Web-série — De tout temps, le sapeur-pompier de Paris a déchainé les ardeurs. Il exerce son métier par passion. Ce feu sacré qui attire les regards et les vocations, mais aussi les cœurs. Tous les mardis, cet été, retrouvez des histoires insolites de pompiers…
On dit que l’amour donne des ailes.
À cette époque, chaque militaire souhaitant se marier, doit obtenir l’autorisation du colonel commandant le Régiment. Cependant, le sergent-major Sidorbe se voit refuser le droit de convoler avec une jeune fille nommée Cécile. Ravalant sa fierté, il prépare un plan diabolique.
Désigné pour la collecte des recettes des théâtres destinée à payer le service de représentation, Sibobre garde la somme de 1 500 francs dans sa veste et se rend aux Buttes-Chaumont pour acheter un costume civil. Aperçu pour la dernière fois à la Gare de Lyon, le « voleur par amour », Sidobre est sûrement parti cacher son amour en Suisse. (L’intransigeant, 17 octobre 1880)
On assure familièrement que l’amour rend aveugle.
Le naïf sapeur Fortin « est une victime de l’amour ». Tombé sous le charme d’une jeune femme qui ouvre les barrière à la frontière franco-belge, il déserte du jour au lendemain et renvoie ses effets militaires à sa caserne pour vivre son amour outre Quiévrain. Néanmoins, pris de remords et certainement du mal du pays, il se constitue prisonnier au consulat français en Belgique. Traduit en conseil de guerre, il éclate en sanglots sous les accusations. Seule la belle plaidoirie du célèbre avocat Me Saint-Méry saura toucher les juges. Acquitté ! (Le Petit Parisien, 2 octobre 1887)
C’est une certitude, l’amour rend fou !
Si vous n’en êtes pas convaincus, vous auriez pu le demander au pauvre caporal Le Saoût, victime de sa promise dont le cœur brulait d’un amour si ardent. Il avait rencontré Mlle Marthe Delbos, cuisinière de son état, qui ne se contenta qu’un temps, de leurs rendez-vous galants. Elle voulait au plus tôt officialiser leur union devant le maire. Le Saoût repoussait à chaque fois la décision. Elle donna rendez-vous à son amant de la caserne Trocadéro dans une chambre d’hôtel de la rue de l’Arc-de-Triomphe. Puis, après avoir passé la nuit ensemble et essuyé une nouvelle désillusion, elle attrapa un flacon sur la cheminée et jeta le contenu au visage du caporal. Pour avoir refusé de l’épouser, le jeune caporal avait été vitriolé. Gravement brûlé, il atteint néanmoins le poste de police voisin, puis fût transporté à l’infirmerie du Régiment. « Il avait promis… ». (L’Humanité, 8 septembre 1910)
Et parfois, la douleur d’un chagrin d’amour pousse l’un des amants à la tragédie.
Adeline est une jeune parisienne sensible aux charmes des pompiers de son quartier. Elle vit une aventure avec l’un d’entre eux, le sapeur Juliat. Mais un soir, affolée, elle décide de se rendre à la caserne Grenelle après avoir reçu courrier de rupture, et demande à voir son sapeur. Une discussion mouvementée s’engage, puis Juliat tourne les bottes et repasse le porche de la caserne. « En le voyant s’éloigner la jeune femme sort un revolver et se tue d’une balle dans la tête ». (La Petite République, 2 juin 1908)