Grands formats — ALLO DIX-HUIT vous propose de partir à la découverte du « Grand Paris », de ses spécificités et de ses enjeux. Quel sera le visage de la métropole de demain ? Et comment la Brigade se prépare-t-elle aux Jeux Olympiques de 2024, projet emblématique de la métropole ? Éléments de réponse.
LE « GRAND PARIS » : QUÈSACO ?
Nous avons tous entendu parler du « Grand Paris » et de la façon dont il va modifier le panorama urbain, économique, social et culturel de notre belle et grande région parisienne. Pour autant, certains se posent encore la question… Qu’est-ce que le « Grand Paris », au juste ?
Si Paris est depuis toujours la capitale de la mode, ces dernières années, la mode est au « Grand Paris ». Plus précisément depuis le 27 janvier 2014, avec la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, dite « loi MAPTAM », renforcée par la loi du 7 août 2015 de nouvelle organisation territoriale de la République, dite « loi NOTRe ». Ces dernières ont abouti à la création de la Métropole du Grand Paris (MGP), le 1er janvier 2016.
UNE STRUCTURE ADMINISTRATIVE
La Métropole du Grand Paris est le nom d’une structure administrative, techniquement appelée « établissement public de coopération intercommunale » (EPCI) et fondée sur le principe de l’intercommunalité. Elle regroupe la ville de Paris (75), 123 communes des trois départements des Hauts-de-Seine (92), de la Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94), ainsi que sept communes de l’Essonne (91) et du Val-d’Oise (95). Soit 131 communes (151 en comptant les arrondissements de Paris) pour une densité de population de plus de sept millions d’habitants !
Le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, a été élu au lendemain de sa création, le 22 janvier 2016. Il a été réélu le 9 juillet 2020, au titre de la mandature 2020 – 2026. Le président de la MGP est appuyé dans son action par un « bureau métropolitain », composé de 20 vice-président(e)s et 23 conseiller(e)s délégué(e)s représentatifs de toutes les sensibilités politiques. Tous ces élus sont maires, adjoints ou conseillers de l’une des communes de la Métropole et chacun est responsable d’un domaine précis. Anne Hidalgo, par exemple, est vice-présidente déléguée aux relations internationales et aux grands évènements de la Métropole du Grand Paris, en plus de ses fonctions de maire de Paris. Enfin, le « conseil métropolitain », composé de 208 membres issus des communes de la métropole, est l’organe délibérant de la MGP. Le conseil élit notamment le président et les membres du bureau de la Métropole du Grand Paris.
Les enjeux de la Métropole du Grand Paris sont multiples. Il s’agit notamment de relever le défi du développement et de l’aménagement économique, social et culturel, de la protection de l’environnement et de l’attractivité internationale. Car une compétition mondiale se joue entre les métropoles telles que Londres, Tokyo ou New York. En définitive, la Métropole du Grand Paris s’inscrit dans une dynamique autant locale que mondiale !
Conformément aux dispositions du Code général des collectivités territoriales (CGCT), la Métropole du Grand Paris exerce de plein droit, en lieu et place de ses communes membres, des compétences en matière de développement et d’aménagement économique, social et culturel ; de politique locale de l’habitat ; de protection et de mise en valeur de l’environnement et de politique du cadre de vie ; de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations et enfin, d’aménagement de l’espace métropolitain, notamment dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024.
UN SUPERMÉTRO
Le « Grand Paris », c’est aussi le Grand Paris Express (GPE) : un projet de « supermétro » complétant le réseau actuel, avec la réalisation de quatre nouvelles lignes souterraines. En 2030, la ligne 15 formera une boucle autour de Paris et traversera les départements de la petite couronne : la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine. La ligne 16 desservira la Seine-Saint-Denis de Saint-Denis à Clichy-Montfermeil, avant de s’arrêter à Chelles puis à Champs-sur-Marne, en Seine-et-Marne (77). La ligne 17 reliera la ville de Saint-Denis jusqu’au Mesnil-Amelot, en passant par Le Bourget et Roissy-Charles-de-Gaulle. La ligne 18 desservira essentiellement l’Essonne et les Yvelines (78), de l’aéroport d’Orly jusqu’à Versailles. Par ailleurs, le prolongement de la ligne 14 entre Saint-Denis et l’aéroport d’Orly contribuera également à enrichir l’offre de transport en région parisienne.
