Web-série — Contre les vaches, les malfrats, les maîtres-chanteurs, le pompier de Paris peut devenir un bon Samaritain. Celui qui, dans les représentations religieuses et dans le langage courant, cultive « l’amour du prochain ». Mais ici, également un sens un peu excessif de la dévotion envers les Parisiens…
Le 3 novembre 1908, la routine matinale des Parisiens a été quelque peu… bousculée. André Le Bouvier traverse sereinement la capitale avec ses deux vaches pour les conduire aux abattoirs de La Villette. Arrivé au niveau de la place de la Bastille, c’est le drame. Il perd le contrôle de la situation au passage du tramway de la ligne Montparnasse-Bastille à proximité de ses bêtes. Effrayée par l’imposante machine, une des deux vaches brise sa longe et s’emporte. Et top à la vachette ! Malchance pour deux négociants anglais en pleine discussion devant la colonne de Juillet. Le rouge de leur apparat attire l’animal. La vache furieuse les renverse et termine sa course dans le monument. Puis elle repart à la charge. La panique se répand. Les Parisiens fuient à grandes enjambées la place de la Bastille. Tous, excepté le jeune sapeur Vernès de la caserne Sévigné. Prenant son courage à deux mains, il « saisit l’animal par les cornes, le jette sur le côté et parvient à le maitriser » après avoir été trainé sur quelques mètres. Olé !
Bilan de l’incident : une bosse au front pour Sir Farmelick, des lunettes brisées pour Sir Riddock, un pantalon troué pour notre pompier toréador, et quelques frayeurs pour les passants.
Pompier au bois de Boulogne
A l’ouest de Paris se trouve l’ancienne forêt de Rouvray. Repaire de brigands au Moyen-Age, refuge pour les condamnés de la Révolution, le Bois de Boulogne est également un lieu de villégiature où les voyageurs se baladent et peuvent faire des rencontres en tout genre. Comme Paul Grappe (alias Suzanne), héros du roman La Garçonne et l’Assassin, et grande figure du Paris « décomplexé » de cette période de l’entre Deux-Guerre.
Les taillis et les buissons sont certes complices et gardiens de bien des secrets, mais également le terrain de jeu d’un groupe de voyous spécialisés dans un type d’agression particulier : le racket. Cependant, bon nombre de leurs victimes renonçaient à porter plainte pour des raisons évidentes. Pourtant, un soir de juin 1948, en permission, le sapeur Gaily reçut des menaces et fut invité à se débrasser de son portefeuille. Faisant face à ses agresseurs un long moment, il put lors de sa déposition entreprendre une fidèle description du « gang des voyeurs ». Quelques jours plus tard, grâce à la lucidité de notre sapeur, les officiers de police purent arrêter les malfrats en train de forcer des voitures stationnées le long des allées du Bois. Les loups-garous sont tombés ; désormais, on pourra s’aimer en paix dans le Bois de Boulogne !
Course-poursuite sur les toits
Le 3 avril 1884 en début de soirée, les sapeurs-pompiers de la caserne Château d’Eau sont prévenus par un concierge de la rue du faubourg-Saint-Denis que des voleurs se sont réfugiés sur les toits. Pourquoi ne pas avoir appelé la police ? Allons donc, les pompiers sont juste là. Aussitôt un petit groupe sort de la caserne, au pas gymnastique, jusqu’à l’adresse. En suivant les indications des Parisiens postés à leurs fenêtres, ils montent à leur tour sur les toits et donnent la chasse aux cambrioleurs à travers les tuiles en ardoise et les tuyaux de cheminées en brique. Proche de leur mettre la main dessus, un caporal glisse et chute lourdement sur un vasistas. Gravement blessé aux bras et jambes, les voleurs profitent de la situation et s’échappent.
Maternité improvisée
Les miracles de la vie n’ont plus aucun mystère pour les sapeurs-pompiers. Tôt dans la journée du 2 février 1895, madame Sarraud se présente devant le poste de ville de la rue Corbeau. Pour signaler un incendie ? Un accident ? Non. Les douleurs qui s’emparent de la future mère ne trompe pas. Elle est sur le point d’accoucher. Aussitôt les sapeurs-pompiers de garde la font rentrer et se ruent à son service. Quelques instants plus tard, et grâce à leur aide, une merveilleuse petite fille voit le jour. L’histoire veut que l’un d’entre eux fut désigné parrain.