HISTOIRES DE POMPIERS : DES FAITS DIVERS… TOUT L’ÉTÉ (2)- L’incroyable existence du lieutenant Frond

tableau de courbet représentant Victor Frond

Web-série — L’histoire militaire française recèle des destinées aussi remarquables que surprenantes. La carrière atypique de Jean-Victor Frond, sapeur-pompier de Paris vaut le détour ! Tous les mardis, cet été, retrouvez des histoires insolites de pompiers… 

Damien Gre­nèche —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 37 

Natif de la région de Cahors, dans le Lot, Jean-Vic­tor Frond, le jeune fils de culti­va­teurs s’engage dans l’armée en 1839. D’abord affec­té au 2e régi­ment d’infanterie de Marine en Mar­ti­nique, il fait cam­pagne sur de nom­breux vais­seaux avant d’être affec­té, sur sa demande, au bataillon de sapeurs-pom­piers de Paris en 1850. Sous-lieu­te­nant à la 4e com­pa­gnie (Pois­sy à l’époque), il devient rapi­de­ment un brillant offi­cier et un tech­ni­cien esti­mé. Il publie un manuel inti­tu­lé « De l’In­suf­fi­sance des secours contre l’in­cen­die et des moyens d’or­ga­ni­ser ce ser­vice public dans toute la France ».

Et pour­tant, sa car­rière prend fin brus­que­ment car ce n’est pas un par­ti­san de Napo­léon III. En s’opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il est arrê­té, jugé puis dépor­té en Algé­rie. La vie du bagne est une rude expé­rience. Il gar­de­ra de nom­breuses notes riche­ment docu­men­tées à ce sujet jusqu’à son éva­sion à l’automne 1852 où il trouve refuge à Londres (encore un…). Séjour­nant un temps sur l’ile de Jer­sey, il fré­quente une com­mu­nau­té d’artistes exi­lés dont Vic­tor Hugo. Ce der­nier lui offre une nou­velle vie : celle de photographe.

Ain­si, Vic­tor Frond, offi­cier déchu, ouvre en 1857 son stu­dio de por­traits à Rio de Janei­ro au Bré­sil. Au milieu de la haute socié­té et de la famille impé­riale, où il jouit d’une recon­nais­sance qui lui confère la renom­mée de son talent. Durant ces années, il réa­lise éga­le­ment un ouvrage illus­tré sur le « Bré­sil pittoresque ».

Après l’amnistie géné­rale du 16 août 1859 pro­non­cée par Napo­léon III, il rentre à Paris. Sa pas­sion pour les métiers du livre l’amène à tra­vailler comme édi­teur pour la Mai­son Lemer­cier, en tant que res­pon­sable des col­lec­tions illustrées.

Courte car­rière puisque la guerre fran­co-prus­sienne l’oblige à reprendre du ser­vice comme sapeur-pom­pier de Paris puis au 124e régi­ment d’infanterie de ligne avec le grade de capi­taine. Ces actions lui valurent l’attribution de la Légion d’honneur le 7 février 1871.

Mis en retraite à titre d’ancienneté de ser­vices, il occupe le poste de régis­seur du Palais de l’Élysée.

PHOTO À LA UNE : Ami du peintre Gus­tave Cour­bet, il appa­raît au pre­mier plan de l’un de ses tableaux, aujourd’hui expo­sé au Petit-Palais.


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