UN MAÎTRE D’ŒUVRE
La conduite du projet Grand Paris Express, de son financement à la réalisation des travaux, est assurée par la Société du Grand Paris (SGP). Il s’agit d’un établissement public créé en 2010 et visant notamment à concevoir le réseau, assurer la construction des nouvelles gares et réaliser des interconnexions avec le réseau existant, géré par la SNCF et la RATP.
La notion de « Grand Paris » regroupe donc la Métropole du Grand Paris, en tant que grande structure intercommunale, mais également le futur métro Grand Paris Express, dont le maître d’œuvre est la Société du Grand Paris !
Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.metropolegrandparis.fr et www.societedugrandparis.fr.
JEUX OLYMPIQUES 2024 : PARIS VOIT GRAND !
Après 1900 et 1924, la ville de Paris accueillera les Jeux Olympiques en 2024, pour la troisième fois de son histoire. Cet été, l’arrivée du drapeau olympique à la capitale a lancé le compte à rebours du début des Jeux, rendez-vous majeur de la Métropole du Grand Paris.
Les Jeux Olympiques (JO) reviennent à Paris, tout un symbole ! Vous souvenez-vous que les Jeux, sous leur forme moderne, ont été « rénovés » par un français ? En effet, Pierre de Coubertin, pour qui l’essentiel n’est pas encore de participer mais presque, fonde en 1894 le comité international olympique (CIO) au cours d’une cérémonie à l’université de la Sorbonne, à Paris. Quatre ans plus tard, en 1896, les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne ont lieu à Athènes puis à Paris, à nouveau quatre ans plus tard, en 1900. Pour les Jeux de 1924, Paris accueillait 6 000 athlètes venus de 45 pays !
LA XXXIIIe OLYMPIADE
Pour son édition 2024, Paris voit grand. Plus de 10 000 athlètes des 206 comités olympiques du globe (voir encadré), sont attendus pour concourir dans plus de 300 épreuves, dans 32 sports ! Les caméras du monde entier seront braquées sur la capitale pendant plus de deux semaines, du 26 juillet au 11 août 2024, soit seize jours. Quant aux Jeux Paralympiques, ils se tiendront quelques jours plus tard, du 28 août au 8 septembre 2024, soit douze jours de compétition. Au total, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se joueront pendant 28 jours, pour lesquels la BSPP est déjà en phase de préparation (lire ci-dessous, notre interview du colonel adjoint territorial ).
LE SAVIEZ VOUS ?
Pour être tout-à-fait rigoureux, il faut parler de comités nationaux olympiques et non de pays lorsque l’on évoque les JO. En effet, 206 comités sont représentés pour…197 pays. Cela provoque quelques singularités. Par exemple, les Bermudes, qui ne sont pas un pays au sens légal, possèdent un comité national olympique et donc envoient une équipe aux JO. Idem pour les îles Caïmans, Puerto-Rico, les Samoas américaines et quelques autres. De la même manière, le comité de Grande-Bretagne ne regroupe que l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Écosse. Les Nord-Irlandais, officiellement ressortissants du Royaume-Uni, concourent aux JO sous la bannière du comité national olympique d’une Irlande réunifiée.
Le logo des Jeux Olympiques de Paris 2024 a été dévoilé le 21 octobre 2019. Pour la première fois dans l’histoire des JO, l’emblème sera commun aux Jeux Olympiques et Paralympiques.
Il représente à la fois une médaille d’or et une flamme, symboles olympiques par excellence, mais également le visage d’une femme, Marianne, symbole de la République Française.
La typographie de style « art déco » fait référence aux Jeux Olympiques de Paris de 1924 !
