#BrigadeInside — Le 1er juillet dernier, le groupement formation instruction et de secours (GFIS) a quitté définitivement le fort de Villeneuve-Saint-Georges pour rejoindre le site de Limeil (LIME). Une étape cruciale vers notre future « grande école du sapeur-pompier de Paris ». L’occasion de dresser un premier état des lieux sur ce projet gigantesque.
À l’heure où s’écrivent ces lignes, toutes les recrues et tous les militaires de Villeneuve-Saint-Georges se sont installés à LIME. Le fort a fermé définitivement ses chambres, ses cuisines et ses locaux. Seuls subsistent encore sa voûte légendaire, quelques caissons de feu, le plateau du CFNRBC et la remise. Si une certaine nostalgie peut s’emparer du sapeur qui sommeille en chaque pompier, LIME prouve indéniablement ses qualités une fois ses onze hectares traversés. Mais comment fonctionne cette école ? Réponse en trois parties, une pour chaque base. La base vie, l’emplacement de l’état-major et de l’instruction théorique et pratique (2X, 3X, X4X,) et enfin, les plateaux techniques.
ACCUEILLIR, FILTRER, DORMIR, MANGER ET FAIRE DU SPORT
Au cœur du site, vous êtes accueillis et filtrés dès le poste central de sécurité (PCS) et son poste de veille opérationnelle (PVO) nouvelle génération. Depuis le 12 juillet, le PCS et le PVO ARTEMIS sont pleinement opérationnels, à l’entrée du quartier et de la base vie. Ici, l’on combine fonction de filtrage et vocation opérationnelle !
Un cordon de bâtiments aux murs sombres constitue la base vie des stagiaires. Il abrite 728 couchages répartis sur cinq bâtiments de deux à quatre étages. Pour le moment, seuls les contingents de recrues profitent des chambres. Depuis le 1er août, la FIAO s’est installée également dans les murs. Dès septembre, toutes les formations, à l’exception du CFC, auront déménagé en son sein. Puis, courant 2023, le PEC et le PECCH achèveront la transition du GFIS. Une seule chose à retenir : fin 2023, chaque sapeur-pompier de Paris, du sapeur à l’officier, sera installé à LIME le temps de sa formation.
Toujours sur la base vie, l’espace restauration poursuit sa mission : remplir les ventres des stagiaires affamés. Ouvert depuis 2019, la réputation de ses plats a déjà fait le tour de la Brigade. Il accueillera à terme plus de 1 000 rationnaires par jour. Enfin, quatre salles de sport complètent l’ensemble. Cardio et crossfit, musculation, gymnastique et planches : les sections peuvent désormais profiter d’un entraînement moderne à l’aide de matériels adaptés aux exigences physiques du métier.
CHEFFER ET ÉTUDIER
Face à la base vie, un second bâtiment orné de baies vitrées s’élève majestueusement. Il s’agit du bâtiment État-major-base d’instruction (EMBI). L’immeuble abrite le chef de corps du GFIS, son état-major et l’ensemble des compagnies : la CDF1 pour les jeunes recrues, la CDF2 pour les spécialistes, la CDF3 pour les cadres et la CCL6 pour le soutien logistique.
Du côté étude, on y retrouve 40 salles de cours, chacune dotée d’écrans capacitifs, 200 ordinateurs, plus d’une centaine de tablettes (à terme, chaque stagiaire en sera doté pour la durée de sa formation) et une salle modulaire de conférence de 200 places. Un ensemble cohérent d’outils modernes, couvert entièrement en WiFi, dédié à la pédagogie. Pour encadrer et coordonner l’ensemble, le GFIS s’est doté depuis deux ans d’une direction générale de la formation (DGF). Concrètement, LIME calque son fonctionnement sur celui qui fait la renommée des écoles militaires françaises, à l’image de l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (56) ou de l’ENSOA de Saint-Maixent (79).
MANŒUVRER, APPRENDRE, TRANSMETTRE LE MÉTIER
Pour la pratique, quatre plateaux de 250 m² chacun sont dédiés à la mise en situation. Utilisés pour des cas concrets, ils servent à recréer des lieux habituels d’intervention : chambre d’hôtel, mansarde, salle de restaurant et même accueil des urgences. Une véritable mise en scène réaliste pour tous les élèves. Sur une façade de l’immeuble, les sections disposent de plusieurs balcons pédagogiques. Enfin, une maison du feu de trois étages va être réalisée dans une autre aile du bâtiment.
Enfin, au niveau du plateau technique, la montée en puissance de la formation est encore plus évidente. Sur 11 000 m² de surface totale, 2 500 m² sont en indoor. Sous l’immense halle de la manœuvre (HM), les élèves profitent de multiples modules plus vrais que nature, comme une portion d’autoroute, une station de métro, une tour d’instruction, des alvéoles pédagogiques ou encore des caves d’immeuble (lire encadré).
En extérieur, seize caissons à feu réel, équipés de dispositifs de traitement de fumées (observation, attaque, FGI, effets thermiques, backdraft, duplex, VHL-GPL, fuite de gaz enflammée), trônent sur les aires de transmission. Le roulement permettra aux élèves et aux moniteurs de « brûler » tout au long de la journée sans interruption. Dans le dossier de son prochain numéro, la rédaction d’ALLO DIX-HUIT reviendra en détails sur tous les apports de la nouvelle école du sapeur-pompier de Paris !
PHOTOS : 1CL PAUL MILLET et DR