Web-série — « J’ai grandi à la Brigade ! » Le ton est donné. Sébastien Gelgon, colonel de 42 ans, dont plus de 20 passés à servir sous les drapeaux, a débuté sa carrière d’officier comme lieutenant à la BSPP. Nous avons rencontré le nouveau « C1 » du troisième groupement quelques jours avant sa prise de commandement. Confidences.
Le colonel Sébastien Gelgon a le regard franc et sincère des hommes passionnés. Quelques instants seulement suffisent pour déceler toute l’humanité qu’il porte en lui. D’ailleurs, lorsque l’officier supérieur évoque son parcours, il se remémore d’abord les dizaines de noms de ceux qui ont croisé sa route, depuis les bancs du camp de Coëtquidan jusqu’à la tête du troisième groupement d’incendie et de secours.
une séquence opérationnelle intense
À l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, l’élève officier d’active (EOA) Gelgon et ses camarades de promotion, dont un certain sous-lieutenant Le Corre (portait page 36), « s’instruisent pour vaincre [1] ». Pour le jeune militaire, il ne s’agit pas encore de vaincre les flammes, mais l’étincelle ne tarde pas à s’allumer lorsqu’il découvre la brûlante activité opérationnelle de la Brigade. Des envies et des idées de Génie traversent son esprit, jusqu’à le pousser à rejoindre les rangs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
Ainsi, en 2003, le lieutenant Gelgon pousse les portes du deuxième groupement d’incendie et fait ses premières armes en tant que chef de garde incendie au centre de secours Saint-Maur, poste de commandement de la 23e compagnie. Ses souvenirs sont encore chauds : « nous étions en pleine canicule, indique le colonel, impossible d’oublier mes premiers pas à la BSPP… J’ai également souvenir de la bienveillance de ceux que l’on appelait “les casques bleus”, ces sous-officiers expérimentés qui accompagnaient les jeunes officiers comme moi dans le fourgon… La volonté et l’énergie qu’ils mettaient dans la transmission de leur savoir étaient absolument remarquables ».
Quelques années plus tard, le capitaine Gelgon commande la 2e compagnie d’incendie et de secours. À Masséna, dans le 13e arrondissement de Paris, le commandant d’unité connaît une séquence opérationnelle intense, entre feux d’entrepôts, feux d’immeubles de grande hauteur et accidents graves de la circulation. « Mais surtout, précise le colonel, j’étais entouré d’hommes et de femmes de grande qualité… je commandais une compagnie à taille humaine, où il m’était possible de connaître chacun des militaires placés sous mes ordres. J’ai savouré chaque instant de mon temps de commandement. J’ai ensuite servi à l’état-major du deuxième groupement où j’ai également préparé le concours de l’École de guerre. »
Sa réussite à ce très sélectif concours militaire offre au capitaine Gelgon non seulement des perspectives intéressantes, mais aussi la possibilité de vivre de nouvelles expériences. « En 2012, j’ai été projeté en opération extérieure, confie le colonel. D’abord sur le camp français de Warehouse, à 10 km à l’est de Kaboul, puis au sein de la force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), en tant qu’assistant militaire d’un général italien. » En Afghanistan, il est promu au grade de commandant, et participe notamment aux travaux de réflexion sur le désengagement des forces françaises du pays.
De retour en France, le commandant Gelgon sert au bureau programmation finances budget (BPFB) de l’état-major de l’armée de Terre, puis au sein du secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), organisme interministériel placé sous l’autorité du Premier ministre. « J’étais chargé de l’application du plan Vigipirate sur le territoire national, notamment en situation de post-attentat », résume le colonel.
L’année 2019 marque pour le lieutenant-colonel Gelgon son retour à la BSPP, à la tête du bureau études et prospective (BEP). « Un bureau formidable, souligne le colonel. En contact direct avec les chefs et entouré d’une équipe réduite aux profils variés, j’ai eu la chance de conduire des travaux aussi intéressants que la lance diphasique, la géolocalisation indoor et d’initier une démarche de prospective stratégique. »
En juin 2021, le colonel prend le commandement du troisième groupement d’incendie et de secours. « Je suis confiant, assure-t-il. Mon ambition est de porter à son plus haut niveau l’efficacité opérationnelle du groupement au travers de trois grands objectifs : la promotion de l’état d’esprit de sapeur-pompier militaire, la culture de l’excellence opérationnelle et enfin l’optimisation de la gestion des ressources humaines et matérielles du groupement. »
Une chose est sûre : le troisième groupement est entre de bonnes mains.
[1] : « Ils s’instruisent pour vaincre » est la devise de l’ESM Saint-Cyr.
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Photo : CCH Marc Loukachine