Web-série — Saviez-vous qu’un sapeur-pompier de Paris est présent en Roumanie dans le cadre de la mission Aigle de l’OTAN ? Nous avons demandé à l’adjudant Guillaume de Saint-Exupéry de nous parler de sa mission.
Qu’est-ce que la mission Aigle ?
La mission Aigle est le nom donné au déploiement en Roumanie de la Force de réaction de l’OTAN en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 en vue de protéger l’Europe. La France est la nation-cadre d’un bataillon multinational (multinational Battlegroup) composé de Belges, d’Espagnols et de Luxembourgeois. Soit un total d’environ 2 000 militaires, dont 1 600 Français.
Le Bataillon multinational est situé sur le camp général Berthelot, à Cincu, avec des antennes secondaires à l’est de la Roumanie (Mihail Kogalniceanu, Capu-Midia et Iasi). La force française est composée de deux entités : l’élément de soutien national, l’ESN, met en œuvre pour tout le déploiement la partie logistique et soutient le FLF-BG dans sa mission de préparation opérationnelle ; le Forward Land Force – Battle Group (FLF-BG) est une unité de combat qui se prépare par de multiples exercices et doit être capable d’intégrer une brigade à tout moment.
Quelles sont vos missions au sein de la mission Aigle ?
Il y a deux ans, la force française s’est installée avec 500 militaires dans la zone d’exercice d’un camp appartenant à l’armée roumaine présentant un dénivelé d’environ 200 m. Afin de s’installer avec le multinational Battlegroup, la force française a fait appel au moyen de terrassement du génie militaire en vue de mettre en place des tentes et des zones d’accueil de matériel. Aujourd’hui, l’effectif total a plus que triplé, c’est pourquoi le camp Général Berthelot n’a eu de cesse de se développer et de s’adapter au terrain.
Ce lieu en perpétuelle évolution présente une activité intense dans de nombreux domaines. Le plus visible est le domaine de l’infrastructure. Chaque jour, la CMAD (compagnie modulaire d’aide au développement), unité interalliée franco-belge, terrasse et coule des dalles de ciment de plus de 5 000 m² pour accueillir du matériel ainsi que des « corimec » qui nous permettent d’être logés et d’avoir des bureaux « en dur ». Associés à ce ballet d’engins de chantier militaires, nous avons sur le camp de nombreux engins civils roumains en appui du Génie.
Ainsi, j’ai été envoyé en mission en tant que chargé de prévention en opération (CPRPO) pour l’ensemble des camps français situés en Roumanie. Le chargé de prévention est intégré et placé sous l’autorité directe du chef de l’ESN. Mon rôle de CPRPO est de préserver l’intégrité du chef au titre de sa responsabilité en tant que chef d’organisme et de préserver la capacité opérationnelle en contribuant à garantir la sécurité du personnel.
Comme sur l’ensemble des sites civils ou militaires, le chargé de prévention intervient au titre de quatre grands domaines qui sont référencés dans la publication interarmées (PIA 4 – 21) relative à la prévention et maîtrise des risques en opération du 20 juillet 2018 : la santé-sécurité au travail ; les risques technologiques et environnementaux ; la prévention et sécurité routière et la protection contre l’incendie.
Est-ce difficile d’être le seul sapeur-pompier de Paris dans un dispositif de plusieurs centaines de militaires ?
Chaque unité, chaque matériel, chaque lieu ou presque a un acronyme… C’est la découverte d’une nouvelle langue ! Pour arriver à la comprendre, une seule solution : un carnet, un crayon et avoir l’humilité de dire que l’on ne comprend pas. Les premières réunions sont, avec du recul, assez cocasses. Autrement, l’organisation générale est sensiblement la même que la nôtre. C’est pourquoi je m’y retrouve assez bien.
Vêtu d’un treillis, j’ai à cœur de porter fièrement l’insigne de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris sur ma manche gauche… cela met un peu de couleur ! Mes camarades posent de nombreuses questions sur la BSPP auxquelles je réponds avec engouement, puisque je me dois d’être un ambassadeur pour notre unité en tant qu’unique sapeur-pompier de Paris sur place.