LA STRATÉGIE DE RELATIONS INTERNATIONALES — BSPP X OTAN (4/​4)

Nicho­las Bady —  — Modi­fiée le 13 jan­vier 2025 à 10 h 53 

Web-série — Saviez-vous qu’un sapeur-pompier de Paris est présent en Roumanie dans le cadre de la mission Aigle de l’OTAN ? Nous avons demandé à l’adjudant Guillaume de Saint-Exupéry de nous parler de sa mission.

Qu’est-ce que la mis­sion Aigle ?

La mis­sion Aigle est le nom don­né au déploie­ment en Rou­ma­nie de la Force de réac­tion de l’OTAN en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Rus­sie en 2022 en vue de pro­té­ger l’Europe. La France est la nation-cadre d’un bataillon mul­ti­na­tio­nal (mul­ti­na­tio­nal Bat­tle­group) com­po­sé de Belges, d’Espagnols et de Luxem­bour­geois. Soit un total d’environ 2 000 mili­taires, dont 1 600 Français.

Le Bataillon mul­ti­na­tio­nal est situé sur le camp géné­ral Ber­the­lot, à Cin­cu, avec des antennes secon­daires à l’est de la Rou­ma­nie (Mihail Kogal­ni­cea­nu, Capu-Midia et Iasi). La force fran­çaise est com­po­sée de deux enti­tés : l’élément de sou­tien natio­nal, l’ESN, met en œuvre pour tout le déploie­ment la par­tie logis­tique et sou­tient le FLF-BG dans sa mis­sion de pré­pa­ra­tion opé­ra­tion­nelle ; le For­ward Land Force – Bat­tle Group (FLF-BG) est une uni­té de com­bat qui se pré­pare par de mul­tiples exer­cices et doit être capable d’intégrer une bri­gade à tout moment.

Quelles sont vos mis­sions au sein de la mis­sion Aigle ?

Il y a deux ans, la force fran­çaise s’est ins­tal­lée avec 500 mili­taires dans la zone d’exercice d’un camp appartenant à l’armée rou­maine pré­sen­tant un déni­ve­lé d’environ 200 m. Afin de s’installer avec le mul­ti­na­tio­nal Bat­tle­group, la force fran­çaise a fait appel au moyen de ter­ras­se­ment du génie mili­taire en vue de mettre en place des tentes et des zones d’accueil de maté­riel. Aujourd’hui, l’effectif total a plus que tri­plé, c’est pourquoi le camp Géné­ral Ber­the­lot n’a eu de cesse de se déve­lop­per et de s’adapter au terrain.

Ce lieu en per­pé­tuelle évo­lu­tion pré­sente une acti­vi­té intense dans de nom­breux domaines. Le plus visible est le domaine de l’infrastructure. Chaque jour, la CMAD (com­pa­gnie modu­laire d’aide au déve­lop­pe­ment), uni­té inter­al­liée fran­co-belge, ter­rasse et coule des dalles de ciment de plus de 5 000 m² pour accueillir du maté­riel ain­si que des « cori­mec » qui nous per­mettent d’être logés et d’avoir des bureaux « en dur ». Asso­ciés à ce bal­let d’engins de chan­tier mili­taires, nous avons sur le camp de nom­breux engins civils rou­mains en appui du Génie.

Ain­si, j’ai été envoyé en mis­sion en tant que char­gé de pré­ven­tion en opé­ra­tion (CPRPO) pour l’ensemble des camps fran­çais situés en Rou­ma­nie. Le char­gé de pré­ven­tion est inté­gré et pla­cé sous l’autorité directe du chef de l’ESN. Mon rôle de CPRPO est de pré­ser­ver l’intégrité du chef au titre de sa res­pon­sa­bi­li­té en tant que chef d’organisme et de pré­ser­ver la capa­ci­té opérationnelle en contri­buant à garan­tir la sécu­ri­té du personnel.

Comme sur l’ensemble des sites civils ou mili­taires, le char­gé de pré­ven­tion inter­vient au titre de quatre grands domaines qui sont réfé­ren­cés dans la publication inter­ar­mées (PIA 4 – 21) rela­tive à la pré­ven­tion et maî­trise des risques en opé­ra­tion du 20 juillet 2018 : la san­té-sécu­ri­té au tra­vail ; les risques tech­no­lo­giques et envi­ron­ne­men­taux ; la pré­ven­tion et sécu­ri­té rou­tière et la pro­tec­tion contre l’incendie.

Est-ce dif­fi­cile d’être le seul sapeur-pom­pier de Paris dans un dis­po­si­tif de plu­sieurs cen­taines de militaires ?

Chaque uni­té, chaque maté­riel, chaque lieu ou presque a un acro­nyme… C’est la décou­verte d’une nou­velle langue ! Pour arri­ver à la com­prendre, une seule solution : un car­net, un crayon et avoir l’humilité de dire que l’on ne com­prend pas. Les pre­mières réunions sont, avec du recul, assez cocasses. Autre­ment, l’organisation géné­rale est sen­si­ble­ment la même que la nôtre. C’est pour­quoi je m’y retrouve assez bien. 

Vêtu d’un treillis, j’ai à cœur de por­ter fiè­re­ment l’insigne de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris sur ma manche gauche… cela met un peu de cou­leur ! Mes cama­rades posent de nom­breuses ques­tions sur la BSPP aux­quelles je réponds avec engoue­ment, puisque je me dois d’être un ambas­sa­deur pour notre uni­té en tant qu’unique sapeur-pom­pier de Paris sur place.

Propos recueillis par le Sergent-chef Nicholas Bady

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