l’échelle à cro­chets. Une fois dans l’appartement concer­né, le chef d’équipe ordonne la mise en place d’un point fixe humain afin de sor­tir une femme au moyen du Lot de sau­ve­tage et de pro­tec­tion contre les chutes (LSPCC).
Au capi­taine d’ajouter : « Rapi­de­ment appuyé par les offi­ciers de garde de la 9e et 26e com­pa­gnie, je les désigne chefs de sec­teurs afin qu’ils super­visent les opé­ra­tions de recon­nais­sance, les mul­tiples mises en sécu­ri­té ain­si que l’optimisation de la ven­ti­la­tion ». L’OGC de la 27e com­pa­gnie, appuyé par le lieu­te­nant-colo­nel Maxime Gal­lou (offi­cier supé­rieur du 3e grou­pe­ment), constate que les moyens mis en œuvre sont adap­tés à la maî­trise du feu.
De plus, une action rapide sur ce der­nier a per­mis de cal­mer la situa­tion. « Com­bi­née à l’attaque directe sur le foyer, l’attaque d’atténuation menée dès les pre­miers ins­tants a eu un effet direct sur le sinistre. Elle a pro­ba­ble­ment faci­li­té les sau­ve­tages dans l’ascenseur », ana­lyse le capitaine.

À 2 h 31, le mes­sage « feu éteint » est confir­mé par le capi­taine ! Le couple de per­sonnes âgées en ACR a été réani­mé. Le dénom­bre­ment ter­rain défi­ni­tif fait état de six sau­ve­tages, sept mises en sécu­ri­té et, fort heu­reu­se­ment, aucun décès. Des condi­tions ini­tiales d’engagement com­pli­quées certes, « cepen­dant, on en garde tous un sou­ve­nir uni­voque : l’opération s’est bien dérou­lée ».

Le capitaine Simon Creignou, officier de garde de la 27e compagnie, retrace cette intervention. C’est l’occasion de préciser quelques éléments décisifs.

Avez-vous ren­con­tré des dif­fi­cul­tés quant à la confi­gu­ra­tion bâti­men­taire ?
nous avons en effet ren­con­tré quelques dif­fi­cul­tés une fois arri­vés sur le ter­rain. Cette inter­ven­tion s’est dérou­lée à Vil­le­neuve-la-Garenne. Nous avions déjà réa­li­sé par le pas­sé quelques opé­ra­tions dans cette cité. Nous connais­sions déjà les quelques dif­fi­cul­tés rela­tives au ter­rain. On l’appelle la cité du « fer à che­val », c’est-à-dire que cette rési­dence est construite en arc de cercle, presque fer­mé. Il n’y a qu’un seul accès : il s’agit d’une place qui per­met d’accéder aux dif­fé­rentes entrées des immeubles. En plus de l’étroitesse de ce pas­sage, il y a des tra­vaux sur le devant de cette place, si bien que nos MEA n’ont pas pu s’engager par l’intérieur, dans la place, afin d’accéder à la façade. De plus, les palis­sades qui entourent ce chan­tier empê­chaient les sapeurs-pom­piers d’accéder au bar­rage cen­tral de gaz. Le chef d’agrès du BEA a donc for­cé la clô­ture afin de bar­rer le gaz.
Et du point de vue opé­ra­tion­nel, avez-vous ren­con­tré des obs­tacles ?
mes équipes ont eu des dif­fi­cul­tés à créer l’exutoire, per­met­tant d’évacuer les fumées. Nous avons eu du mal à y accé­der car celui-ci était pro­té­gé par une porte grilla­gée. Ce dis­po­si­tif de sécu­ri­té est fré­quent dans les cités, il empêche les gens d’accéder au toit. Après quelques efforts, nous avons réus­si à for­cer le grillage et à créer cet exu­toire, lui-même situé der­rière la machi­ne­rie ascen­seur. Celui-ci fonc­tion­nait, mais assez mal étant don­né qu’il y avait encore de gros bou­chons de fumée. Les appar­te­ments du dixième au dou­zième étage étaient par­ti­cu­liè­re­ment enfumés.

Que rete­nez-vous de cette inter­ven­tion ?
cette opé­ra­tion s’est bien pas­sée, alors que dès le début, il y avait quelques élé­ments qui auraient pu nous poser de réels pro­blèmes. Je suis fier de mes équipes, cette inter­ven­tion res­te­ra gra­vée dans nos mémoires

Texte : Sap. de première classe Raphaël Orlando et Marie-Liesse Yon — photographies : Caporal Paul Millet

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