Histoire — Le colonel Maurice Feger est le créateur de l’Association des œuvres sociales des sapeurs-pompiers de Paris. Son fils, Philippe nous raconte son parcours avant l’Adosspp.
« Mon père, Maurice Féger nait à Paris en 1896, d’un père garde républicain et d’une mère au foyer. En 1895, son père est de service pour la dégradation du capitaine Dreyfus. Pendant la cérémonie, il récupère les lunettes du capitaine, tombées par terre. Dreyfus étant extrêmement myope, il ne pouvait pas les récupérer. Sa hiérarchie le sermonnera pour cet acte de bienveillance. Ensuite, il deviendra gendarme dans le Loiret (45) où le jeune Maurice fera ses études.
Au collège, puis au lycée de Montargis, grâce à une bourse d’état, il passe son bac et dans la foulée, passe le concours de St-Cyr sans avoir fait la préparation. Recalé, début juillet 1914, il part en Allemagne pour améliorer son allemand d’où il assiste à toute la mobilisation de l’armée germanique. Les événements prenant le virage que l’on connait, son hôte le met dans le train pour qu’il ne devienne pas prisonnier politique. En fait, il prend le dernier train possible pour rentrer sur la France. Ce train est arrêté à 12 km de la frontière française, mais il parcourt le reste du chemin à pied et parvient à reprendre un train pour Paris. Il avait juste 18 ans.
En arrivant chez ses parents, son père, très ému, lui pose la question de son avenir : “Que vas-tu faire maintenant ?”
Bien qu’il ait la possibilité de rentrer au lycée Saint-Louis à Paris, il répond à son père : “ Je m’engage dans le 82e régiment d’infanterie de montagne de Montargis. Je vais à la guerre”.
Ainsi le seconde classe Maurice Féger commence la guerre qu’il finira comme lieutenant, commandant de compagnie.
Après le conflit, son régiment stationne dans les Ardennes, mais l’inaction lui pèse et il demande sa mutation. Et il l’obtient dans les compagnies sahariennes au sud algérien.
En Algérie
Il y restera pendant deux ans et demi en tant qu’officier de l’administration territoriale du Sahara. Et là, il applique les principes du Maréchal Lyautey, c’est-à-dire l’esprit du rôle social de l’officier. À cette époque, en Algérie, il n’y a pas d’administration civile au Sahara, l’armée s’en occupait en même temps que le maintien de l’ordre. Bien que profondément attaché au désert, son désir d’action reprend le dessus lorsqu’il voit une annonce pour un concours d’officier pour entrer au régiment de pompiers de Paris. Il tente le concours, il est reçu, brillamment et il intègre la 5e compagnie en 1921 au Trocadéro. Son premier feu a été un feu de paille sur une charrette. Une intervention bien originale pour Paris !
Dans ses débuts, il participe au grand feu du Printemps, à la catastrophe du tunnel des Batignoles. Il est vite repéré et est muté comme lieutenant-ingénieur au service technique en 1924. Il y restera jusqu’en 1931. Il arrive ensuite à la 4e compagnie où il officie pendant la crise de février 1934 où des émeutiers marchent sur la chambre des députés pour tenter de l’envahir. Il est blessé avec les pompiers qui ont pour ordre d’empêcher la traversée du pont de la Concorde en repoussant les manifestants avec leurs lances.
Ensuite, il revient au service technique où il restera jusqu’à la guerre. Lieutenant et adjoint au chef du service, le colonel Buffet à ses débuts, il lui succèdera. Il a alors, un rôle important pour la formation des sous-officiers, qu’il veut d’un haut niveau technique ainsi que dans la remise en forme des règlements pour les établissements recevants du public. Il est d’ailleurs à l’origine des fameuses ouvertures des portes vers l’extérieur et non vers l’intérieur comme le veulent les usages de l’époque. « J’ai plus peur de la panique que du feu » est son leitmotiv sur cette réglementation.
Création de l’ADOSSPP
Pendant la Seconde Guerre mondiale, très surveillé par les Allemands, il parvient néanmoins à faciliter certaines opérations clandestines. Mais dès 1944, il est affecté à la tête des services sociaux du Régiment où nait l’idée de l’ADOSSPP pour venir en aide aux pompiers de Paris en situation précaire dans l’après-guerre.
Cette nouvelle association va permettre d’acheter le domaine de la Frossardière (ndr : une action impossible statutairement pour le Régiment) pour permettre aux enfants de pompiers de partir en colonie de vacances.
Il fait d’ALLO 18, le journal officiel des pompiers de Paris en 1948.
Sous son impulsion, de nombreuses initiatives de l’association ont permis de soutenir les soldats du feu parisiens dans leur vie familiale.
Une seule requête de son héritage a longtemps fait défaut au sein de l’association : la création du foyer du sapeur.
Un voeu désormais exaucé !