Planète Brigade — Du grand-père à son petit-fils, récemment incorporé à la Brigade, Patrice Havard nous détaille les liens qui le lient à notre métier. Arrêt sur image et retour en arrière sur une famille de sapeurs-pompiers.
Le vendredi 3 septembre 2021, au centre d’instruction à Villeneuve-Saint-Georges (94), j’étais présent à la prise d’armes de présentation des recrues au Drapeau et à leur prestation de serment de servir en homme d’honneur. Moment très important dans la vie d’un sapeur-pompier de Paris. Parmi eux se trouve Valentin Havard, mon petit fils. Moment émouvant de communion intergénérationnelle pour qui a servi avec ferveur durant près de 38 ans, suivis de plus de seize ans de réserve citoyenne et de milieu associatif Brigade.
Sur les rangs le grand-père que je suis, par filiation et par l’âge, s’est soudainement rendu compte d’avoir vécu et créé, sans le vouloir, une situation pensée peu courante : vivre l’universalité du métier. Indépendamment des fonctions tenues et vécues pleinement qu’offrent ce métier passionnant, sans frontières réelles, et que l’on découvre sans arrêt pour qui sait s’y intéresser, ce parcours pourrait s’écrire comme un conte (compte ?) de faits… et commencer par il était une foi…
Personne dans sa famille n’est sapeur-pompier lorsque le jeune Patrice Havard, Parisien, incorpore la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris en 1968 pour un contrat de trois ans (la norme du moment).
Il n’imagine pas alors qu’il va enclencher un véritable phénomène Venturi. En effet, en incorporant la Brigade il va, tout au long de son parcours professionnel de près de 38 ans, entraîner et former dans son sillage, sans idée de manœuvre, une famille de sapeurs-pompiers regroupant toutes les possibilités d’exercer ce merveilleux métier : pompiers militaires, pompiers professionnels, pompiers volontaires, pompiers étrangers et pompiers d’entreprises.
Caporal, il est affecté au centre d’instruction des recrues au fort de Villeneuve-Saint-Georges. Chef de section en charge de 30 sapeurs. Parmi eux en octobre 1970 se trouve Jean-Pierre Hugon qui exercera quinze ans à la BSPP. Pompier volontaire de Sens (89), il montre fièrement la photo de sa section publiée dans la revue mythique Allo 18 à sa belle-famille. Son beau-père Maurice Lepage était à l’époque caporal volontaire du Corps de Sens (capitaine en finale) où se trouvait également son père Maurice (aussi) Lepage, sergent et tambour volontaires. Sur cette photo, sa belle-sœur Annie Lepage trouve le chef de section tout à fait à son goût. À Noël, elle lui envoie une carte… La réponse du chef de section revient rapidement… Et en 1972, on célèbre leurs noces. Ce qui lui fait dire qu’il a été choisi sur catalogue (Allo 18) et qu’il doit aussi son mariage à la Brigade !
Et de ce mariage débute la Saga.
Viennent la naissance de sa fille Céline puis celle de son fils Cédric. Tous deux ayant été baptisés par l’aumônier de la Brigade du moment, le père Elysée Magnin à Massena (popote officiers). Pour Céline le parrain était Guy Desrosiers à l’époque capitaine du SPIM (Service protection incendie de Montréal) au Canada, chef de la Division Est en finale. Un article avec photo en avait d’ailleurs rendu compte dans Allo 18. Pour Cédric, son parrain est André Reyssier, officier professionnel du corps de Saint-Etienne (42), lieutenant-colonel à Saint-Etienne en finale et qui fut pompier de Paris et chef de section du jeune sapeur de 2e classe Patrice Havard. Son fils, Laurent Reyssier est aujourd’hui lieutenant-colonel à la Brigade.
Sa fille Céline se marie avec un homme en bleu : Arnaud, membre de l’armée de l’Air. Son fils Cédric incorpore les pompiers volontaires de Seine-et-Marne. Infirmier diplômé d’État il devient infirmier sapeur-pompier professionnel du 77 puis actuellement cadre de santé, infirmier-chef (commandant) du SDIS 03, son épouse (Charlotte Havard) est capitaine infirmière sapeur-pompier volontaire, sa fille (Lola Havard) et son fils (Valentin Havard) à leur tour sont sapeurs-pompiers volontaires dans le même SDIS 03. Ensuite, Valentin Havard incorpore le 6 juillet 2021 la BSPP. Encore une harmonieuse association des facettes du métier, 3SM compris.
Quant à Patrice, il fut certes pompier de Paris, mais il est aussi le parrain de Patrick Richter un de « ses » sapeurs du BCOT de Massena à Paris XIIIe, et de Laurence Navarro la fille aînée d’une assistante sociale Martine Navarro du 2ᵉ groupement d’incendie à Massena, la fille cadette Maryse Navarro a fait un VSC à la Brigade.
Par ses écrits et ses actions Patrice est aussi pompier honoraire depuis 1983 de la 4e compagnie Pompe France de Santiago au Chili. Après sa limite d’âge et durant plusieurs années, il devient pompier d’entreprise (chef de site) à la Samaritaine et au musée d’Arts Contemporains du Val-de-Marne à Vitry. Son père (Pierre Havard) avait lui-même un temps fait partie des équipes de sécurité incendie de la SEV Marchal à Issy-les-Moulineaux (92).
Voilà ! Par cette évocation, je ressens une vive émotion, car des noms cités ne sont plus là pour lire un pan et la suite de notre histoire commune. Pour les présents qui m’ont accompagné ou subi mes contrecoups de la grandeur et de la servitude du métier, je leur dis toute ma fierté d’être avec eux. Et pour ceux qui sont encore d’active, je les remercie et les félicite du libre choix de leur engagement personnel.
On dit la grande famille des sapeurs-pompiers pour parler de l’ensemble de la corporation, mais à l’intérieur n’y a‑t-il pas aussi de nombreuses grandes familles de sapeurs-pompiers ? Cette saga en est la démonstration.
Patrice Havard
1968 – 2005 n° d’incorpo 14107