Grands formats — Le capitaine Alexandre Merheb est chef de la section relations internationales (SRI) de la BSPP depuis le début de l’année 2022. ALLO 18 est parti à sa rencontre pour tout savoir sur les nombreuses relations que la Brigade entretient avec les pays étrangers.
Qu’est-ce qu’une mission de coopération ? Et dans quelle mesure la BSPP réalise-t-elle ces missions ?
Les missions de coopération concernent aussi bien des militaires du rang, des sous-officiers que des officiers ; soit sur des formations de base en secourisme ou en lutte contre l’incendie, ou des formations beaucoup plus techniques comme le secours routier, la prévention ou d’autres domaines d’expertise de la Brigade. Le but de ces formations est essentiellement de former les pompiers locaux aux formations de la BSPP. La Brigade est en
mesure d’encadrer des stages COS à l’étranger, hier au Burkina Faso et aujourd’hui en Tunisie. Et demain, probablement à Djibouti.
La BSPP participe annuellement à plusieurs missions de coopération internationale, que ce soit sur le continent africain ou asiatique, même si la plupart ont lieu en Afrique, notamment dans des pays comme le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Tunisie, au Sénégal ou dans le passé, dans la bande sahélo-saharienne. Nous formons également des pompiers en Asie, dans les pays du Moyen-Orient, aux Émirats arabes unis
ou en Irak. La mission de coopération la plus insolite est probablement une mission de formation en Mongolie, dans le sens où il est rare que la Brigade se rende aussi loin ! Plutôt original pour les sapeurs-pompiers de Paris, qui ont plus l’habitude de former sur le continent africain. Cela est néanmoins moins surprenant lorsque nous pensons aux enjeux diplomatiques français dans ce pays et nous avons aussi vocation à accompagner ceux-ci.
Il est intéressant de noter que les missions de coopération sont gérées par le ministère de l’Intérieur (DGSCGC, DCIS) ou le ministère des Affaires étrangères (DCSD), tandis que les OPEX sont gérées par le ministère des Armées.
Justement, que pouvez-vous nous dire à propos des OPEX de la Brigade ?
La BSPP a un détachement de six sapeurs-pompiers au sein de la FINUL dans le cadre de la protection du camp Dayr Kifa, au Liban. Leur vocation est notamment de protéger le camp contre les risques incendie, de sensibiliser les militaires présents à notre métier et de mener des actions de coopération avec les pompiers libanais. C’est une opération extérieure d’un mandat de quatre mois. Par ailleurs, un officier BSPP est aussi présent dans la zone FINUL, avec une mission d’officier de liaison au sein de la FINUL.
Au Gabon, les pompiers de Paris protègent le camp Charles-de-Gaule à Libreville. En revanche, il s’agit d’une ission de courte durée et non d’une opération extérieure. Leur but est de protéger le camp contre les risques incendie et, sur le même modèle que le Liban, de sensibiliser le personnel militaire français sur place et de former les pompiers gabonais. Une des raisons qui explique la présence de la BSPP au Gabon est que les militaires
français présents au Gabon vivent avec leurs familles. Il apparaissait donc important pour les Armées qu’un détachement de six sapeurs-pompiers militaires soit présent.
Dans le cadre des OPEX, la BSPP arme un chargé de prévention des risques professionnels en opération au sein d’un camp français en Europe, un adjoint interarmées de prévention de théâtre à Lille et des officiers de liaison au sein de différents états-majors français en Afrique, qui sont une opportunité pour nos officiers d’avoir une expérience en opération extérieure. Nous soutenons également, dans leur préparation, les lauréats
de l’École de guerre qui, avant d’entamer leur scolarité, doivent être projetés en OPEX.
La Brigade entretient-elle une relation particulière avec certaines nations étrangères ?
Nous entretenons depuis plusieurs années un partenariat avec le Tokyo Fire Department (TFD), au Japon, qui a pour but d’échanger sur des thématiques bien précises. Le TFD est un des plus grands corps de pompiers du monde, avec le NYFD et la BSPP. Nous pouvons donc avoir des enjeux et des centres d’intérêt communs avec cette unité. Ce partenariat est très important pour la BSPP. Chaque année, soit Paris, soit Tokyo, accueille une
délégation de l’autre unité afin d’observer le traitement par l’unité d’accueil, de certaines thématiques et d’échanger sur des sujets particuliers.
À ce titre, cette année en novembre, le Tokyo Fire Department va venir à Paris afin d’honorer une de ces visites. En 2025, la BSPP ira donc à Tokyo. Concrètement, la BSPP est très intéressée par leur façon d’éduquer la population aux risques. Le TFD possède un centre d’éducation de la population aux risques qu’une délégation de la BSPP ira visiter, en amont de la venue du TFD à Paris. De son côté, le TFD est très intéressé par la manière dont
la Brigade traite les opérations de secours et par son centre opérationnel, qui est, je pense, très performant à leurs yeux, notamment en ce qui concerne la prise d’appel et le raccourcissement du temps entre celui-ci et l’intervention à proprement parler. Le TFD et la BSPP font face aux mêmes enjeux et pourraient travailler sur des thématiques, comme le changement climatique et ses conséquences sur nos interventions.
Le partenariat entre la BSPP et le Service d’incendie et de secours de Genève est historique. Nous faisons des exercices en commun et accueillons des stagiaires suisses aux stages COS, au sein desquels nous formons leurs officiers. Ce partenariat francophone nous tient particulièrement à cœur. Le service d’incendie et de secours de Genève est d’ailleurs régulièrement présent lors de nos évènements et commémorations et est très solidaire de la
Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Nous avons également signé de nouvelles conventions avec des partenaires historiques, tels que le corps grand-ducal du Luxembourg et le corps des sapeurs-pompiers de Monaco.
Ensuite, Singapour. La Brigade a également un partenariat avec le Singapore civil defense force, qui date de janvier 2022. Cette unité singapourienne fait appel à la BSPP pour visiter notre état-major et notre centre opérationnel, notamment en ce qui concerne le traitement des appels.
La BSPP suscite un intérêt certain pour ces unités, en plus d’un lien affectif, sachant que beaucoup de ces partenariats sont historiques, comme celui avec les pompiers de Genève, mais aussi avec la pompe France au Chili, le corps de sapeurs-pompiers de Monaco, le corps grand-ducal du Luxembourg ou encore les pompiers de Côte d’Ivoire. On compte d’ailleurs beaucoup d’anciens sapeurs-pompiers de Paris au sein des sapeurs-pompiers de Monaco.
Nous accueillons également des délégations du monde entier au sein de la Brigade. À ce titre, nous avons constitué une petite collection de drapeaux, que nous hissons lors des visites de délégation étrangère. C’est souvent la première chose qu’ils voient de l’état-major, ce qui les touche particulièrement.
Qu’est-ce que le MPCU ?
Le mécanisme de protection civile de l’Union européenne est, comme son nom l’indique, européen. Son but est de projeter des modules européens sur des lieux de crise. L’un de ses derniers déploiements a été la Turquie, après le séisme qui a eu lieu en début d’année 2023. Plusieurs sapeurs-pompiers de Paris partis à cette occasion.
Nous développons actuellement une stratégie afin de mieux répondre aux attentes et au besoin spécifique du mécanisme de protection civile de l’Union européenne, notamment par la constitution de viviers de militaires projetables. Nous avons vocation à poursuivre et à intensifier notre investissement au niveau européen.
Propos recueillis par le Sergent-chef Nicholas Bady