Les épreuves se dérouleront essentiellement à Paris et dans ses environs. La capitale sera un terrain de jeu particulièrement prestigieux pour plus de 24 sports olympiques, qui se tiendront notamment au Parc des Princes, au Grand Palais, sur le Champ-de-Mars, sur la place de la Concorde ou encore au palais omnisports de Paris-Bercy ! Mais les Jeux rayonneront également tout autour de Paris, des Yvelines à la Seine-et-Marne en passant par les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, qui accueillera le Village olympique, le Village des médias, ainsi que six sports, dont le marathon paralympique. Par ailleurs, le tournoi de football se jouera dans cinq stades de province (Bordeaux, Nantes, Lyon, Nice et Marseille), tandis que l’intégralité des matchs de handball se jouera à Lille. Enfin, le site de Teahupo’o, à Tahiti, sera le théâtre de la compétition olympique de surf !
DES JEUX DURABLES
Les Jeux de Paris se veulent aussi respectueux de l’environnement. Ainsi, 95% des sites olympiques sont déjà existants ou seront temporaires, afin de limiter l’impact sur le climat de trop nombreuses constructions. Seuls deux sites sont à construire : le village olympique et paralympique, ainsi que le centre aquatique. Ces deux constructions seront laissées en héritage au département de la Seine-Saint-Denis, qui souffre d’ailleurs d’un manque de piscines. Par ailleurs, le comité d’organisation des Jeux est engagé dans un vaste plan de réduction de l’impact carbone des JO de Paris. Il s’agit notamment de trouver des solutions bas-carbone pour toutes les activités liées aux Jeux. En outre, 100 % des émissions de carbone seront “compensées” par des projets à double bénéfice social et environnemental, répartis sur les cinq continents. Comme la Brigade (lire notre dossier de janvier 2021 sur le développement durable), les JO se mettent au vert !
UNE PASSATION OLYMPIQUE
Les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ont officiellement touché à leur fin le 8 août 2021, lors d’une cérémonie de clôture où le gouverneur de Tokyo, Yuriko Koike, a transmis le drapeau olympique au président du CIO, Thomas Bach, qui l’a lui-même remis à la maire de Paris, Anne Hidalgo. Conçu par Pierre de Coubertin en 1913 et présenté officiellement en 1914, le drapeau olympique a flotté pour la première fois aux Jeux d’Anvers, en Belgique, en 1920. Il est arrivé à Paris le 9 août 2021 et flotte depuis sur le parvis de l’Hôtel de ville.
Depuis sa phase de candidature, la ville de Paris est déterminée à offrir à l’ensemble des Français une expérience des Jeux exceptionnelle. Le président de la République Emmanuel Macron a d’ailleurs annoncé en juillet 2021 sa volonté de donner un caractère « unique et révolutionnaire » à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, notamment en utilisant « tout ce que la Seine offre comme cadre urbain ». Pour cela, l’ensemble des services de l’État, dont la BSPP, travaillent en collaboration avec Tony Estanguet, champion de canoë et président du comité d’organisation des JO 2024.
UN MARATHON OUVERT
Si vous avez toujours rêvé de courir le marathon olympique, les Jeux Olympiques de Paris 2024 vont peut-être vous permettre de réaliser votre rêve. En effet, une épreuve du marathon, dite publique, sera ouverte à une participation massive de coureurs amateurs, le même jour et dans les mêmes conditions que l’épreuve olympique, mais à une heure différente. Et comme disait Pierre de Coubertin : « L’important, c’est de participer. »
Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.paris2024.org et sur www.paris.fr !
▶ LE REGARD DU COLONEL
COLONEL DIDIER CHALIFOUR
COLONEL ADJOINT TERRITORIAL ( COLADTER )
Le colonel Didier Chalifour nous reçoit dans son bureau, au sein de l’état-major de Champerret, pour évoquer les enjeux, pour la BSPP, des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Il prend le temps de répondre à nos questions.
▶ Dans quelle mesure la BSPP sera-t-elle impactée par les JO 2024 ?
Il faut savoir que les JO 2024 pèsent déjà largement sur les activités de la BSPP.
