Web-série — Nous avons demandé au colonel Guillaume Trohel, colonel adjoint, de partager avec les lecteurs de ALLO 18 sa vision des relations
internationales de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
Le 3e service d’incendie et de secours après ceux de New York et de Tokyo, et le 1er en Europe » : beaucoup connaissent cette formule qui d’emblée pose une comparaison de la BSPP à l’international. Ce n’est pas étonnant : par essence, le sapeur-pompier est tourné vers l’extérieur, il porte secours, il s’engage, il mène des reconnaissances, etc. Et quoi de plus naturel pour une unité de sapeurs-pompiers militaires de se tourner vers l’étranger quand on appartient à une armée que l’Histoire a souvent portée au-delà des frontières ? Il s’agit de secourir bien sûr, mais aussi de découvrir ou de partager des expériences ou des idées.
Dans notre actualité récente, rappelons la participation aux secours engagés en Turquie en février 2023 à la suite d’un tremblement de terre. Auparavant, plusieurs interventions extérieures ont marqué les mémoires : au Japon en 2011 après le tsunami de Fukushima, à Haïti en 2010 après un tremblement de terre, en Côte d’Ivoire en 1999 lors d’un grand feu de dépôt d’hydrocarbure ou, plus lointaines, à la suite des tremblements de terre en
Arménie en 1988 et au Mexique en 1985.
Nous apprenons aussi de nos camarades étrangers : au début des années 2000, la Brigade s’est tournée vers les pompiers de Belfast pour progresser dans le domaine des violences urbaines et, très récemment, elle s’est rapprochée des pompiers de Londres et de Tokyo pour préparer les Jeux olympiques et paralympiques.
Souvent anciennes, les missions de coopération technique ont tissé des liens forts avec des corps de pompiers étrangers. Les exemples ne manquent pas, en Europe (Suisse, Luxembourg, Monaco), en Afrique, où la coopération fut développée dès les années 1970 avec plusieurs pays amis, en Amérique du Sud (citons la fameuse 4e compagnie « Pompe France » de Santiago au Chili).
L’histoire montre que les sapeurs-pompiers de Paris se sont toujours intéressés aux innovations à l’étranger, friands de découvertes tout en partageant leur savoir. Ainsi, parmi les trésors de nos archives figurent des carnets rédigés à la fin du XIXe siècle par des officiers du Régiment missionnés à… Moscou, Berlin et New York.
La BSPP au service des OPEX
Dans le registre des opérations extérieures, la BSPP participe au contingent français au Liban (dans des conditions exigeantes) et aux Éléments français
au Gabon, et désormais à la mission « Aigle » en Roumanie. Les sapeurs-pompiers engagés ne sont-ils pas les lointains successeurs de la compagnie envoyée en Crimée entre 1855 et 1856 pour assurer la protection du corps expéditionnaire français ? 2025 marquera le 170e anniversaire de cette mission extraordinaire, inscrite dans les plis de notre Drapeau.
Les actions de la Brigade « à l’international » sont donc profondément ancrées dans notre fonctionnement avec des enjeux pérennes : participer aux secours et aux opérations militaires à la demande des autorités en France ou à l’étranger, apprendre, étudier, partager, progresser. En 2023 la BSPP s’est dotée d’une nouvelle « stratégie de relations internationales » qui décline ces objectifs. De plus, le nouveau Schéma interdépartemental d’analyse et de couverture des risques rappelle explicitement que la BSPP « contribue à apporter une réponse significative au niveau zonal, voire national et international ».
Puisse ce dossier d’ALLO 18 apporter un éclairage instructif sur ce volet singulier des missions de la Brigade. Il est d’ailleurs diffusé au moment où nous
recevons nos homologues du Tokyo Fire Department avec lesquels la Brigade entretient des échanges fructueux depuis plusieurs années.
Bonne lecture !