LE GRAND PARIS EXPRESS, une transformation à l’échelle de l’île-de-France

Grand Paris Express

Perspectives — Si le développement programmé de la capitale et de sa proche banlieue dans le cadre du projet du Grand Paris va bouleverser la vie des habitants d’île-de-France, elle va également remettre en question l’approche opérationnelle des services de secours. Une mutation qu’il faut d’ores et déjà prendre en compte.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 21 juillet 2024 à 09 h 39 

Le chan­tier excep­tion­nel du Grand Paris, éva­lué à plus de 35 Mds d’euros a bien débu­té. Les tra­vaux battent leur plein sur le pre­mier tron­çon, la ligne 15 sud (Pont de Sèvres – Noi­sy-Champs) où dix tun­ne­liers creu­se­ront les 33 km de ligne jusqu’en 2024, date de la pre­mière mise en ser­vice. Ce réseau per­met­tra la désa­tu­ra­tion des axes de trans­ports radiaux (métro-RER) qui convergent vers la capi­tale. 68 nou­velles gares et autant de quar­tiers vont émer­ger en proche ban­lieue et redes­si­ner la plaque pari­sienne, en contri­buant à recons­truire la ville sur la ville, dans une zone dense déli­mi­tée par l’A86.

L’émergence d’une nou­velle forme d’architecture enter­rée et le dou­ble­ment du réseau en tun­nel com­plexi­fient l’approche pré­ven­tion­niste et fra­gi­lisent le modèle opé­ra­tion­nel exis­tant. La per­for­mance reste le déno­mi­na­teur com­mun des trois phases de ce grand pro­jet. L’étude, la construc­tion et l’exploitation doivent conduire la capi­tale dans le trio de tête des métro­poles mon­diales et les ser­vices de secours dans une dyna­mique d’adaptation permanente. 

Par­ti­cu­liè­re­ment impli­qué dans l’étude des pro­jets, le bureau pré­ven­tion de la BSPP a abor­dé ce nou­vel amé­na­ge­ment du ter­ri­toire fran­ci­lien en por­tant une atten­tion par­ti­cu­lière aux mesures de sécu­ri­té mises en place dans ce réseau de grande profondeur.

Gérer la mutation démographique

La flui­di­té des trans­ports va modi­fier consi­dé­ra­ble­ment les contours de l’habitat et des bas­sins d’emploi. Les pro­jets déjà en cours autour des futures gares esquissent l’ampleur du phé­no­mène. 250 000 loge­ments sup­plé­men­taires devraient voir le jour. Une aug­men­ta­tion signi­fi­ca­tive de la popu­la­tion de la petite cou­ronne qui ne res­te­ra pas sans consé­quence sur le volume des interventions.

À l’horizon 2030, 19 des 68 nou­velles gares for­me­ront des grands hubs de trans­port, reliant gares TGV, aéro­ports ou lignes fer­rés. Saint-Denis Pleyel, Val de Fon­te­nay, Noi­sy-Champs, Le Bour­get RER ou Ver­sailles Chan­tiers en sont les exemples les plus emblé­ma­tiques. Ces nou­veaux pôles mul­ti­mo­daux vont per­mettre d’optimiser les res­sources des ter­ri­toires tout en rédui­sant les temps de dépla­ce­ment entre habi­tat et bas­sins d’emploi. C’est là l’enjeu prin­ci­pal de ce grand pro­jet urbain.

Des études ont démon­tré la diver­si­té des ter­ri­toires dans un rayon de 800 mètres autour des futures gares. Le cadre bâti est très hété­ro­gène. 30 % des quar­tiers ont des bâti­ments qui dépassent 25 mètres de hau­teur, 60 % accueillent une forte concen­tra­tion d’activités ter­tiaires tan­dis que d’autres sont bien moins urbanisés.

Onze quar­tiers cumu­le­ront la moi­tié des emplois de ce nou­veau tis­su éco­no­mique. Situés majo­ri­tai­re­ment au nord d’une dia­go­nale allant de Sèvres à Rois­sy, ils intè­gre­ront des pôles denses le long de la branche nord de la ligne 14 et le long de la ligne 15 ouest. En 2030, l’Île-de-France devrait comp­ter 12,8 mil­lions d’habitants, soit 672 000 de plus qu’en 2017 (+ 5,5 %).