Les animations organisées cet été sur le Trocadéro pour faire la promotion de l’esprit olympique et formaliser la passation de responsabilités entre Tokyo et Paris ont par exemple mobilisé de nombreux acteurs : le bureau prévention dans l’instruction des dossiers relatifs aux structures temporaires érigées, le bureau opérations dans la supervision de dispositifs de secours adaptés. De même, les groupements d’incendie subissent d’ores et déjà sur leur secteur l’impact des chantiers liés à la construction des futurs sites olympiques et adaptent leur préparation opérationnelle en conséquence.
Le bureau infrastructure étudie quant à lui le projet de création d’un nouveau centre de secours à proximité immédiate du futur village olympique qui, en phase « héritage » (post JO), offrira à la Brigade une capacité supplémentaire dans une zone de forte sollicitation en pleine mutation.
Oui les JO ont déjà commencé pour la BSPP et une équipe de marque a même été créée au sein de l’état-major pour porter la dimension « secours-santé » dans les travaux de planification opérationnelle instruits et pilotés par la préfecture de police (EMZDSP).
À l’été 2024, il s’agira donc de faire face à une activité exceptionnelle dans un contexte de tension extrême en raison de l’enjeu national et de l’ultra médiatisation de l’événement.
La Brigade accueillera sur sa zone d’opération de très nombreuses épreuves, mais surtout les cérémonies d’ouverture et de clôture qui attireront des délégations étrangères de haut rang, de nombreuses personnalités et une foule de spectateurs de toutes nationalités.
Au-delà de l’appui aux dispositifs de sécurité, placés sous la responsabilité de l’organisateur, sur les sites de compétition et de festivités, la Brigade devra donc absorber les interventions liées à un risque courant particulièrement aggravé, tout en maintenant une capacité d’action face au risque exceptionnel.
▶ À J‑3 ans des Jeux, quelles sont vos principales préoccupations ?
La première de mes préoccupations consiste, dans les travaux de planification, à faire porter le regard sur le volet « secours », quand latendance naturelle est d’orienter les études sécuritaires sur les problématiques de sûreté (police).
Il s’agit également de ne pas laisser la réflexion se concentrer sur les seuls sites de compétition mais d’attirer l’attention sur le risque en périphérie des événements.
Sur ce point de nombreuses données manquent encore : jauges de public, fréquentation des sites, festivités annexes, contexte sanitaire, sécuritaire et social à l’été 2024. L’effort porte donc aujourd’hui principalement sur l’élaboration et la validation des principes d’engagement de la force (concentration des moyens de première intention, préservation d’une capacité de manœuvre) à défaut de pouvoir articuler un dispositif de façon précise.
L’assurance de bénéficier de ressources à la hauteur des ambitions exprimées constitue une autre préoccupation majeure.
L’inquiétude porte tout particulièrement sur la population des secouristes qui sera fortement sollicitée dans le cadre des différents dispositifs prévisionnels de sécurité (DPS). De fait, les associations agréées de sécurité civile peineront sans doute à renforcer dans la période la couverture opérationnelle Brigade.
Par anticipation, il est donc nécessaire d’envisager toutes les mesures visant à constituer des forces supplétives : réservistes, volontaires service civique et citoyens secouristes.
▶ Quels seront, selon vous, les principaux critères de réussite des Jeux Olympiques ?
La mobilisation tout d’abord et l’adhésion des acteurs à ce projet d’intérêt national. L’anticipation ensuite pour appréhender l’événement avec enthousiasme et confiance. La capacité enfin, et surtout, à agir de façon coordonnée entre les services, pour garantir au-delà des missions de sécurité assumées par l’organisateur une réponse opérationnelle fiable et rodée des services de l’Etat.
Il semble utile pour cela de tirer le meilleur profit de la doctrine « événement grave », rédigée à la suite des attentats de 2015, et de concevoir des exercices ciblés pour une préparation opérationnelle commune optimale. Un centre de coordination zonal devrait voir le jour au sein de la préfecture de police à l’horizon des JO. Sans se substituer à l’action des salles opérationnelles des différentes directions, il sera l’outil nécessaire à l’engagement de forces parfaitement interopérables.