Web-série — L’histoire militaire française recèle des destinées aussi remarquables que surprenantes. La carrière atypique de Jean-Victor Frond, sapeur-pompier de Paris vaut le détour ! Tous les mardis, cet été, retrouvez des histoires insolites de pompiers…
Natif de la région de Cahors, dans le Lot, Jean-Victor Frond, le jeune fils de cultivateurs s’engage dans l’armée en 1839. D’abord affecté au 2e régiment d’infanterie de Marine en Martinique, il fait campagne sur de nombreux vaisseaux avant d’être affecté, sur sa demande, au bataillon de sapeurs-pompiers de Paris en 1850. Sous-lieutenant à la 4e compagnie (Poissy à l’époque), il devient rapidement un brillant officier et un technicien estimé. Il publie un manuel intitulé « De l’Insuffisance des secours contre l’incendie et des moyens d’organiser ce service public dans toute la France ».
Et pourtant, sa carrière prend fin brusquement car ce n’est pas un partisan de Napoléon III. En s’opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il est arrêté, jugé puis déporté en Algérie. La vie du bagne est une rude expérience. Il gardera de nombreuses notes richement documentées à ce sujet jusqu’à son évasion à l’automne 1852 où il trouve refuge à Londres (encore un…). Séjournant un temps sur l’ile de Jersey, il fréquente une communauté d’artistes exilés dont Victor Hugo. Ce dernier lui offre une nouvelle vie : celle de photographe.
Ainsi, Victor Frond, officier déchu, ouvre en 1857 son studio de portraits à Rio de Janeiro au Brésil. Au milieu de la haute société et de la famille impériale, où il jouit d’une reconnaissance qui lui confère la renommée de son talent. Durant ces années, il réalise également un ouvrage illustré sur le « Brésil pittoresque ».
Après l’amnistie générale du 16 août 1859 prononcée par Napoléon III, il rentre à Paris. Sa passion pour les métiers du livre l’amène à travailler comme éditeur pour la Maison Lemercier, en tant que responsable des collections illustrées.
Courte carrière puisque la guerre franco-prussienne l’oblige à reprendre du service comme sapeur-pompier de Paris puis au 124e régiment d’infanterie de ligne avec le grade de capitaine. Ces actions lui valurent l’attribution de la Légion d’honneur le 7 février 1871.
Mis en retraite à titre d’ancienneté de services, il occupe le poste de régisseur du Palais de l’Élysée.
PHOTO À LA UNE : Ami du peintre Gustave Courbet, il apparaît au premier plan de l’un de ses tableaux, aujourd’hui exposé au Petit-Palais.