La dyna­mique de construc­tion de loge­ments est beau­coup plus sou­te­nue dans une dizaine de quar­tiers où plus de 200 loge­ments ont été auto­ri­sés chaque année. Dans ces sec­teurs, des pro­jets ini­tiés avant l’annonce du Grand Paris Express se déploient, l’arrivée du métro ayant alors confor­té et ampli­fié la dyna­mique exis­tante. 3 000 hec­tares de pro­jets urbains ont été pro­gram­més dans le péri­mètre des nou­velles gares, mais une dizaine de quar­tiers porte en réa­li­té la majo­ri­té des pro­jets. Le Tri­angle de Gonesse (166 ha) et le Parc des Expo­si­tions (190 ha) à mi-che­min entre l’aéroport du Bour­get et l’aéroport Rois­sy Charles-de-Gaulle sont les exemples les plus marquants.

Bousculer les codes de la profondeur

Les gares du Grand Paris Express seront entiè­re­ment acces­sibles aux per­sonnes en situa­tion de han­di­cap (PSH) et pro­po­se­ront un confort d’u­sage pour tous. Il convient alors d’identifier les enjeux croi­sés entre la sécu­ri­té civile et l’accessibilité des per­sonnes en situa­tion de han­di­cap (PSH). En effet, si l’accessibilité du GPE est une avan­cée consi­dé­rable pour la mobi­li­té des PSH et la qua­li­té d’usage du public en géné­ral, elle a aus­si pour consé­quence d’ouvrir aux PSH des réseaux non acces­sibles. Le bureau pré­ven­tion de la BSPP n’a pas de com­pé­tence en matière d’accessibilité des PSH. Il est en revanche plei­ne­ment impli­qué dans la recherche de solu­tions pour leur éva­cua­tion immé­diate ou dif­fé­rée en cas d’incendie.

Les gares neuves sont sou­mises aux dis­po­si­tions de l’article GN 8 du règle­ment de sécu­ri­té, seul article réel­le­ment oppo­sable dans ce type d’ERP. Cepen­dant les dis­po­si­tions de l’article R 123 – 13 du Code de la Construc­tion et de l’Habitation ont gui­dé les dis­cus­sions du CTCSC pour rete­nir des mesures assu­rant un niveau de sécu­ri­té maxi­mum aux PSH.

Le prin­cipe d’évacuation immé­diate pré­vaut donc aus­si pour les PSH et est assu­ré depuis les quais par une paire d’ascenseurs sécu­ri­sée et acces­sible par un espace refuge per­met­tant une pro­tec­tion contre les fumées et le rayon­ne­ment. Si l’évacuation immé­diate est pri­vi­lé­giée, en cas d’impossibilité, l’évacuation dif­fé­rée est pro­po­sée par la créa­tion d’un espace refuge au pied d’une cage d’escalier encloi­son­née. Une atten­tion par­ti­cu­lière est por­tée aux consignes de sécu­ri­té et à la signa­lé­tique qui devront être mises en place en phase d’exploitation, ain­si qu’à l’organisation de la sur­veillance incen­die de la gare et aux mis­sions du per­son­nel d’exploitation.

Dans cette course à l’excellence et à l’aube du ren­dez-vous inter­na­tio­nal des Jeux Olym­piques, chaque acteur impli­qué dans ce pro­jet aty­pique tra­vaille en syner­gie afin de mettre en œuvre dans le domaine de la sécu­ri­té des usa­gers, des solu­tions rai­son­nables et pérennes.

Quelles que soient les adap­ta­tions, l’engagement des secours en milieu sous-ter­rain de grande pro­fon­deur res­te­ra tou­jours com­plexe et périlleux. Il néces­si­te­ra une par­faite connais­sance de l’infrastructure et une solide coor­di­na­tion avec les ser­vices en charge de l’exploitation des lignes.