LA STRATÉGIE DE RELATIONS INTERNATIONALES — Dans l’ADN de la Brigade (1/​4)

Colo­nel Guillaume Tro­hel —  — Modi­fiée le 7 jan­vier 2025 à 05 h 04 

Web-série — Nous avons demandé au colonel Guillaume Trohel, colonel adjoint, de partager avec les lecteurs de ALLO 18 sa vision des relations
internationales de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

Le 3e ser­vice d’incendie et de secours après ceux de New York et de Tokyo, et le 1er en Europe » : beau­coup connaissent cette for­mule qui d’emblée pose une com­pa­rai­son de la BSPP à l’international. Ce n’est pas éton­nant : par essence, le sapeur-pom­pier est tour­né vers l’extérieur, il porte secours, il s’engage, il mène des recon­nais­sances, etc. Et quoi de plus natu­rel pour une uni­té de sapeurs-pompiers mili­taires de se tour­ner vers l’étranger quand on appar­tient à une armée que l’Histoire a sou­vent por­tée au-delà des fron­tières ? Il s’agit de secou­rir bien sûr, mais aus­si de décou­vrir ou de par­ta­ger des expé­riences ou des idées.

Dans notre actua­li­té récente, rap­pe­lons la par­ti­ci­pa­tion aux secours enga­gés en Tur­quie en février 2023 à la suite d’un trem­ble­ment de terre. Aupa­ra­vant, plu­sieurs inter­ven­tions exté­rieures ont mar­qué les mémoires : au Japon en 2011 après le tsu­na­mi de Fuku­shi­ma, à Haï­ti en 2010 après un trem­ble­ment de terre, en Côte d’Ivoire en 1999 lors d’un grand feu de dépôt d’hydrocarbure ou, plus loin­taines, à la suite des trem­ble­ments de terre en
Armé­nie en 1988 et au Mexique en 1985.

Nous appre­nons aus­si de nos cama­rades étran­gers : au début des années 2000, la Bri­gade s’est tour­née vers les pom­piers de Bel­fast pour pro­gres­ser dans le domaine des vio­lences urbaines et, très récem­ment, elle s’est rap­pro­chée des pom­piers de Londres et de Tokyo pour pré­pa­rer les Jeux olym­piques et paralympiques.

Sou­vent anciennes, les mis­sions de coopé­ra­tion tech­nique ont tis­sé des liens forts avec des corps de pom­piers étran­gers. Les exemples ne manquent pas, en Europe (Suisse, Luxem­bourg, Mona­co), en Afrique, où la coopé­ra­tion fut déve­lop­pée dès les années 1970 avec plu­sieurs pays amis, en Amé­rique du Sud (citons la fameuse 4e com­pa­gnie « Pompe France » de San­tia­go au Chili).

L’histoire montre que les sapeurs-pom­piers de Paris se sont tou­jours inté­res­sés aux inno­va­tions à l’étranger, friands de décou­vertes tout en par­ta­geant leur savoir. Ain­si, par­mi les tré­sors de nos archives figurent des car­nets rédi­gés à la fin du XIXe siècle par des offi­ciers du Régi­ment mis­sion­nés à… Mos­cou, Ber­lin et New York.

La BSPP au ser­vice des OPEX

Dans le registre des opé­ra­tions exté­rieures, la BSPP par­ti­cipe au contin­gent fran­çais au Liban (dans des condi­tions exi­geantes) et aux Élé­ments fran­çais
au Gabon, et désor­mais à la mis­sion « Aigle » en Rou­ma­nie. Les sapeurs-pom­piers enga­gés ne sont-ils pas les loin­tains suc­ces­seurs de la com­pa­gnie envoyée en Cri­mée entre 1855 et 1856 pour assu­rer la pro­tec­tion du corps expé­di­tion­naire fran­çais ? 2025 mar­que­ra le 170e anni­ver­saire de cette mis­sion extra­or­di­naire, ins­crite dans les plis de notre Drapeau.

Les actions de la Bri­gade « à l’international » sont donc pro­fon­dé­ment ancrées dans notre fonc­tion­ne­ment avec des enjeux pérennes : par­ti­ci­per aux secours et aux opé­ra­tions mili­taires à la demande des auto­ri­tés en France ou à l’étranger, apprendre, étu­dier, par­ta­ger, pro­gres­ser. En 2023 la BSPP s’est dotée d’une nou­velle « stra­té­gie de rela­tions inter­na­tio­nales » qui décline ces objec­tifs. De plus, le nou­veau Sché­ma inter­dé­par­te­men­tal d’analyse et de cou­ver­ture des risques rap­pelle expli­ci­te­ment que la BSPP « contri­bue à appor­ter une réponse signi­fi­ca­tive au niveau zonal, voire natio­nal et inter­na­tio­nal ».

Puisse ce dos­sier d’ALLO 18 appor­ter un éclai­rage ins­truc­tif sur ce volet sin­gu­lier des mis­sions de la Bri­gade. Il est d’ailleurs dif­fu­sé au moment où nous
rece­vons nos homo­logues du Tokyo Fire Depart­ment avec les­quels la Bri­gade entre­tient des échanges fruc­tueux depuis plu­sieurs années.
Bonne lec­ture !

Photographies Caporal-chef Arnaud Klopfenstein


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