#BrigadeInside — Pour affiner la mise au point de la lance diphasique, la BSPP a travaillé avec les marins-pompiers de Marseille, le SDMIS de la région lyonnaise, le SDIS 77 et le SDIS 35 avec notamment le lieutenant Arnaud Sourdaine, adjoint au chef de service Doctrine opérationnelle et retour d’expérience.
« Stabiliser le feu en attendant des moyens plus importants »
Chargé en partie de la prospective opérationnelle et de l’innovation, le lieutenant Sourdaine travaille conjointement avec le nouveau service Prospective et Stratégie d’équipement du SDIS 35. Il tient aussi le rôle d’interface entre les services techniques et la formation. Une tâche bien dense qu’il exécute en plus de sa casquette de référent incendie auprès du directeur du SDIS sur les phénomènes thermiques.
À quel moment le SDIS 35 a rejoint le projet ?
Au moment où la BSPP a sollicité les SDIS, nous avons répondu présents, car nous avions déjà collaboré en 2016 avec la Brigade sur les travaux de l’approche performantielle et des moyens mobiles d’extinction.
Quel a été le rôle de votre SDIS ?
Notre principal rôle a été de fournir des pilotes en capacité de s’engager et d’apporter des retours d’expériences constructifs. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec le Laboratoire central de la préfecture de Police (LCPP) pour affiner, et valider (ou non) les tests. De plus, nous n’avons pas tout à fait les mêmes secteurs d’interventions. Notamment dans les milieux ruraux qui nécessitent des moyens opérationnels différents.
Quelles particularités ont séduit le SDIS 35 ?
Au départ, nous avons un besoin commun, celui d’améliorer encore et toujours le niveau de sécurité du personnel. Comme l’a souligné par ailleurs le LCL Testa de la BSPP, nous allons être confrontés à des feux plus chauds dans des bâtiments de plus en plus étanches. Pour nous, le deuxième enjeu est la défense extérieure contre l’incendie (DECI). En milieu rural, le point d’eau peut être assez éloigné du lieu d’intervention. On voit tout de suite l’intérêt d’avoir un moyen d’extinction qui, avec beaucoup moins d’eau, conserve, voire augmente, l’efficacité opérationnelle. Cela devrait permettre de stabiliser le feu en attendant des renforts car contrairement à des environnements urbains où le maillage est dense, en secteur rural le regroupement des moyens subit une forte temporalité.
Quand allez-vous mettre en service ce système ?
Nous sommes actuellement en phase d’étude de l’intégration d’un système diphasique dans notre prochain FPT Compact. Il embarque 2 000 litres (au lieu des 3 000 litres réglementaires) et devrait être mis en circulation en 2024. Cet engin nous permettra de juger de la pertinence de ce type de moyen. La diminution de la taille des cuves nous permet de répondre à un objectif de compacité opérationnelle et de rationalité en termes d’aménagement et de coût. Sur l’ensemble du parc, l’économie d’échelle n’est pas négligeable… Enfin, l’enjeu de l’économie de l’eau étant devenu majeur, ce genre de dispositifs devrait pouvoir trouver sa place. Avec Zelup, nous travaillons également sur la création d’engins plus petits, plus maniables, proche de l’idée anglo-saxonne de first responder, très adaptés à notre terrain. Mais cette approche nécessite une profonde analyse de doctrine et de réponse opérationnelle.