Web-série — Le 8 août 1868, un homme, un sapeur-pompier de Paris sort de l’anonymat et s’installe dans toutes les discussions. Adulé par la population, comme par la presse, François Thibault devient une véritable célébrité. Avec cette nouvelle web-série, revivons des histoires de pompiers pas comme les autres. Des faits divers… pendant tout l’été !
En cette chaude soirée d’été, un incendie éclate au 134 de la rue St-Antoine, dans le quartier du Marais, en plein cœur de Paris. C’est à l’enseigne de la « truie qui file », une crèmerie, que les pompiers de la caserne Sévigné accourent (à pied !) en tirant leurs matériels. Arrivés sur place, au milieu des cris des témoins, ils constatent l’impossibilité d’emprunter la cage d’escalier. En un rien de temps, les sapeurs dressent leurs échelles à crochets pour atteindre les cinq étages du bâtiment.
Faisant preuve d’un courage et d’un héroïsme inouï, Thibault réalise à lui seul, dix sauvetages en arrachant des flammes, les victimes les unes après les autres. Le dernier se conclut par celui de la dame Folias. Elle est à ce point paniquée, que notre caporal décide de l’attacher à son dos avec un drap. Un instant suspendu dans le vide, il comprend qu’il est trop loin de la fenêtre située juste en dessous. Le sauvetage parait impossible. Et pourtant, par une habile manœuvre, il arrive à se rétablir et à retomber d’aplomb. Sauvés !
Tout ceci se passe devant une foule médusée par ce qu’ils viennent de voir. Chacune de ses acrobaties sont accompagnées d’applaudissements et des cris d’admiration. Les journalistes sont également présents pour recueillir des témoignages. Dès lors, la vie du caporal Thibault ne sera plus la même. Les journaux de cette époque débordent d’articles faisant l’éloge de François Thibault ; des poèmes, des lettres, des dessins, des photographies, des cadeaux arrivent du monde entier. Des banquets sont organisés en son honneur dans toute la France.
ENCENSÉ PAR LA PRESSE
« Nous sommes allés à la caserne de la rue de Sévigné où nous avons questionné ce soldat. Ses mains et son corps sont couverts de cicatrices » Le Figaro, 11 août 1868.
« Une foule compacte se pressait aux abords de la boutique d’un débitant […] le caporal Thibault venait d’entrer dans cette maison. La foule grossissait à cette nouvelle et l’on attendait sa sortie […] la foule le pressait en criant « bravo ! bravo ! vive le caporal ! vive le caporal Thibault ! » Le petit journal, 14 août 1868.
« le caporal s’étant rendu boulevard Montmartre, au café de Suède, y a été l’objet d’une véritable ovation […]. On ne parvint qu’avec beaucoup de peine à le faire sortir du milieu de la foule compacte qui encombrait le boulevard » Le petit journal, 29 août 1868.
Tous témoignent de son immense et éphémère popularité.
Ces deux gravures illustrent avec humour l’attraction qu’il représente… jusqu’à faire le bonheur ou le malheur de nombreux directeurs de théâtres parisiens…
Figure incontournable de l’identité du sapeur-pompier de Paris, modèle de vertus, le récit des actions du caporal Thibault est encore de nos jours enseigné à chaque nouvelle recrue.