Histoire — Originaire de Romans-sur-Isère (26), le jeune Roger décide de partir à Paris pour faire son service militaire. Il intègre le Régiment de sapeurs-pompiers le 4 janvier 1919 et se voit affecté à la 7ᵉ compagnie. Haltérophile, il va briller dans ce sport dans les années 20 et être sacré champion olympique en 1928. Un récit inédit d’un champion olympique oublié, mais également celui d’une longue carrière de 30 années de bottes.
Petit (1m68), mais doté d’une musculature exceptionnelle, Roger François impressionne déjà ses camarades de la rue Blanche par sa puissance physique. Nommé moniteur de gymnastique en 1920, il termine onzième au challenge Lebrun, attestant également d’une redoutable souplesse. Athlète atypique, il rejoint la Société athlétique Montmartroise (SAM), le club parisien dédié aux sports de force depuis 1898. Dans cette pépinière de champions, il pratique l’haltérophilie et fréquente les plus grands colosses français comme Ernest Cadine, Charles Rigoulot ou encore Henri Gance, tous champions olympiques.
En 1922, alors jeune caporal de 20 ans, il devient champion du monde, puis il confisque le titre de champion de France pendant cinq années (1922 à 1926) dans la catégorie des poids moyens. Malgré sa décevante sixième place aux olympiades parisiennes de 1924, il entame une progression fulgurante. En 1927, il bat le record du monde du “développé à deux bras” (87 kg 500), puis en février 1928, lors du championnat de Paris, il soulève 103 kg 500 et pulvérise son propre record. C’est donc naturellement qu’il arrache la victoire aux Jeux olympiques d’Amsterdam, la même année. Au sommet de sa forme, il ajoute à son palmarès la troisième place du prix d’honneur des sous-officiers au challenge Lebrun.
Pompier avant tout. Son ascension est à double sens puisqu’il grimpe vite à l’avancement : caporal en 1920, caporal-chef en 1921, sergent en 1922 puis sergent-chef en 1928. Muté à la 2e compagnie, il occupe la fonction de sous-chef de poste au CS Nationale. Le 31 juillet 1929,
il s’illustre en tant que chef de garde lors de l’incendie du chantier du métro de la place d’Italie. Roger est félicité pour son efficacité et son exemplarité par l’attribution d’une médaille d’honneur bronze pour acte de courage.
Décidé d’aller à l’avancement, il est nommé adjudant d’unité à la 9ᵉ compagnie en 1932 tout en menant sa vie sportive en parallèle. Après avoir échoué au pied des marches du podium des JO de 1932 (4ᵉ), il bat deux records de France l’année suivante : “développé droite” (52 kg) et “développé gauche” (46 kg 500) sous les yeux du lieutenant-colonel Barrière et des capitaines Charrat (9e cie) et Ragaine (officier des sports). Pour l’ensemble des titres et records remportés, il se voit décerner la médaille argent de l’éducation physique (1933) puis la médaille or (1936).
Pompier et militaire expérimenté, il est promu au grade d’adjudant-chef en 1937. Cette même année, la médaille militaire est agrafée sur sa poitrine. Pendant la guerre, il occupe la fonction de chef du casernement au sein de la compagnie hors-rang (CHR). Caractérisé de « vieux serviteur, droit et loyal » par le colonel Féger lors de sa notation en 1945, Roger François intègre le corps des officiers et achève sa carrière en tant que lieutenant, adjoint au chef des services techniques jusqu’à son décès prématuré, le 15 février 1949, à l’âge de 48 ans à la caserne Champerret. Il repose au cimetière parisien de Saint-Ouen (93)